La gauche française appelle à l’abrogation de l’article 4 de la loi du 23 février 2003


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L’ensemble de la gauche française a appelé dans une démarche inédite, jeudi, à l’abrogation de l’article 4 de la loi du 23 février 2004 relatif au rôle « positif de la présence française outre-mer ». Cette initiative vient rejoindre celle des historiens français et donner « un écho métropolitain » à un texte qui a déjà choqué plus d’un sur les territoires et pays concernés par ces textes de loi.

La gauche et l’extrême gauche ont d’une même voix exigé, jeudi lors d’une conférence de presse, l’abrogation de l’article 4 de la loi du 23 février 2004 relatif au rôle « positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». Le parti socialiste était représenté par François Hollande et Dominique Strauss-Kahn (PS), les Verts par Yann Wehrling et Dominique Voynet, le parti communiste par Nicole Borvo et Patrick Braouezec (PCF), le Parti Radical de Gauche (PRG) par la député de Guyane, Christiane Taubira, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) par Alain Krivine et Lutte Ouvrière par Arlette Laguiller. Cette dernière a d’ailleurs noté que cette rencontre au sommet de la gauche française était exceptionnelle. Selon elle, leur dernière réunion remonterait à l’affaire Ben Barka.

Une mobilisation inédite du peuple de gauche

A événement exceptionnel, mobilisation exceptionnelle. Le peuple de gauche se mobilise donc pour faire abroger un article qui soulève, à raison, la polémique et qui a valu, notamment à Nicolas Sarkozy, le ministre français de l’Intérieur, d’être « interdit de séjour » en Martinique. La pétition, disponible sur le Net à l’adresse www.abrogation.net et dont est à l’origine Dominique Strauss-Kahn, compte déjà plus de 20 000 signatures. Le socialiste estime qu’il serait fort à propos que le Président Jacques Chirac annonce dans son discours de fin d’année que cette requête a trouvé une issue favorable. La démarche, quant à elle, n’a pourtant rien d’extraordinaire.

« Pour l’heure, la priorité est à l’abrogation de cette loi du 23 février 2005, loi qui empêche l’élaboration d’une mémoire commune à tous les Français de toutes origines », affirmait déjà Claude Liauzu, instigateur de la pétition des historiens pour l’abrogation de ce texte, dans le Monde diplomatique du 31 mars 2005. Dans cet article, l’historien français, spécialiste de la colonisation, critiquait notamment l’article 4 [[Cet articule stipule que « Les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite. Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit… »]], en partie occultée par certains, par le fait que la loi du 23 février, dans son ensemble, exprimait la reconnaissance de la France envers les Harkis.

Il est temps de revenir à la raison

Un article à propos duquel il posait également la question suivante quant à la responsabilité de l’historien. « L’apolitisme, qu’on confond avec l’objectivité scientifique, et qui est la tentation du métier, est-il de mise devant une telle loi ? Dans une société française post-coloniale, traversée par tant de tensions et où l’histoire pèse si lourd cet apolitisme n’est-il pas une lâcheté ? » Cette lâcheté, on pourrait également la reprocher aux politiques françaises alors que les « spectres qui hantent la société française renvoient au passé », constatait Claude Liauzu. Notamment à son passé colonial. La gauche vient d’ouvrir la voie…de la raison. Espérons que la France ne fera pas mentir l’un des chantres de la négritude, l’ancien Président sénégalais Léopold Sédar Senghor, qui a fait de celle-ci l’incarnation d’Hélène.

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