L’assassinat du Père Augustine Dauda Amadu ébranle la communauté catholique de Sierra Leone


Lecture 4 min.
Père Augustine Dauda Amadu
Père Augustine Dauda Amadu

Dans la nuit du 29 au 30 août 2025, la paisible ville de Kenema, dans l’est de la Sierra Leone, a été le théâtre d’un crime qui a profondément choqué la communauté catholique et l’ensemble du pays. Le Père Augustine Dauda Amadu, curé de la paroisse de l’Immaculée Conception, a été brutalement assassiné dans sa résidence paroissiale, quelques heures seulement avant de célébrer sa messe d’adieu et de prendre ses nouvelles fonctions à Kailahun.

Le Père Augustine Amadu, âgé d’une quarantaine d’années selon les témoignages, était une figure respectée de la communauté de Kenema. Après cinq années de service dévoué à la paroisse de l’Immaculée Conception, située dans le quartier de Burma 3 en périphérie de la ville, il s’apprêtait à débuter une nouvelle mission à la paroisse Saint-Jean de Kailahun, également dans le diocèse de Kenema.

Connu pour sa générosité envers les familles démunies et son engagement auprès des jeunes, le père Amadu n’hésitait pas à prendre position contre la corruption et la criminalité dans ses sermons, ce qui lui valait à la fois l’admiration de ses paroissiens et certaines critiques. Sa simplicité, sa gentillesse et sa disponibilité constante envers les fidèles en faisaient un pasteur apprécié de tous, jeunes et moins jeunes.

Les circonstances dramatiques du crime

Dans la nuit du 29 au 30 août 2025, vers 2h ou 3h du matin selon les enquêteurs, des assaillants non identifiés ont pénétré par effraction dans la résidence paroissiale où le prêtre vivait seul. Les malfaiteurs sont entrés par une fenêtre endommagée, forçant ainsi l’accès à l’habitation.

L’autopsie réalisée par les autorités médicales a révélé que le père Amadu a d’abord reçu un coup violent à la tête avant d’être étranglé par ses agresseurs. Cette violence témoigne de la brutalité volontaire de cet acte criminel. La macabre découverte a été faite vers 7h43 le matin du 30 août, lorsqu’un paroissien venu pour la messe matinale a remarqué des signes et donné l’alerte aux autorités. Les agents de police qui sont arrivés sur les lieux ont trouvé le corps sans vie du prêtre dans le presbytère.

Une enquête en cours, des questions sans réponse

La Police de Sierra Leone (SLP) a immédiatement ouvert une enquête approfondie sur ce crime. À ce jour, les motifs exacts du meurtre restent flous. Si les autorités évoquent la piste d’un cambriolage qui aurait mal tourné, elles n’ont pas encore pu déterminer si des biens ont été dérobés dans la résidence. Aucun suspect n’a été identifié pour l’instant, bien que plusieurs paroissiens et membres du clergé présents sur les lieux le matin de la découverte collaborent avec les enquêteurs. L’Inspecteur Général de la Police a rencontré le 2 septembre les acteurs locaux du district pour renforcer la sécurité et a assuré aux prêtres réunis au Centre pastoral que tout serait mis en œuvre pour retrouver les coupables.

Une communauté en deuil

La nouvelle de l’assassinat a provoqué une onde de choc considérable dans la communauté catholique et au-delà. L’Archidiocèse de Freetown a exprimé sa tristesse dans un communiqué : « Nous sommes attristés par la nouvelle choquante qui nous parvient ce matin concernant la disparition du Révérend Père Augustine Amadu qui a été poignardé à mort par des voleurs armés dans sa maison paroissiale du diocèse de Kenema. »

Le Père Peter Konteh, directeur exécutif de Caritas Freetown et président de l’Association des prêtres de Sierra Leone, a dénoncé « cet acte maléfique et honteux » et appelé à ce que justice soit rendue rapidement. Des centaines de fidèles se sont rassemblés à l’église de l’Immaculée Conception pour prier et chanter des hymnes à la mémoire de leur pasteur disparu.

La Sierra Leone jouit généralement d’excellentes relations interreligieuses. Dans ce pays majoritairement musulman, où les chrétiens représentent environ 25% de la population, les tensions religieuses sont rares. Le rapport 2023 sur la liberté religieuse d’Aid to the Church in Need ne signalait aucun incident significatif de persécution.

Il est d’ailleurs notable que de nombreux prêtres catholiques en Sierra Leone sont issus de familles musulmanes, témoignant de la tradition de tolérance du pays.

Logo Afrik.com
La rédaction d'Afrik, ce sont des articles qui sont parfois fait à plusieurs mains et ne sont donc pas signés par les journalistes
Facebook Instagram
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News