L’Allemagne juge un des sbires de Yahya Jammeh à partir de ce lundi


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Yahya Jammeh, ex-Président de la Gambie
L'ex-Président de la Gambie, Yahya Jammeh

Un des éléments des « Junglers », l’escadron de la mort de Yahya Jammeh, sera jugé en Allemagne, ce lundi. Bai Lowe devra répondre de trois chefs d’accusation.

Il s’appelle Bai Lowe. Il a 46 ans et a été interpellé depuis mars 2021 à Hanovre, en Allemagne. Sa comparution devant le tribunal de Celle en Basse-Saxe débute ce lundi 25 avril 2022. Il doit répondre des accusations de crimes contre l’humanité, meurtres et tentatives de meurtres, entre 2003 et 2006, dans son pays, la Gambie, alors dirigée par le dictateur Yahya Jammeh. Bai Lowe était, en effet, le conducteur des « Junglers », une unité de l’armée gambienne dont la mission consistait à faire taire toutes les voix dissidentes dans le pays. Pour le parquet fédéral allemand, cette unité était chargée d’« exécuter des ordres d’assassinat illégaux. L’objectif était d’intimider la population gambienne et de réprimer l’opposition ».

Bai Lowe devra, à partir d’aujourd’hui, répondre de l’assassinat par balles, le 16 décembre 2004, du journaliste Deyda Hydara, dont il avait conduit les tueurs. Cofondateur du journal The Point, Deyda Hydara était également le correspondant en Gambie de l’AFP et de Reporters sans frontières (RSF). «Nous ne resterons pas les bras croisés ; nous continuerons à nous battre», a lâché Baba Hydara, fils du journaliste assassiné, indiquant également que ce procès n’était que la «première étape» dans le jugement des horreurs commises par l’ancien régime gambien.

Bai Lowe devra aussi répondre d’une accusation de complicité dans la tentative d’assassinat dont avait été victime, en décembre 2003, l’avocat Ousman Sillah reconnu pour ses prises de position contre le Président Yahya Jammeh à l’époque. La troisième accusation pesant contre l’ancien membre des «Junglers» est son implication dans l’assassinat, en 2006, de Dawda Nyassi, un citoyen gambien allé combattre dans la guerre civile du Liberia, mais qui, à son retour en Gambie aurait été soupçonné par Yahya Jammeh de vouloir le renverser.

Maintenant pourquoi ce jugement en Allemagne ? Human Rights Watch répond : «Son procès en Allemagne est possible parce que les lois du pays reconnaissent la compétence universelle sur certains crimes graves au regard du droit international, permettant l’enquête et la poursuite de ces crimes où qu’ils aient été commis et, quelle que soit la nationalité des suspects ou des victimes ».

Si en dehors de Bai Lowe, d’autres sbires de Yahya Jammeh ont commencé à être arrêtés à l’étranger pour répondre de leurs crimes et exactions – cas de son ancien ministre de l’Intérieur, Ousman Sonko, poursuivi en Suisse, de l’ex-élément des «Junglers», Michael San Correa, interpellé aux États-Unis, etc. –, l’ex-dictateur lui-même continue de se la couler douce en Guinée équatoriale où il a été accueilli depuis la perte du pouvoir en 2017. Mais, pour combien de temps encore ?

A lire : Après Yahya, Zineb Jammeh visée par des sanctions américaines

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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