L’impuissance de l’info en temps de guerre ?


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Qu’elle devient rapidement obsolète cette information en temps de guerre. Qu’elle lasse vite, insupporte et finit par indifférer surtout en temps de conflits…

Par Mame Diarra DIOP

Qu’elle devient rapidement obsolète cette information en temps de guerre. Qu’elle lasse vite, insupporte et finit par indifférer surtout en temps de conflits. 31è jour de combat au Liban, l’armée israélienne a tiré une énième roquette sur le Sud Liban, annonçait un présentateur. Quelques jours plus tard, l’Onu obtient le cessez le feu tant attendu, la trêve porte l’espoir…

On se demande alors quelle est la place de l’information dans les conflits ? L’info informe, surinforme, désinforme, nous éclate à la face. Parfois elle disparaît, oublie des guerres, étouffe des génocides comme au Rwanda, minimise des massacres comme en République Démocratique du Congo. Elle se fait ainsi avare, ne suscite aucune analyse comme pour la Côte d’Ivoire, où incisive, elle réduit la situation, à quelques images loin d’informer comme il se doit. Alors, y a-t-il une hiérarchie des conflits dans l’ordre mondial de l’information ? Qui a la prépondérance des Médias ? Leur propagande ? Ou leur soutien ?

Une fatalité imposée

Nouvelle guerre ! Et voilà la lenteur, l’impuissance de l’Occident et la déroute de l’opinion internationale engluée dans une fatalité imposée, rabâchée, voire banalisée par la grande messe de l’information télévisuelle. Le Darfour, n’en parlons pas ! Que faire d’autre que voir et revoir ces images de guerre, écouter les conclusions des correspondants en se disant : Quelle tristesse…avant d’oublier et vaquer à nos occupations quotidiennes. La radio, la presse écrite rendrait-elle plus marquante la situation au Proche Orient, en Afrique ou ailleurs en évitant la noyade parfois intempestive de l’information dans le trafic global des nouvelles du jour ?

Retour au Liban. C’est le conflit qui nous occupe. Nous est montré. Cette couleur grise dans l’écran, ces bâtiments désarticulés, ces rues empoussiérées, quelques blindés et chars roulent, les soldats de Tsahal surveillent surarmés. Le combat continue ! Est-ce le jeu sempiternel des Israéliens ? Le martyr répétitif des Libanais ? Leur triste destin arabe, pris malgré eux dans un conflit qui écrase leurs espérances et réalités quotidiennes où la paix devient vaine. Je ne connais pas le pays des Cèdres mais je déplore sa destruction massive. Je ne jugerai pas les Israéliens mais ne comprendrai jamais leur amour de la guerre. Je ne critiquerai pas les pays arabes mais je m’interrogerai leur implication réelle. Qu’arrivera t-il à cette région poudrière ? Dans cinq, dix, cinquante ans ? Revoilà le fantôme des vieilles guerres, celle des Six jours, Israël annexant Le Golan, la Cisjordanie, la Bande de Gaza…face aux méchants Arabes, aujourd’hui ligue tremblante d’intérêts croisés avec un Hezbollah réellement armé ou ridiculement surestimé dans sa puissance militaire ?

Un vaste terrain de jeux entre les mains d’immatures et impulsifs dirigeants

L’Iran menaçante avec le nucléaire et la toute puissance condescendante et insupportable de l’Amérique de Bush, qui se prétend toujours en guerre. Des avions mortels leur étaient encore destinés il y a quelques jours, complot déjoué ou entreprise de peur, le terrorisme de la peur contre celui de la mort… Le Liban, ce pays de culture, de raffinement intellectuel mérite t-il ce qui lui arrive ? Le Liban retrouvera-t-il une paix définitive un jour ? Bagdad reverra t-elle sa splendeur d’antan quand sultans, sages et savants en faisaient la perle de l’Orient ? Ou de nouveaux martyrs, les kamikazes de ce 21e siècle, se multiplieront telle une immense toile d’araignée haineuse à l’ombre des réunions et des sommets, des accords et des conseils ministériels, attendant a posteriori l’heure de défendre une cause extrême, le moment de venger leurs proches assassinés et rejoindre le paradis d’une seule explosion mortelle … Israël aura t-il sa place dans cette région choisie en 1945 par Golda Meir et ses alliés britanniques et américains, ces lieux saints où saigne Jérusalem, où le Mur des Lamentations recueille les prières, où l’on invoque à la Mosquée Al-Aqsa…? Si cette zone du monde était en paix, en serait-il de même pour le reste du Monde, pour l’Afrique, pour le Darfour, pour la Somalie, pour le Congo Démocratique ?

Notre monde n’est-il qu’un vaste terrain de jeux entre les mains d’immatures et impulsifs dirigeants, préoccupés par leurs intérêts personnels, rondement assis dans les salon du G8, dédaignant le reste du monde, forts de leur supériorité technique et militaire. Ont-ils oublié plus petits qu’eux ? Ceux qui, tel des fourmis ouvrières, travaillent et construisent leur arme, leur défense, sous leurs pieds de géants stupides. La roue tourne et si l’histoire se répète trop souvent, le 11 Septembre ne sera plus qu’un souvenir supplanté par un péril bien plus durable et difficile à éradiquer. La déshumanisation complète et irréversible d’individus n’ayant plus rien à perdre. Le pire qui soit.

 Mame Diarra DIOP, journaliste, est également l’auteur du livre Fanta Diabi aux éditions Klanba. Un ouvrage disponible à la vente sur la Fnac.com ou sur Zahbra.com

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