L’Allemagne soigne son engagement en Afrique


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Dans le cadre de son programme baptisé « Aktion Afrika », l’Allemagne promeut des projets sportifs, culturels et éducatifs en faveur des pays africains. Pour faire connaître ses projets, l’ambassade d’Allemagne à Paris a invité vendredi les journalistes des médias africains, le temps d’une rencontre informelle.

On parle beaucoup de Chine, d’Inde, de France et des Etats-Unis, mais “qu’en est-il de l’Allemagne?”, a interrogé Youssouf Diagola, directeur de Farafina Magazine, à l’ambassade allemande sise dans le XVIe arrondissement de la capitale française. Selon l’ensemble des journalistes, la présence allemande sur le continent semble être sur le déclin. “Fausse nouvelle, s’est empressé de répondre le service de presse de l’ambassade, notre engagement reste fort, mais nous avons un petit problème de communication que nous tentons ici de remédier”.

L’ambassade allemande recherche des intermédiaires et des organisations partenaires pour pouvoir se consacrer à de nouveaux projets de consolidation de ses liens avec l’Afrique. Elle souhaite aussi soigner sa communication. C’est pour cela qu’elle a invité de nombreux journalistes représentant la plupart des médias africains basés à Paris.

Mon espace Afrique

Le CIDAL, centre d’information et de documentation de l’ambassade allemande, a commencé par montrer sa plateforme Internet, notamment son “espace Afrique” et résumé les diverses activités à laquelle elle se livre quotidiennement. Mme Kornelia Bitzer-Zenner, de la Direction générale de la culture et de la communication du ministère fédéral des Affaires Etrangères, venue expressément de Berlin pour l’occasion, a ensuite pris la parole pour évoquer les activités de la fédération allemande en direction de l’Afrique francophone. Elle a notamment présenté l’initiative Aktion Afrika lancée par le gouvernement allemand pour renforcer la coopération avec les pays d’Afrique subsaharienne.

Aktion Afrika, c’est 20 millions d’euros par an que verse le ministère fédéral des Affaires étrangères pour les actions de soutien de l’Allemagne en faveur de l’Afrique. Pour financer cette initiative, un fonds spécial du Bundestag a d’ailleurs été créé en 2008. Celui-ci vise à consolider les structures de coopération dans les domaines des échanges culturels, de l’éducation et du sport.

Mme Bitzer-Zenner a évoqué entre autres les actions lancées par l’Allemagne pour soutenir la Coupe du monde de football en Afrique du Sud. « L’Afrique du Sud est un pays encore jeune qui doit assumer un passé très chargé, a-t-elle déclaré, en cela, son expérience est similaire a celle de l’Allemagne ». À l’occasion de la Coupe du monde de football, des semaines allemandes, sortes de manifestations « conviviales » sont prévues dans les riches banlieues de Johannesburg, les complexes culturels du centre ville et à Soweto.

Priorité a la jeunesse

« Le mot-clef pour nous, c’est éducation », a souligné Kormelia Bitzer-Zender. « L’Afrique est un continent avec beaucoup de jeunes. C’est une chance pour vous », a-t-elle signalé aux journalistes africains massés dans le local de l’agence diplomatique allemande, « mais pas seulement pour vous, c’est aussi une chance pour nous ».

Dans le cadre de l’initiative Aktion Afrika, l’institut Goethe, une organisation qui promeut l’apprentissage de la langue allemande, a renforcé son engagement sur le continent. En 2008 et 2009, il a ouvert deux nouveaux instituts culturels à Dar-es-Salam (Tanzanie) et à Luanda (Angola) ainsi que quatre bureaux de liaison à Ougadougou (Burkina Faso), Kano (Nigéria), Kigali (Rwanda) et Lilongwe (Malawi). Il est désormais présent dans la moitié des pays d’Afrique subsaharienne. Dans la même optique, le DAAD (Office allemand d’échanges universitaires, a ouvert depuis 2008 cinq centres d’excellence à Dar-es-Salam (Tanzanie), au Cap (Afrique du Sud), à Windhoek (Namibie) et à Kinshasa (RDC).

À l’instar des Etats-Unis, l’Allemagne n’est pas la seule à vouloir soigner son image en Afrique. Le Sénat français a examiné lundi un texte relatif à l’action extérieure de l’Etat. Selon l’exposé des motifs du projet de loi, la France entend passer d’une « diplomatie de rayonnement à une diplomatie d’influence » et devrait créer à cette fin l’institut Victor Hugo, sorte d’équivalent de l’institut Goethe pour les Allemands ou de l’institut Confucius pour les Chinois.

En insistant sur des projets culturels et éducatifs, les diplomaties des grandes puissances mettent enfin en œuvre le concept de « soft power » (puissance douce) du politologue américain Joseph Nye. Ce concept défend une démarche de séduction au détriment d’une logique de cooptation.

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