L’Afrique a besoin d’une nouvelle politique industrielle selon l’ONU


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L’Afrique ne représente plus désormais qu’un pour cent environ de la production manufacturière mondiale. Elle ne peut objectivement espérer réduire la pauvreté si les gouvernements ne prennent pas des mesures efficaces pour développer ce secteur économique, selon un nouveau rapport conjoint de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).

Ce rapport, intitulé « Promouvoir le développement industriel en Afrique dans le nouvel environnement mondial » et publié cette semaine, préconise l’adoption d´une approche adaptée à la situation de chaque pays et s´appuyer sur de nombreux échanges de points de vue et d’informations avec le secteur privé et les chefs d´entreprise. Selon la CNUCED et l’ONUDI, l’Afrique perd du terrain dans les activités manufacturières à forte intensité de main- d’œuvre. Ces activités constituent généralement la première étape du développement industriel. Elles revêtent une importance particulière en Afrique en termes de création d´emplois, indispensables dans des villes en croissance rapide. La part des activités manufacturières à forte intensité de main-d d’œuvre dans la valeur ajoutée manufacturière (VAM) est tombée de 23% en 2000 à 20% en 2008.

Pourtant, le continent parvient mieux à stimuler la production manufacturière à forte intensité technologique, notamment dans le secteur de la chimie. La part des activités de moyenne et haute technologie dans la VAM est passée de 25% en 2000 à 29% en 2008. D’après le rapport, le niveau d´industrialisation et l’évolution récente du secteur manufacturier sont très différents dans les 53 pays d´Afrique. Pour être efficace, toute stratégie visant à stimuler le développement industriel doit être conçue sur mesure par le gouvernement. La CNUCED recommande néanmoins que la politique industrielle repose sur un ensemble de principes éprouvés :

a) Soutenir et stimuler les chefs d´entreprise. L´aide de l´État aux entreprises privées est nécessaire pour orienter leurs investissements et leurs activités commerciales vers des secteurs jugés primordiaux pour la croissance économique à long terme et la création d´emplois. Mais elle ne devrait pas être illimitée. L´aide devrait être suspendue si les résultats – par exemple, la production de biens d´exportation compétitifs – ne sont pas au rendez-vous dans les délais requis

b) Instaurer des relations efficaces entre l´État et les entreprises. Par le passé, les objectifs des pouvoirs publics dans le domaine de l´industrie n´ont pas été souvent adaptés à la situation concrète du secteur privé et des chefs d´entreprise locaux. Par exemple, le personnel qualifié peut manquer les matières premières peuvent ne pas être obtenues à des prix compétitifs les ressources bancaires, financières et techniques peuvent ne pas être adéquates ou appropriées. Pour connaître les solutions possibles, davantage de consultations avec les fabricants actuels ou potentiels sont nécessaires. Par ailleurs, les travaux de recherche publics sur les activités susceptibles de contribuer au développement industriel peuvent fournir des informations utiles aux chefs d´entreprise en leur permettant de déceler de nouveaux débouchés. La politique industrielle devrait être orientée de manière « à encourager les processus de recherche par le secteur privé afin que celui-ci puisse découvrir ce qui peut être produit de manière compétitive  »

c) S´attacher à lever les obstacles au développement industriel. La consultation des entreprises locales, des chefs d´entreprise et des investisseurs étrangers potentiels peut mettre en lumière les mesures susceptibles de stimuler le progrès industriel. L´amélioration de l´infrastructure – routes, chemins de fer, distribution d´électricité, etc. – peut s´avérer une condition sine qua non de la croissance dans des secteurs tels que le secteur manufacturier à forte intensité de main d’œuvre

d) Mettre en place un mécanisme de contrôle, d´évaluation et de responsabilité. La politique industrielle générale et les projets précis devraient être régulièrement examinés avec un œil critique. Les politiques et projets dont les résultats correspondent peu ou pas du tout aux attentes devraient être modifiés – après des consultations approfondies avec les entreprises concernées – ou abandonnés.
Tout en soulignant la nécessité de promouvoir le développement du secteur manufacturier, la CNUCED fait valoir que l´on ne doit pas y parvenir au détriment du secteur agricole. Elle note que l´agriculture a été et continuera d´être une source importante de recettes, d´emplois et de devises à court et à moyen terme. Elle engage les pays africains à établir des liens synergiques entre les secteurs agricole et non agricole de leur économie.

Le rapport préconise d´adopter des mesures visant à promouvoir l´innovation scientifique et technologique et à développer la capacité des gouvernements de mettre en œuvre une politique industrielle.
En outre, cette politique industrielle doit être compatible avec les autres politiques macroéconomiques afin de mieux contribuer au développement. Il est conseillé aux gouvernements africains d´éviter toute surévaluation de leur taux de change, de déployer davantage d´efforts pour mobiliser les ressources intérieures afin de financer leur développement industriel, et d´adapter leurs politiques monétaire et budgétaire à l´objectif du développement industriel.

Parmi les autres ingrédients nécessaires figurent non seulement l´essor des relations économiques avec les pays voisins, étant donné que les marchés régionaux peuvent constituer une véritable clientèle pour les biens manufacturés, mais aussi la stabilité politique, car les modifications fréquentes de stratégie ou de politique peuvent perturber les approches à long terme qui contribuent le mieux à l´essor de l´industrie.

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