L’évangile du groove


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Ils sont frères et soeurs. Une famille, un nom, un groupe : Makoma. Leur credo : la foi. Apôtres du troisième millénaire, ils chantent le Seigneur sur fond de R’n B et de rap en lingala, la langue de leur Congo natal. Un nouveau gospel qui a déjà de nombreux fidèles. Interview.

Ils s’appellent Tutala, Duma, Martin, Annie , Nathalie et Pengany. Ils sont frères et soeurs, jeunes, congolais et religieux. De leur nom de famille ils ont fait un groupe : Makoma. Avec leur ami Patrick, ils prêchent le Seigneur en lingala dans un détonant mélange de R’n B et de rap. Leur dernier album, Mokonzi Na Bakonzi, est déjà dans les bacs et assoie un peu plus encore leur renommée grandissante. Dieu est leur guide. Passe leur look résolument moderne, pour ne pas dire futuriste, ils entendent monter que le plus important reste ce que chacun a à l’intérieur.

Afrik : Comment définiriez-vous votre style ?

Makoma : C’est un mélange de gospel, de R’n B et de rap. En fait c’est notre style, Makoma. Nous avons tous quitté le Congo (RDC) quand nous avions une dizaine d’année pour aller en Allemagne puis en Hollande où nous vivons aujourd’hui. Nous avons tous baigné dans la musique américaine.

Afrik : Mais vous chantez en lingala. Comment pouvez-vous garder cette sensibilité africaine après avoir quitté le Congo depuis si longtemps ?

Makoma : Nous avons commencé à chanter au Congo dans les chorales de notre église, l’Eglise Bima (Eglise de Jésus Christ de l’esprit de vérité, ndlr). Toutes les prêches se font en lingala. Comme l’église est aussi présente en Europe, nous avons toujours continué à chanter pour elle. C’est pour cela que nous n’avons jamais perdu contact avec notre langue. D’autant que nos parents nous parlent eux aussi en lingala. C’est plus facile pour nous de composer en lingala qu’en anglais par exemple.

Afrik : Vous vous présentez comme un groupe religieux. Pour quoi ou pour qui chantez-vous ?

Makoma : (Tous en coeur) On chante pour Dieu. Il est l’essence de tout. Mais nous chantons aussi pour évangéliser. Prêcher sa parole à travers la musique et la danse.

Afrik : Sur la pochette de votre dernier album et dans votre dernier clip vous avez un look un peu agressif tous en noir dans vos habits  » armures « . Vous ne pensez pas qu’il y a un décalage avec vos messages ?

Makoma : Ce n’est pas parce que l’on chante le Seigneur qu’il faut qu’on ait des pagnes et des robes ou que l’on doit chanter en pleine nature avec les oiseaux. Dieu reçoit les gens comme ils sont. Il nous accepte tel que l’on est. Ce qui est important c’est ce qu’on a dans le coeur. Nous chantons la paix et toutes les situations qui créent la paix sont la parole de Dieu. Beaucoup de gens ne comprennent pas que ce qu’on fait, c’est aussi de l’évangile. Peu importe l’apparence, si vous avez un piercing ou des tatouages, c’est ce qu’on a à l’intérieur qui importe. Et puis nos habits correspondent à notre style de musique.

Afrik : Vous vivez depuis longtemps en Europe. Quel image gardez-vous de l’Afrique ?

Makoma : L’Afrique c’est notre continent, c’est notre pays. Nous sommes Africains. Mais nous sommes toujours étonnés de voir que là-bas, malgré que la vie soit dure, les gens ont une terrible force de vie. A nos concerts, on voyait un public vivant. Tellement joyeux que l’on aurait dit que tout allait bien pour eux, alors qu’en fait ce n’est pas le cas. Le public européen est moins démonstratif.

Afrik : Avez-vous d’autres activités en dehors de la musique ?

Makoma : Il y a deux ans nous avons monté notre fondation à Kinshasa (Fondation Makoma tél 00 243 89 39 764 , ndlr) qui s’occupe des enfants de la rue. Elle est aussi présente au Congo Brazzaville et au Burkina. Par ailleurs, nous sommes sur un projet d’une ligne de vêtements, jean’s, t-shirt, basket, qui devrait bientôt voir le jour.

Makoma sera en concert le 27 mars à Nairobi (Kenya) et le 11 et 12 avril à Abidjan (Côte d’Ivoire)

A lire aussi la chronique de leur dernier album Mokonzi Na Bakonzi.

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