L’erreur capitale de la France qui lâche l’Afrique


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Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Amérique du sud

Notre confrère  » L’Intelligent  » titre gravement :  » La France lâche l’Afrique « , et aligne des faits malheureusement exacts : là où François Mitterrand avait fixé à 0,7% du PIB l’aide publique au développement accordée par la France, elle n’est plus que de 0,37% du PIB en 2000. Erosion sensible, même si en chiffres absolus, la chute est tempérée par la hausse du PIB français dans l’intervalle. Erosion sensible d’un indicateur qui marque le taux d’implication de l’hexagone dans le développement des pays du Sud.

Certes, la France reste encore le pays qui aide le plus l’Afrique, mais cette première place lui sera bientôt disputée par le Japon et l’Allemagne, dont l’effort n’a au contraire cessé de progresser. Désormais, les relations privilégiées héritées de l’histoire entre l’ancienne métropole et les pays récemment souverains se dissolvent dans l’eau tiède de la raison économique, telle qu’on l’enseigne à New York ou à Bruxelles.

Conséquence ? La France s’essouffle. A privilégier sur tout le reste de sa politique extérieure son tête à tête européen avec l’Allemagne, qui s’empresse de lui montrer, de son côté, qu’elle en fait de moins en moins cas, la France se coupe des alliés naturels qui donnaient à sa parole du poids dans le concert occidental. De même, en oubliant progressivement son amitié ancienne avec le monde arabe, la France perd la place singulière qui était la sienne parmi les puissances du G7, et s’interdit d’y faire entendre une autre voix que celle de la majorité.

François Mitterrand s’était un jour interrogé sur le rôle qui serait celui de la France, sans l’Afrique. C’est parce qu’il avait eu la lucidité de répondre que ce rôle serait diminué, voire négligeable, que l’ancien Président de la République française, fort de quarante années de politique étrangère passionnée, avait tenu à réaffirmer les liens, puissants, linguistiques, consanguins, qui unissent le pays des Gaulois et le continent aux cinquante nations.

Il est temps d’infléchir une politique qui irrémédiablement conduit à l’abaissement de la France, à son oubli progressif, à une éclipse de la scène de l’histoire mondiale, qui pourra durer des siècles, et peut-être toujours. Il n’est pas trop tard peut-être pour s’en rendre compte et inverser la tendance. Faut-il, curieusement, que ce soit d’Afrique que cette clairvoyance vienne ? Ne pas s’en préoccuper représente aujourd’hui, à l’échelle de l’histoire, l’erreur capitale. Et tout le reste est politique.

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