La police camerounaise recadrée


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La décision est saluée par les Camerounais. Les contrôles routiers sont désormais interdits. L’ordre émane du chef de la police, le commissaire divisionnaire Martin Mbarga Nguele. Il a fustigé hier, lors d’une rencontre de services centraux et extérieurs de la police, le comportement peu honorable de ses collaborateurs qui s’adonnent au racket des citoyens de manière éhontée.

De notre correspondante

La police camerounaise est très malade. Le constat a été fait par ses plus hauts responsables réunis, lundi à Yaoundé, dans le cadre d’une rencontre de services centraux et extérieurs de ce corps miné par des maux dont il doit être guéri : la corruption, la mendicité, l’arnaque, l’abus de confiance, l’abus de pouvoir… Pour commencer à juguler ces travers, le chef de la police, le commissaire divisionnaire Martin Mbarga Nguele, a suspendu les contrôles routiers au cours desquels de nombreux citoyens étaient dépouillés par ceux sensés les protéger.

Paul est chauffeur de taxi dans la capitale camerounaise, il approuve la décision du chef de la police : « Ils nous étouffaient. C’est une bonne chose. » L’un de ses collègues ajoute : « Ils nous arnaquaient beaucoup. On est en paix maintenant. Il faut que ça dure. » D’autres victimes ont décidé de témoigner. Jean-Yves Medjo est également chauffeur de taxi de longue date. Il considère les policiers comme une véritable épine à son pied. Malgré la suspension des patrouilles et du contrôle routier, il a été victime d’un agent des forces de l’ordre. Il raconte son dernier accrochage: « Avant-hier, un policier m’a interpellé et emmené au commissariat du 2e arrondissement. Il me demandait 3000 francs pour une infraction inexistante. Je lui ai donné 1000 francs pour gagner du temps et continuer mon travail. Il a refusé. Une fois au commissariat, quand j’ai expliqué à ses supérieurs ce qui c’est réellement passé, ils m’ont remis mes papiers », dit-il avec soulagement.

Des cas comme ceux-là se comptent par dizaines. Et c’est ce comportement que le patron de la police veut combattre. Va-t-il y parvenir ? Est-il possible de remédier à la clochardisation de la police camerounaise, au racket auquel s’adonnent nombre de ses membres ? « Il faut que ça change. Et ça doit changer ! », a martelé Martin Mbarga Nguele au cours de la réunion de la police. Mais, ce sera un travail de longue haleine car les habitudes ont la peau dure.

Pour redorer le blason de ce corps de métier, il doit mettre fin à la mendicité, l’arnaque… et donner aux populations des policiers intègres. En attendant, un grand ménage doit être fait. Pour cela, Martin Mbarga Nguele devra compter sur sa longue expérience. Il est policier depuis le 3 novembre 1955 et chef de la police depuis le 1er septembre dernier.

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