L’Egypte de nouveau dans la tourmente ?


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Des milliers d’Egyptiens manifestaient toujours ce mercredi pour réclamer le départ de l’armée de la tête du pays depuis la chute de l’ancien dirigeant, Hosni Moubarak. En dépit de l’annonce faite par le Conseil militaire d’un plan pour accélérer le transfert du pouvoir, de nouveaux affrontements ont éclaté au Caire entre les protestataires et la police.

L’armée, acclamée il y a encore neuf mois pour s’être rangée du côté du peuple lors du soulèvement en Egypte, est aujourd’hui durement critiquée. Depuis la démission, le 11 février 2011, de Hosni Moubarak, c’est elle qui a repris les rênes du pays. Mais, depuis samedi, c’est un air de déjà vu qui plane dans la capitale. Des milliers d’Egyptiens campent sur la place Tahrir où des affrontements meurtriers ont lieu entre habitants et forces de l’ordre pour demander le départ immédiat de l’armée. Un premier bilan, faisant état d’au moins 33 mort et plus de 1750 blessés dans l’ensemble du pays selon le ministère de la Santé, s’est alourdi ce mercredi. Au cinquième jour d’affrontements, trois nouvelles personnes ont été tuées par balles.

Dans un discours télévisé adressé à la nation, mardi, le chef du Conseil militaire au pouvoir, le maréchal Hussein Tantawi, ancien ministre de la Défense sous l’ancien régime, a affirmé avoir accepté la démission du gouvernement par intérim dirigé par le premier ministre Essam Sharaf. Cette décision a été prise étant donné les circonstances difficiles que traverse actuellement le pays. M. Tantaoui a en outre annoncé que les élections législatives du 28 novembre seront maintenues et qu’un transfert du pouvoir pourrait être envisagé avant le 1er juillet 2012.

« Tantaoui, c’est Moubarak copié-collé »

Le discours télévisé du maréchal Tantaoui n’a pas été pris au sérieux par la foule en colère. Celle-ci l’accuse de vouloir gagner du temps et de formuler de fausses promesses. Selon elle, il n’y aura jamais de vraies réformes, rapporte un manifestant interrogé par l’AFP. « Tantaoui, c’est Moubarak copié-collé. C’est Moubarak en tenue militaire », assure un manifestant, Ahmed Mamdouh, un comptable de 35 ans. Les discours du maréchal Tantaoui ressemblent étrangement à ceux du président déchu…

Le Caire n’est pas la seule ville du pays à être secouée. Ailleurs, notamment à Alexandrie, Port Saïd, Suez, Qena ou encore Daqahliya, des milliers d’Egyptiens sont descendus dans les rues. Mohamed El Baradei, ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui pourrait bien devenir le nouveau premier ministre selon une source militaire, a dénoncé un « massacre » sur la place Tahrir. Il accuse les forces de sécurité d’utiliser « du gaz lacrymogène contenant des agents innervants ». Les Frères Musulmans ont, quant à eux, boycotté la manifestation de Tahrir mardi et ont appelé au calme. Ils ne souhaitent pas que le scrutin de lundi, pour lequel ils estiment être les favoris, soit chamboulé à cause de cette montée de colère.

Malgré les engagements de Hussein Tantaoui à transférer rapidement le pouvoir, les protestataires sont déterminés à rester par milliers sur la place Tahrir. Celui qui neuf mois auparavant s’était rangé du côté du peuple semble avoir perdu toute crédibilité et est désormais assimilé à son ancien mentor, Hosni Moubarak.

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