La France et son « climat d’islamophobie »


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Au lendemain du projet d’attaque contre une mosquée de Vénissieux, le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, a estimé qu’il règne aujourd’hui en France « un climat d’islamophobie ». Sa déclaration intervenait quelques heures avant l’agression d’une jeune fille voilée à Trappes, en région parisienne.

Un climat d’islamophobie en France ? Le collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et le recteur de la grande mosquée de Lyon en sont convaincus. « Un climat d’islamophobie règne en France aujourd’hui, on ne peut pas se voiler la face », a indiqué ce lundi le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane. Ses déclarations intervenaient au lendemain d’un projet d’attaque contre une mosquée de Vénissieux, dans la banlieue de Lyon, par un militaire. Ce sergent de l’armée de l’air a été interpellé et mis en examen pour « détention de munition de quatrième catégorie en relation avec une entreprise terroriste » et « dégradation de lieu de culte en relation avec une entreprise terroriste ». Il a été placé en détention provisoire.

Le recteur de la grande mosquée de Lyon déplore la « stigmatisation » de l’islam. Un appel à manifester mardi devant la mosquée en question, située rue du 19 mars à Vénissieux, avait été lancé pour dénoncer les actes d’islamophobie en France.

Selon l’Observatoire de l’islamophobie, une émanation du Conseil français du culte musulman (CFCM), les actes et menaces islamophobes en France ont enregistré une hausse globale de 35 % au premier semestre par rapport à la même période en 2012. Le dernier en date a eu lieu le 10 août, lorsque la façade d’une petite salle de prière musulmane de Lesparre-Médoc a été dégradée par des croix gammées.

« Sale musulmane, retourne dans ton pays »

Alors que le projet terroriste du militaire est déjoué par les forces de l’ordre, une jeune fille de 16 ans est dans un même temps « sauvagement agressée » à Trappes, en région parisienne, près du Square Van Gogh. « Une agression islamophobe, raciste et sexiste », selon le collectif contre l’islamophobie en France. La victime affirme que deux hommes se sont approchés d’elles et lui ont arraché son voile en lui disant : « sale pute avec ton voile ! » Le premier individu, crâne rasé de type européen, aurait poursuivi les insultes en disant : « Sale noire, sale musulmane, retourne dans ton pays, retire moi ça ! »

Les deux individus auraient, toujours selon la victime, traîné la jeune fille dans un endroit isolé avant de lui porter des coups et des attouchements sexuels, tout en l’insultant. L’un des deux individus aurait scarifié le visage de la jeune fille avec des « mouvements courts et rapides », tandis que le deuxième individu bloquait son visage. « Espèce de sale noire, là Dieu il va t’aider ?! », lancent les agresseurs. Sans la présence d’un jeune cycliste âgé d’environ 16-17 ans qui s’est mis à hurler pour faire fuir les agresseurs, le calvaire de la victime aurait pu durer plus longtemps. Cela n’aura pas empêché la jeune femme de s’évanouir quelques minutes après l’agression.

Cette dernière a été prise en charge par les pompiers et la police, et a été conduite à la clinique de Trappes. La police a procédé à des tests ADN et recherchent activement les agresseurs, étant donné la gravité de cette agression sur une mineure de 16 ans. Le CCIF soutient et accompagne juridiquement la jeune fille qui souhaite que son agression ne reste pas impunie.

Manuel Valls attendu au tournant

« Ce n’est malheureusement pas la première femme musulmane à se faire violemment agresser à Trappes », affirme le CCIF. Une nouvelle fois, il s’agit d’une agression islamophobe, raciste et sexiste. Sans aucune pitié, ils se sont attaqués à une jeune fille de 16 ans qui se promenait tranquillement dans la rue. » Cette agression rappelle des dizaines d’autres commises régulièrement en France sur des femmes voilées. En juin dernier, une jeune femme voilée de 17 ans a fait l’objet d’une agression raciste à Argenteuil, en région parisienne. Quelques jours après, elle perdait le bébé qu’elle portait.

Les musulmans de France et le CCIF attendent une réaction du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui déclarait récemment son « affection » à la communauté musulmane de France. « Quand il s’agit d’une énième agression, et qu’on s’attaque à chaque fois à des personnes fragiles, on ne peut plus se contenter d’une simple déclaration publique faite à la va-vite. Il faut prendre des mesures. Et vite », conclut le CCIF.

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