L’irrésistible progression de l’anthrax


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anthrax
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L’épidémie d’anthrax qui sévit en Zambie et au Zimbabwe a fait une dizaine de morts et infecté plus de deux cent cinquante personnes en trois mois. Les deux pays ne parviennent pas à éradiquer les foyers infectieux chroniques qui frappent leur bétail, principale victime et vecteur de transmission de la maladie à l’homme.

Près de dix morts en Zambie et trois au Zimbabwe, plus de deux cent cinquante personnes infectées. C’est le dernier bilan de l’épidémie d’anthrax qui frappe depuis trois mois les deux pays d’Afrique australe. Le docteur Tapiwa Magure, directeur médical de la province de Masingo (Sud-est du Zimbabwe), la région la plus touchée par la maladie, se montre plus préoccupé que lors de ses précédentes interventions en décembre dernier. « Le nombre de cas d’anthrax affectant les personnes continue d’augmenter à une vitesse alarmante », s’inquiète-t-il. Cinquante personnes ont été infectées la seule semaine passée. Selon le médecin, le ministère de la Santé disposerait d’assez de médicaments pour soigner les deux cents cas répertoriés au Zimbabwe. En revanche, les vaccins destinés au bétail seraient en nombre insuffisant. Le pays traverse sa plus grave crise économique depuis l’indépendance et ne dispose pas d’assez de devises pour se payer les médicaments recommandés par les vétérinaires.

L’anthrax, également appelée maladie du charbon, est une infection (cutanée ou gastro-intestinale) causée par la bactérie bacillus anthracis que l’on soigne chez l’homme par des antibiotiques. Elle ne se transmet pas d’une personne à une autre, mais au contact d’animaux, principales victimes de la maladie. En Zambie, comme au Zimbabwe, des efforts de communication ont été faits par les autorités sanitaires pour sensibiliser les populations à risque. Principaux conseils : brûler les carcasses de bétail frappés par l’anthrax et ne pas manger de viande en cas de doute. « La difficulté pour les autorités zimbabwéennes, explique le Dr Tapiwa, est qu’il est difficile de toucher tous les villages et toutes les fermes, tant elles sont éparpillées sur le territoire. »

Un mal parmi d’autres

Depuis la fin du mois de décembre, près de soixante bêtes sont mortes, frappées par l’épidémie, au Zimbabwe. Aucun chiffre fiable n’est disponible pour la Zambie. Le porte-parole du ministère zambien de l’Agriculture, Peter Masunu, cité par le quotidien Times Reporter, attribue cette recrudescence à l’absence de surveillance de la vie pastorale à la frontière avec le voisin angolais (ouest). Un officiel zimbabwéen du département vétérinaire, cité par le service d’information des Nations Unies (Irin), a mis en cause la facilité avec laquelle, depuis la loi de redistribution des terres, certains troupeaux se déplacent sur le territoire sans contrôle ni permis.

Une autre difficulté, pour les autorités zambiennes et zimbabwéennes, tient au fait que l’anthrax n’est pas le seul mal dont souffre le bétail en Afrique australe. Rage, peste bubonique (Contagious Bubonic Plural Pneumonia), ou, plus récemment, fièvre aphteuse, sont autant de maladies qui affectent les troupeaux. Plus de danger pour l’industrie de l’élevage zimbabwéenne, puisque le mal est fait depuis longtemps. L’exportation de viande vers l’Union européenne, entre autres, a été suspendue dès 2001, après une première épidémie de fièvre aphteuse. En Zambie, c’est même l’exportation de viande des provinces de l’ouest vers d’autres régions du pays, qui est interdite. Depuis près dix ans. L’épidémie de peste bubonique qui avait alors frappé les troupeaux n’a toujours pas été éradiquée à ce jour.

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