Kodjo veut imposer sa Nouvelle Donne


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Créateur des labels Nouvelle Donne et Wumb, Kodjo a dans son écurie de nombreux artistes RAP et R&B français, tels que O’L Kainry, Kamnouze, Jango Jack et Papa Tank et les Déesses. Entre le Rap et la musique afro-caribéenne, celui qui reste un producteur toujours très inspiré n’a pas fini de nous surprendre.

« Au début, je trouvais que mon département, qui est le 9.1 (Essonne), n’était pas assez représenté dans le milieu du Rap français, alors j’ai mis en avant nos artistes et d’autres sur une compile qui s’appelait Nouvelle Donne. Le succès a été énorme», explique Kodjo. Cette compilation, qui s’est vendue à 200 000 exemplaires, marque la genèse d’un label aujourd’hui incontournable dans l’univers du Rap et du R&B français. Producteur heureux et visionnaire, Kodjo s’oriente désormais vers de nouvelles aventures entre l’Afrique et les Antilles. Interview.

Afrik.com : Le label Nouvelle Donne est parti d’une compile éponyme. Comment s’est déroulée sa progression, des débuts jusqu’à aujourd’hui ?

Kodjo :
Au départ, j’avais créé un maxi sur lequel il y avait différents artistes, y compris ceux de mon département. Au fur et à mesure, l’échelle s’est étendue. On a su réunir les gros artistes de l’époque pour parrainer les jeunes du 91, afin qu’ils puissent les intégrer dans le milieu. Pari gagné ! Des groupes se sont formés, comme Agression Verbale ou Disiz la Peste par exemple.

Afrik.com : Justement, en 2000, vous avez sorti un maxi qui s’est vendu à 200 000 exemplaires. Comment expliquez-vous le succès d’un label indépendant comme le vôtre?

Kodjo :
On a beaucoup travaillé, on a mis le paquet. Pour garder la main, il faut apporter des idées originales, de nouveaux concepts, la simplicité dans ce qu’on fait. Et surtout, il y a une continuité dans notre actualité. On représente une certaine couleur que les gens apprécient.

Afrik.com : Tu as lancé Nouvelle Donne tout seul ?

Kodjo :
Nous sommes quatre.

Afrik.com : Quelle différence y a-t-il entre Nouvelle Donne et Wumb ?

Kodjo :
Nouvelle Donne, c’est le label HIP HOP, R&B, depuis sa création. Et Wumb, c’est le développement de Nouvelle Donne en musique black dans lequel on intègre la musique afro caribéenne. L’idée est d’avoir une pseudo major de la musique black beaucoup plus urbaine. En France, les gens qui détiennent les grosses structures sont un peu réticents parce que c’est des artistes noirs, etc. Et les portes sont moins ouvertes. Mais les choses changent petit à petit. Les musiques africaine et antillaise commencent à devenir tendance, alors qu’avant, c’était Magic Systèm qui sortait un single chaque été. On commence à avoir d’autres titres, d’autres artistes. Ca fait plaisir.

Afrik.com : A partir de combien d’albums estimez-vous bien vendre ?

Kodjo :
A partir de 150 000 albums. Aujourd’hui, avec 20 000 albums vendus, c’est un score. Après, c’est en fonction de l’exposition et, en général, c’est sans limite. Si on peut faire un disque d’or, tant mieux ! Mais le disque d’or devient de plus en plus rare…

Afrik.com : Et avec la crise du disque, quel axe de développement comptez-vous mettre en place ?

Kodjo :
C’est une vraie crise. D’ailleurs, on est en train de mettre en place un nouveau label qui sera en cohésion avec Wumb et Nouvelle Donne. Ce sera pour tout ce qui est numérique, les téléchargements et autres.

Afrik.com : Combien coûte la production d’un artiste ?

Kodjo :
C’est aléatoire. Ça dépend de l’artiste, de son projet, à savoir si c’est juste un projet numérique ou vraiment un travail qui demande plus de création, plus d’intervenant en terme de musicien et autres… Produire un artiste peut aller de 3000 € à 100 000 ou 150 000 €.

Afrik.com : Vous avez élargi votre panel notamment vers la musique africaine. Produire un artiste afro est-il plus rentable qu’un artiste Rap?

Kodjo :
Non, du tout. J’ai ouvert mon champ d’action parce que ce que je fais en sorte que mes projets me représentent, moi et ma culture. Je suis parti du HIP HOP parce que j’ai grandi en France et que, dans les cités, on écoutait que ça. Avec le temps, j’ai commencé à voyager en Afrique, à me ressourcer[[Kodjo est originaire du Bénin.]]. Je prévois d’aller faire des choses là-bas. Donc au fur et à mesure, j’ai vu cette nouvelle façon de travailler qui me plaît bien. Alors j’ai décidé de rentrer dans le circuit afro-caraïbe tout en gardant le code urbain qu’on a dans le Rap et en donnant une image beaucoup plus classieuse, plus jeune en thème de sonorité. En même temps le Rap, en France, ne dépend que d’un média : Skyrock. Si Skyrock joue ta musique, tu as des chances que ton produit soit exposé et bien vendu. Et si Skyrock ne te joue pas, alors il faut considérer que ton produit est mort-né. Donc, j’ai changé l’économie de mon business en m’orientant vers de nouveaux projets comme la musique africaine ou antillaise pour ne pas dépendre que de Skyrock. On se fait plaisir et il y a moins de pression sur notre objectif de vente. C’est comme ça que j’en suis en arrivé là. Et ça me permet de faire le pont entre l’Afrique, les Antilles et ici.

Afrik.com : Les artistes africains ont souvent mauvaise réputation à cause de leur manque de ponctualité. Ils arrivent avec au moins 1 à 2 heures de retard sur scène. Est-ce que ça vous pénalise en tant producteur ?

Kodjo :
Ce n’est pas forcément que les artistes africains mais, il est vrai que c’est monnaie courante dans le milieu africain. C’est un autre état d’esprit, ils sont moins professionnels, c’est plus copains-copains et avec moins de rigueur. Il faut s’adapter. Je pense qu’ils se pénalisent eux-mêmes. Pour le moment, cela ne me touche pas, vu que je ne suis pas encore producteur de spectacle. C’est tout nouveau pour moi le milieu africain. Ce n’est pas la façon dont moi j’ai envie de fonctionner avec mes artistes ou mes projets. J’ai plutôt envie de ramener mes artistes dans le système occidental. On a signé Espoir 2000 et il est vrai qu’avec eux, c’est plus « farot-farot ». C’est un groupe confirmé qui a déjà 5 albums derrière lui. Ils ont une certaine expérience, donc on est plus indulgent et plus à même d’accepter un certain nombre de choses. C’est un groupe qui veut passer à un autre cap, sortir de ce concept ghetto pour arriver en national. Ils savent qu’ils doivent entrer dans une certaine organisation et être carrés. Ca met du temps, mais ça finira par se faire.

Consulter :

 Le site Internet de Nouvelle Donne

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