La BNP cède ses filiales africaines : les dessous d’une guerre invisible


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Après l’annonce de la cession de ses filiales dans trois pays africains et le choix de deux finalistes, des rebondissements planent sur ce dossier de la BNP Paribas, une avancée pleine d’intrigues.

Loin des opérations classiques de fusion-acquisition, la cession des filiales de la banque d’affaires BNP Paribas au Burkina Faso, au Mali et en Guinée Conakry laisse entrevoir la frénésie, d’une lutte ardente entre deux protagonistes des plus rudes.

Simon Tiemtoré, PDG de Vista Bank Group et de Lilium Capital est aux prises avec Dossongui Koné, patron d’Atlantic Finance, dans une bataille inouïe qui passe les aspects techniques et financiers pour s’établir en territoire politique.

En effet, ce dernier bastion sera décisif pour le dénouement de cette rocambolesque épopée financière africaine. Loin s’en faut ! Car si l’on en croit certaines indiscrétions, le dossier de l’homme d’affaires ivoirien serait le mieux taillé pour offrir la lisibilité et la sécurité si chères à la due diligence des transactions de ce type, sachant à fortiori que pèsent sur l’investisseur Burkinabè, un contentieux lié à la propriété de la FIB Bank Group Gambia Limited.

Mais pour ce bras de fer éminemment politique, la lutte invisible est violemment latente car le lobbying avance dans l’ombre à pas feutrés. Et pour cause, l’offensive de l’avocat-fiscaliste reconverti, passe par Washington, Ouagadougou, Bamako et Conakry dans un contexte géopolitique sous-régional qui oppose des rapports de forces et une guerre certaine de leadership – au regard de l’actualité récente du continent -. Par ailleurs cette affaire pourrait aussi porter le goût d’une pilule mal avalée au pays des hommes intègres, la crise qui a mené à l’exil en Côte d’Ivoire de l’ex-Chef d’Etat Burkinabé.

Alors que les signaux augurent une issue confortable pour l’investisseur qui ne jure que par le développement du continent africain, non moins que de la « touche » qu’il est certain de pouvoir y apporter ; l’enjeu demeure complexe pour la BNP Paribas qui doit faire le bon choix en entendant le meilleur son de cloche, dans un énorme vacarme politico-financier.

Il est fondamental de dissocier le politique du financier et de trancher sur base unique des aspects techniques. C’est d’abord une question de responsabilité et avant tout une question d’image. Toutefois, en allant plus loin dans la réflexion, il devient aisé d’observer que l’issue de ce dossier représentera un précédent qui déterminera sans doute la perception des acteurs sur l’influence du politique dans les affaires en Afrique, tout en ne manquant pas de nourrir des idées malsaines.

Par ailleurs, il est important de rappeler que l’origine véritable de la cession des actifs de la BNP Paribas en Afrique est la lourde amende de 8.8 milliards de dollars infligée par les Etats-Unis (précieux soutiens de Simon Tiemtoré) au géant français. Le choix revient donc à la BNP Paribas de retourner aux intérêts américains son héritage africain.

Au-delà d’un dossier bien ficelé, Dossongui Koné jouit d’une expérience, d’une expertise et d’une légitimité qui se passent de mots. Saura-t-il endiguer le tumulte politique qui entoure ce dossier ? Quelle tactique mettra-t-il en place pour espérer renverser la vapeur ? Et quelle sera la riposte d’Abidjan ? Affaire à suivre…

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