La fête de l’Aïd sacrifie aussi le porte-monnaie


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C’est dans une fièvre des prix du mouton que commencent les préparatifs de la fête de l’Aïd el Kebir. Les familles algériennes font face à l’une des plus grandes dépenses de l’année. Sans être une obligation religieuse, cette fête ronge les économies des ménages et pousse à l’endettement.

La traditionnelle célébration musulmane de l’Aïd-el-Kebir va commencer mardi 11 février. Chaque chef de famille se doit d’acheter un mouton et de le sacrifier selon un rituel ancien. 17 000 dinars c’est le prix moyen d’une bête pour les familles algériennes, qui peinent à épargner. Avec un salaire minimum de 8 000 dinars algériens, ils ne se laissent pas décourager par le coût exorbitant du mouton et des préparatifs qui l’entourent : gâteaux, vêtements neufs pour les enfants… Cette fête très symbolique doit être placée dans un contexte social et culturel qui fait  » obligation  » à chaque famille de faire partie de la collectivité. La coutume est incontournable. En être exclu est durement vécu par les familles modestes qui préfèrent s’endetter pour faire face.  » Ne pas pouvoir faire le sacrifice, nous pose un cas de conscience « , témoigne une mère de famille.

Les prix s’enflamment sur le grill

Le marché du mouton représente un enjeu important pour les producteurs et les revendeurs qui profitent de l’occasion pour revoir à la hausse le prix à la tête. Cette année, un mouton représente ni plus ni moins le double du Smic. Khadidja B. s’indigne,  » le mouton a sacrifié le salaire de mon mari enseignant. Le prix de la viande fraîche de mouton atteint 600 dinars le kg. A défaut de pouvoir se l’offrir, les Algériens se rabattent sur le rayon des viandes congelées, dont le prix avoisine 350 à 450 dinars/kg. Les plus démunis se rabattent sur la viande de chèvre ou de brebis, cédée au prix 350 dinars et livrée régulièrement par des réseaux d’abattage clandestins.

Philosophie sacrifiée

Selon un Imam de la Mosquée de Paris,  » l’immolation d’un mouton à l’occasion de l’Aïd el Kebir, célébré dans tout le monde musulman, n’est pas un pilier de l’islam, ni une obligation majeure comparable à une prière ou au jeûne du Ramadan ». Le sacrifice du mouton est une  » sunna « . Un acte qui relève de la tradition et n’est souhaité que si les conditions le permettent. Le droit musulman permet l’immolation par procuration ou un don fait dans un pays où les habitants ne mangent pas à leur faim, ce qui est plus conforme à l’esprit du partage que comporte cette pratique. L’esprit même de cette fête veut que ceux qui ont les moyens de faire le sacrifice en fassent profiter les autres. L’Aïd-el-Kebir, fête du partage et de la convivialité subi les vicissitudes d’un marché souterrain non contrôlé.

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