L’Algérie : « une destination majeure » pour Aigle Azur


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Aigle Azur et l’Algérie. C’est une histoire qui dure depuis 1947. La destination, la plus importante du groupe, représente environ 40% de l’offre de la compagnie aérienne qui entend accompagner ce pays dans la promotion de son industrie touristique. Meziane Idjerouidène, le directeur général d’Aigle Azur, revient sur les enjeux et les défis du marché algérien pour sa compagnie.

Créée en 1946 par Sylvain Floirat, Aigle Azur est une compagnie aérienne qui appartient au groupe GoFast depuis 2001. En 2009, la troisième compagnie française a transporté quelque 1,7 millions de passagers entre la France et, par ordre d’importance, l’Algérie, le Portugal, le Mali, le Maroc et la Tunisie. La plus ancienne compagnie aérienne privée européenne dispose d’une flotte de 11 avions de la famille des Airbus 320. Un nouvel avion est attendu pour l’enrichir courant avril, indique-t-on chez Aigle Azur. Quant au marché algérien, il devrait, lui, s’enrichir de deux nouvelles lignes : Mulhouse – Oran, en avril, et Lille – Tlemcen en juin.

meziane.jpgAfrik.com : Que représente l’Algérie pour Aigle Azur ?

Meziane Idjerouidène :
Le cœur ! C’est la destination historique. C’est la première destination sur laquelle nous nous sommes positionnés dès la reprise de la compagnie. Nous avons ainsi continué à écrire notre histoire commune puisque nous avions déjà desservi l’Algérie en 1947 au départ de Nice sur Oran via la Corse. Aujourd’hui, c’est une destination majeure, la première devant le Portugal, le Mali, le Maroc et la Tunisie. Nous opérons 200 vols par semaine au départ de 7 aéroports français vers 13 en Algérie. C’est un véritable pont aérien que nous avons mis en place entre les deux pays. L’Algérie représente un peu plus de 40% de notre offre. AA.jpg

Afrik.com : Que peut-on dire de la destination touristique ?

Meziane Idjerouidène :
En tant qu’acteur naturel du tourisme algérien, je dirais que l’originalité de l’Algérie réside dans le fait que sa porte d’entrée naturelle, le littoral, n’est pas sa porte d’entrée touristique. A l’inverse de ses voisins. Dans le cas de l’Algérie, c’est le Sud. Nous avons nous-mêmes débuté par la Sahara en desservant Tamanrasset et Djanet, à raison d’un vol hebdomadaire pour chacune de ses destinations. En 2001, c’était des vols charters, aujourd’hui, ce sont des vols réguliers. Depuis cette date, nous avons transporté 100 000 personnes dans le Sahara algérien. Pourtant l’Algérie n’a pas à rougir de la diversité et de la richesse de ses paysages. C’est d’ailleurs un atout majeur. Le tourisme est focalisé sur le Sud, mais le centre et le Nord sont tout aussi intéressants. Deux exemples me tiennent à cœur. Quand on remonte du Sud, il y a Timimoun et ses constructions qui n’ont rien à envier à Marrakech. Plus haut, il y a Ghardaïa qui est classé au patrimoine mondial. Peu de gens le savent et il est donc important de le signaler.

Afrik.com : L’Algérie s’est engagée à promouvoir le tourisme depuis quelques années. Selon vous, quels sont les défis qu’elle doit absolument relever ?

Meziane Idjerouidène :
D’abord, l’accueil dans les aéroports. C’est le premier souvenir que l’on garde d’un pays. Il y a un gros travail à faire dans bon nombre d’aéroports algériens. Ensuite, en matière d’infrastructure hôtelière : il y a des projets mais ils ne sont pas suffisants. Enfin, il faut former. C’est bien de construire, mais c’est le service qui fait la différence. Il faut pouvoir attirer le touriste qui a le choix d’aller au Maroc, en Tunisie, en Turquie ou ailleurs.

Afrik.com : Quelles sont vos ambitions pour cette destination ?

Meziane Idjerouidène :
Ouvrir de nouvelles lignes. En termes de maillage, c’est difficile de faire plus dense que ce que nous faisons aujourd’hui. Cependant, nous avons un rôle important à jouer en matière de diversification de l’offre touristique, de typologie de la clientèle, notamment touristique…

Afrik.com : Quel est le profil de votre clientèle ?

Meziane Idjerouidène :
Aujourd’hui, la grande majorité de nos clients sont des familles en premier lieu, et ensuite les personnes âgées. Nous voulons toucher tout le monde et la clientèle touristique manque, aussi bien vers le Sud que le Nord. Ce constat n’est pas spécifique à Aigle Azur, il concerne l’ensemble de la destination.

Afrik.com : Le tourisme d’affaires est le premier poste en matière de tourisme en Algérie. Quelle est votre offre business ?

Meziane Idjerouidène :
Nous sommes en bi-classe sur les lignes où il y a du trafic : la capitale Alger, Oran (la capitale économique algérienne, ndlr) et Annaba qui est également une ville à fort potentiel économique. en outre, nous avons récemment amélioré le confort dans nos cabines. Mais le sourire, que vous soyez en business ou en économique, est le même.

Afrik.com : Vous êtes classée parmi les 5 compagnies les plus sûres au monde, que signifie cette distinction pour vous ?

Meziane Idjerouidène :
Cela fait d’autant plus plaisir que c’est le fruit d’une enquête auprès des clients représentés par un échantillon de milliers de passagers. Nous avons été également distingués à Lisbonne pour avoir réalisé le plus important taux de croissance de passagers transportés sur cet aéroport entre 2008 et 2009.

Afrik.com : Le nombre de passagers croit-il aussi bien en Algérie ?

Meziane Idjerouidène :
Les chiffres sont en hausse mais à un rythme moins important que les années précédentes. C’est normal puisque nous étions dans une stratégie d’ouverture de ligne. L’offre actuelle est globalement stabilisée, même si nous effectuons des ajustements à certaines périodes, les lignes sont renforcées durant les vacances par exemple.

Afrik.com : En Afrique noire, vous ne desservez pour l’instant que le Mali. Avez-vous d’autres projets en Afrique de l’Ouest, par exemple, où le besoin en compagnies aériennes fiables est patent ?

Meziane Idjerouidène :
Il est nous est difficile à l’heure actuelle d’aller plus loin avec notre flotte (famille A 320, ndlr). Pour aller au-delà, il faudrait changer de type d’appareil. Mais bien évidemment, il y a des choses à faire dans cette partie du continent.

Afrik.com : Pourquoi le Mali ?

Meziane Idjerouidène :
Il y avait une demande importante des agences de voyages qui sont nos principaux partenaires. Elles connaissent le marché et nous savons du fait de notre propre expérience d’où sont originaires les populations immigrées.

Afrik.com : Quand avez-vous ouvert cette ligne ?

Meziane Idjerouidène :
Depuis le 18 décembre 2007. Et dès que l’aéroport de Kayes sera ouvert, nous le desservirons. Nous sommes passés de 2 vols par semaine à 3, et l’été prochain, nous passerons à 4 fréquences. Notre clientèle malienne nous a acceptés et nous faisons partie de ses réflexes. Notre communication n’y est pas étrangère. Dans les avions, les annonces et les consignes de vol sont en bambara et en soninké. De façon générale, Aigle Azur a mis en place une stratégie de communication adaptée à ses clients. Récemment, nous avons ainsi lancé une campagne dont les affiches sont dans les différentes langues des pays que nous desservons.

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