La France ne peut rien pour les Français de l’opération Epervier


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La justice camerounaise semble par moments si injuste que je puis affirmer sans faire une seule seconde l’éloge ou l’apologie de la duplicité que c’est presque de bonne guerre si les Thierry Michel Atangana et autres Lydienne Yen Eyoum s’arcboutent sur un argument-refuge, leur nationalité française, au point d’en faire une ligne de défense.

Dans l’édition de Mutations du 03 juillet dernier, un parent de Thierry Michel Atangana a signé sous le nom de Herman Ottou une tribune (Du rôle de la France comme moyen de défense) où il essaie de présenter la France comme le deux ex machina de cette « tragédie » kafkaïenne.

Si l’action diplomatique de la France est mesurable, si les accusés en voient les effets dans le traitement qui leur est réservé, ils ne gagnent rien à multiplier des sorties médiatiques pour le claironner. Car c’est bien par amitié pour la France si le Cameroun laisse l’ambassadeur français visiter ses compatriotes. La diplomatie de courtoisie n’est pas une obligation internationale.

Qu’aurait pu faire cette chère France quand Dominique Strauss-Kahn, un Francofrançais, qui plus est protégé par les conventions de Vienne de 1961 et 1963, était malmené par la justice et les médias américains ?

En vérité, la France ne peut rien pour un ressortissant français qui se prévaut de la double nationalité, si celui-ci est mis en cause dans l’autre Etat dont il a la nationalité. D’autant que la nation en question ne lui reconnaissait pas au moment de la commission présumée des infractions une seconde nationalité. Au surplus, ne peut-on s’empêcher de songer, dans le cas de maître Lydienne Eyoum par exemple, au fameux arrêt Nottebohm…

Bref, Thierry Michel Atangana et Lydienne Eyoum n’avaient pas de contrat de travail visé par le ministère de l’emploi, qui tiendrait lieu de permis de travail… C’est bien en tant que Camerounais qu’ils exerçaient au Cameroun et c’est dans une affaire très camerounaise qu’ils se sont malheureusement embourbés.

Français un jour, Camerounais toujours

S’ils sont français, s’ils étaient reconnus comme exclusivement tels, si seulement leur nationalité camerounaise était contestée par la France, le rapatriement des accusés pour un jugement en France aurait déjà été demandé et obtenu… La pression de monsieur Bruno Gain, si elle existe, est une pression qui relève de l’humanitaire et du symbole.

Si la France décide d’apporter une protection consulaire fort tardive à son ressortissant, elle ne peut consister qu’à s’assurer que son ressortissant est traité conformément aux lois camerounaises. C’est donc en invoquant les violations aux lois et usages de la république camerounaise que la cause de Thierry Michel Atangana sera bien entendue dans l’opinion publique.

Il faut protéger la souveraineté du Cameroun, en tout cas dans ses fonctions les plus naturelles comme la justice. Aucune puissance ne peut s’ingérer dans le cours de la justice d’un Etat tiers. C’est vrai aux Etats-Unis d’Amérique, c’est vrai en Birmanie, c’est aussi vrai au Cameroun…

Mais la question demeure de l’intérêt pour l’Etat camerounais de garder des individus qui se réclament d’une autre nationalité et voudraient rejoindre leur patrie chérie la France pour y être jugés. En quoi consiste la coopération bilatérale avec la France, en matière de justice pénale ? Les accords existant datent de 1974, c’est-à-dire de l’époque de la république unie, n’y a-t-il pas lieu de les revoir pour s’assurer que la France est à nos côtés plutôt que sur notre dos ?

A défaut d’accords pertinents, peut-être faudrait-il procéder comme en temps de guerre à un échange de prisonniers (principe de réciprocité) : Longué Longué reviendrait chanter pour nous, Lydienne Eyoum irait dire à travers la France tout le bien qu’elle pense des prisons camerounaises, où pullulent des serpents qui ne l’ont pas encore mordue et des rats pacifiques et en bonne santé.

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