L’Afrique à l’ère de l’IA : l’ambition de Google pour un futur numérique du continent


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L’Afrique est sans doute l’un des continents les plus dynamiques du point de vue démographique, sociétal et technologique. Avec une population jeune appelée à presque doubler d’ici 2050, le défi est autant colossal que l’opportunité.

Récemment, Google a dévoilé une série d’initiatives ambitieuses pour que l’intelligence artificielle (IA) ne soit pas simplement une disruption globalisée, mais un levier de développement conçu pour l’Afrique, par l’Afrique. Ces annonces reposent sur trois piliers : la connectivité, l’accès aux produits et le développement des compétences.

Connectivité : bâtir les fondations numériques

Google rappelle qu’il investit depuis longtemps dans la connectivité africaine — avec, par exemple, l’engagement pris en 2021 de mobiliser un milliard de dollars sur cinq ans pour renforcer les réseaux. Ce montant a d’ores et déjà été dépassé grâce à des projets comme les câbles sous-marins, les data centers et les liaisons terrestres. L’une des annonces marquantes concerne la mise en place de quatre hubs de connectivité sous-marins (nord, sud, est, ouest) pour créer de nouveaux corridors numériques entre l’Afrique et le reste du monde. Ces infrastructures devraient renforcer la résilience des réseaux continentaux, réduire les coûts de bande passante, et améliorer la fiabilité des connexions.

Parmi les projets structurants, “Umoja” est un câble optique terrestre qui relierait l’Afrique de l’Est à l’Afrique australe en passant par plusieurs pays (Kenya, Ouganda, Rwanda, République démocratique du Congo, Zambie, Zimbabwe, Afrique du Sud). Ce maillage continental visera à fluidifier les communications régionales et à renforcer l’interconnexion intrarégionale. Quant au câble Equiano, qui longe la façade ouest du continent, il est déjà reconnu comme un vecteur capable d’ajouter des milliards de dollars à l’économie de pays comme le Nigéria, l’Afrique du Sud ou la Namibie. En parallèle, Google a déjà activé une région Google Cloud à Johannesburg pour mieux servir les besoins africains en cloud computing.

Produits et outils : rapprocher l’IA des acteurs africains

Avoir un bon réseau ne suffit pas : il faut des outils accessibles, sécurisés et adaptés aux contextes locaux. Google s’efforce de rendre les modèles d’IA comme Gemini utilisables depuis l’Afrique. Ainsi, Google prévoit d’offrir gratuitement aux étudiants éligibles dans plusieurs pays africains (Égypte, Ghana, Kenya, Maroc, Nigeria, Rwanda, Afrique du Sud, Zimbabwe) un abonnement d’un an à Google AI Pro. Grâce à ce plan, les étudiants pourront utiliser les fonctions avancées de Gemini pour soutenir leurs travaux de recherche, leur création de contenu ou l’apprentissage de langages informatiques.

Un autre défi majeur concerne la barrière linguistique. Google s’engage à étendre ses modèles de traduction à plus de 110 nouvelles langues, dont de nombreuses langues africaines, et à publier des jeux de données ouverts, des modèles vocaux et des évaluations pour plus de 40 langues africaines, avec l’objectif de dépasser 50 langues et de publier prochainement 24 ensembles vocaux libres. Cet effort est essentiel pour que les utilisateurs parlant des langues africaines puissent interagir naturellement avec l’IA, et pour que les développeurs africains puissent bâtir des applications réellement localisées.

Compétences et recherche : préparer l’écosystème local

L’investissement dans le capital humain est l’un des volets les plus structurants de cette stratégie. Google affirme avoir formé à ce jour 7 millions d’Africains sur des compétences numériques et en IA, avec l’ambition d’en former 3 millions de plus d’ici 2030. En complément, plus de 17 millions de dollars ont été dirigés vers les universités et instituts africains sous forme de financements, matériel et soutien pédagogique ; 9 millions supplémentaires sont prévus pour l’année à venir.

Du côté de la recherche, Google s’appuie sur ses équipes locales au Kenya et au Ghana, en partenariat avec des chercheurs africains. Ainsi, l’entrepride américaine veut développer des solutions adaptées aux défis du continent : prévision des inondations, données ouvertes de bâtiments, résilience des cultures agricoles. L’objectif fixé est ambitieux : atteindre 500 millions d’Africains avec des innovations IA d’ici 2030.

Défis et enjeux de gouvernance

Ces initiatives ne sont pas dénuées de défis et de risques. En effet, entre inégalités régionales persistantes, souveraineté des données et confidentialité, capacité locale à innover, risques de biais dans les modèles, durabilité des infrastructures les defis sont nombreux. Ces questions conditionneront le succès de la stratégie de Google.

Masque Africamaat
Spécialiste de l'actualité d'Afrique Centrale, mais pas uniquement ! Et ne dédaigne pas travailler sur la culture et l'histoire de temps en temps.
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