L’Ouganda menacé par deux souches de la maladie du sommeil


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Deux souches de la maladie du sommeil provenant d’Afrique occidentale et australe se propagent en Ouganda, menaçant d’aggraver les problèmes de santé dans le pays.

Selon des chercheurs, l’Ouganda est le seul pays d’Afrique subsaharienne où l’on trouve ces deux souches de la maladie du sommeil, le T.B. rhodesiense que l’on trouve au Zimbabwe et le T.B gambiense que l’on rencontre en Gambie. »Il existe un véritable risque que ces deux formes de la maladie se déclarent simultanément, ce qui va compliquer la tâche déjà difficile du diagnostic et du traitement de la maladie du sommeil », a déclaré le directeur des Ressources animales au ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et des Pêches, William Olaho-Mukani. »Il est très difficile de faire la différence entre les parasites responsables des deux formes de la maladie », a-t-il ajouté, affirmant qu’une personne « est mille fois plus susceptible » d’être contaminée par l’animal que par l’homme.

Après des décennies d’insécurité et de vols du bétail, de vastes programmes de reconstitution du cheptel sont entrepris avec le déplacement des troupeaux des régions endémiques au T.B. rhodesiense du sud-est de l’Ouganda vers le nord. La conséquence désastreuse de ces déplacements est que des cas de T.B. rhodesiense sont désormais dépistés dans des districts qui n’étaient pas auparavant touchés par la maladie, comme ceux de Soroti, Apac et Lira, des régions en proie à la rébellion armée et aux vols de bétail.Les scientifiques estiment que la distance qui sépare les deux souches de la maladie diminue rapidement et très bientôt les deux formes de la maladie pourraient co-exister. »Bien que cette situation soit préoccupante en elle-même, elle risque de devenir catastrophique pour les services de Santé locaux déjà débordés », a déclaré un des scientifiques impliqués dans la lutte contre la maladie, Kieth Sones.

Nécessité de traiter le bétail

En plus du dépistage et du traitement des cas humains, les scientifiques insistent sur le fait qu’il est essentiel de traiter le bétail au trypanocidal afin d’aider à éliminer le réservoir animal. »S’il n’y a pas de parasites de la souche rhodesiense qui circulent parmi le bétail, il n’y aura pas de nouveaux cas de maladie du sommeil parmi les humains », a expliqué M. Sones.L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé le traitement par bloc en utilisant un médicament à l’efficacité prouvée, le trypanocidal, dans les régions où le T.B. rhodesiense et le T.B. gambiense ont été dépistés.

Le financement est une contrainte majeure, mais la multinationale basée à Paris, CEVA Santé Animale et la firme Industri Kapital (IK) sont venus au secours de l’Ouganda en fournissant des produits et en finançant la campagne à grande échelle qui doit être menée dans les zones prioritaires en ciblant plus d’un million de têtes de bétail. »L’objectif est d’éliminer les parasites de type rhodesiense parmi le bétail et de pérenniser cette élimination en contrôlant la prolifération des mouches tsé-tsé », a expliqué le directeur commercial de Coopers Uganda Limited, Alex Natukunda. »Suite au lancement de cette campagne par CEVA/IK, nous cherchons des financements supplémentaires afin de la poursuivre dans le sud du pays en vue d’éliminer ce fléau », a-t-il ajouté.Il a affirmé que cette approche a été un succès en Ouganda et qu’elle pourra être appliquée en Afrique.

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