L’armée soudanaise bombarde les positions des rebelles dans l’Ouest-Darfour


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Les dernières violences qui ont frappé l’Etat de l’Ouest-Darfour, au Soudan, ont limité les opérations humanitaires menées dans la région d’El Geneina, que les travailleurs humanitaires n’hésitent pas à qualifier de « zone interdite ».

Selon des travailleurs humanitaires, qui s’exprimaient sous couvert de l’anonymat, deux villages d’El Geneina ont été bombardés par des avions Antonov du gouvernement soudanais les 12 et 13 janvier. La région de Jebel Moon a également été attaquée. Avant ces incidents, les rebelles tchadiens avaient lancé des raids dans ces régions, aggravant ainsi la situation de sécurité.

D’après certaines sources, les bombardements visaient les bases du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) de Khalil Ibrahim, qui avait récemment attaqué des cibles gouvernementales « moins protégées ».

Ces bombardements interviennent deux semaines après que Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, a fait part de ses vives inquiétudes à propos de la reprise des hostilités entre le JEM et les forces gouvernementales soudanaises dans l’Ouest-Darfour, en allusion à l’attaque perpétrée le 29 décembre 2007 par les rebelles du JEM contre les positions de l’armée soudanaise à Silea, dans le nord d’El Geneina.

« Le Secrétaire général prie instamment toutes les parties de faire preuve de retenue et de cesser toute action militaire afin de créer un climat propice à des négociations politiques qui mèneront à la signature d’un accord de paix définitif et inclusif », a déclaré M. Ban Ki-Moon dans un communiqué du 31 décembre.

Les dirigeants du JEM ont déclaré aux agences de presse internationales, le 15 janvier, que les bombardements avaient fait plusieurs victimes civiles pendant que les populations fuyaient les villages.

« Trois civils ont été tués, dont deux femmes et un homme », a confié à l’agence Reuters Abdel Aziz el-Nour Ashr, commandant du JEM. M. Ibrahim a expliqué à l’AFP que les bombardements avaient eu lieu les 12, 13 et 14 janvier et que les villageois s’étaient réfugiés sous les arbres et dans les lits des rivières asséchées pour échapper aux frappes aériennes.

Quant à l’armée soudanaise, elle a accusé le JEM d’avoir attaqué la ville de Sheria, au Sud-Darfour, et d’inventer de toute pièce des histoires de bombardements.

Les dernières attaques se sont produites alors que MM. Jan Eliasson et Salim Ahmed Salim, respectivement médiateurs des Nations Unies et de l’Union africaine, arrivaient au Darfour pour encourager les rebelles et le gouvernement à rechercher des voies pacifiques pour résoudre la crise dans cette région ravagée par la guerre.

Le conflit du Darfour a éclaté en 2003 lorsque des rebelles ont pris les armes contre le gouvernement soudanais, qu’ils accusaient de marginaliser les communautés africaines de la région. Selon les estimations des travailleurs humanitaires, le conflit a fait plus de 200 000 morts et 2,2 millions de déplacés. Au total, ce sont environ 4,2 millions de personnes qui dépendent quotidiennement de l’aide humanitaire pour leur survie.

La mission de maintien de la paix conjointe des Nations Unies et de l’Union africaine (MINUAD) a commencé à se déployer dans cette région troublée du Soudan – quoique avec seulement 9 000 hommes sur les 26 000 prévus dans son mandat, et sans la logistique et les équipements nécessaires, notamment les hélicoptères.

Lors d’un récent incident, le 7 janvier, un convoi de ravitaillement de la MINUAD a été attaqué par des éléments des forces armées soudanaises ; cette attaque a suscité de vives réprobations de la part du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui a exigé que « de telles attaques contre la MINUAD ne se reproduisent pas ».

Le 14 janvier, Rodolphe Adada, représentant spécial des Nations Unies et de l’Union africaine au Darfour, s’est entretenu avec MM. Eliasson et Ahmed Salim. « Ils ont tous reconnu que les tensions actuelles pouvaient avoir des conséquences négatives sur le déploiement de la MINUAD et sur la distribution de l’aide humanitaire au Darfour », a déclaré Michèle Montas, porte-parole des Nations Unies, lors d’une conférence de presse à New York.

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