L’abus de chicha est dangereux pour la santé


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L’Organisation mondiale de la Santé de la méditerranée orientale (Emro) s’inquiète de la progression du nombre de fumeurs de chicha. Elle rappelle que la dangerosité de la pipe à eau en termes sanitaires est aussi importante, si ce n’est plus, que celle de la cigarette.

Fumer la chicha peut être aussi nocif que fumer la cigarette. C’est le message que l’Organisation mondiale de la Santé de la méditerranée orientale (Emro) souhaite faire passer chez les fumeurs de pipe à eau, qui ont tendance à penser que la chicha n’a aucune incidence sur la santé. Sur le continent africain, la plupart des consommateurs de ce tabac se concentrent dans le Nord. « Le phénomène s’accroît, constate Fatima el-Awa, conseiller régional d’Emro pour le tabac. C’est une sorte de phénomène social, un mode de vie…».

« La fumée d’une heure de chicha vaut celle de 100 à 200 cigarettes »

La coutume « commence à déborder en Afrique centrale et prend de l’ampleur là où elle était marginale », note le Dr Jean-Pierre Baptiste, conseiller régional pour la lutte contre le tabagisme de la région africaine de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). De plus en plus de femmes et de jeunes fument la chicha, une habitude qu’avaient surtout les hommes d’âge mûr. « Le rajeunissement de l’âge des fumeurs de chicha n’est pas comparable avec celui des fumeurs de cigarettes. On peut fumer des cigarettes à l’école, mais pas la chicha. Par ailleurs, la publicité pour la cigarette est beaucoup plus forte que celle de la chicha, qui reste une attitude beaucoup plus culturelle », commente le Dr Jean-Pierre Baptiste.

Ce qui attire ces nouveaux consommateurs, ce sont notamment les différents parfums disponibles : pomme, orange, rose, raison, melon, miel, noix de coco… Des parfums qui séduisent, mais font oublier les dangers de la chicha. « La fumée d’une heure de chicha équivaut la fumée de 100 à 200 cigarettes. Le tabac consommé pendant cette même période équivaut à celui de 50 cigarettes », affirme Fatima el-Awa

« Chicha passive »

Ce qui pose problème avec la chicha, c’est que les clients fument rarement dans la rue et restent plutôt confinés dans des bars ou lieux spécialisés, à la merci de la fumée rejetée dans l’air. « Il y a une grande promiscuité et lorsque les gens restent longtemps, ils sont exposé à un effet toxique très important. Comme on parle de tabagisme passif, on pourrait parler de « chicha passive » », souligne le Dr Jean-Pierre Baptiste.

Résultat, on observe chez les fumeurs de chicha des maladies similaires à celles causées par la cigarette, par exemple les maladies pulmonaires et certains cancers. Par ailleurs, une étude égyptienne, dont les conclusions devraient être rendues en mars, indique que des cas de tuberculose contractés dans les « fumoirs » ont été répertoriés. Pour ce qui est des femmes enceintes, les bébés peuvent naître prématurément, avoir un poids faible à la naissance, être victime de mort subite et être plus sensibles aux maladies pulmonaires.

Proposition pour une taxe de 10% sur le tabac

Il n’existe pas de stratégie de sensibilisation à part pour prévenir des risques de la chicha, les programmes étant axés sur la lutte contre le tabac en général. Or, les autorités des pays concernés sont donc en face d’un véritable problème sanitaire, d’autant que la possibilité de devenir dépendant de la chicha semble être une réalité. Les inquiétudes sont aussi socio-économiques. « L’argent pour le tabac peut grever les revenus de la famille, qui a généralement de revenus assez faibles dans les pays où la chicha est fumée. Le tabac coûte cher, mais il faut prendre également en compte le prix des médicaments pour traiter les infections cardiaques et pulmonaires. Sans compter les arrêts de travail », précise le Dr Jean-Pierre Baptiste.

Pour juguler le problème, l’Egypte va étudier une proposition de loi qui vise à « augmenter les taxes sur le tabac des cigarettes et de la chicha, indique Fatima el-Awa. L’argent sera reversé à l’assurance santé ». Interrogé par l’Agence France Presse, le ministre égyptien de la Santé, Hatem al-Gabali, a souligné que la taxe doit être de 10% et qu’elle devrait permettre d’« engendrer 800 millions de livres égyptiennes ». « Ce sont des bons signes, conclut la responsable de l’Emro. Mais nous espérons que suivra une politique de prévention : une réglementation pour avertir des dangers de la chicha, l’obligation d’indiquer la composition des produits et la spécification de l’âge en dessous duquel on ne peut pas fumer ».

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