Kenya : le chef adjoint de la police démissionne après la mort suspecte du blogueur Albert Ojwang


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Justice, Tribunal
Tribunal (illustration)

Au Kenya, la mort en détention du blogueur Albert Ojwang suscite colère et appels à justice. Accusé d’avoir dénoncé la corruption policière, il est retrouvé mort. Le chef adjoint de la police démissionne.

La mort en détention du blogueur Albert Ojwang ébranle les plus hauts rangs de la police kényane. Le chef adjoint Eliud Lagat a quitté ses fonctions, alors que la pression publique et judiciaire s’intensifie.

Un décès qui sème le trouble

Au Kenya, l’affaire de la mort du blogueur Albert Ojwang, retrouvé sans vie dans une cellule du commissariat central de Nairobi, provoque une onde de choc nationale. Lundi 16 juin, le chef adjoint de la police, Eliud Lagat, a présenté sa démission, alors que le scandale prend une ampleur politique et judiciaire.

Ojwang, qui avait accusé Lagat de corruption sur les réseaux sociaux, avait été arrêté dans l’ouest du pays, puis transféré à Nairobi à plus de 400 kilomètres. Deux jours plus tard, il était retrouvé mort, selon la police, après s’être « cogné la tête contre un mur ». Une version démentie par une autopsie indépendante, qui évoque un traumatisme crânien, une compression du cou et des traces de coups.

Face à l’indignation populaire et aux critiques des ONG de défense des droits humains, le président William Ruto a exigé une enquête complète. Il a également promis de « protéger les citoyens contre les policiers véreux ».

La situation rappelle de sombres précédents : l’année dernière, des militants avaient déjà été enlevés ou tués lors de manifestations contre une loi de finances.

Une justice qui se met en marche

Ce même jour, Samson Talam, officier commandant du commissariat central de Nairobi, a comparu devant la justice pour une demande de libération sous caution. Le parquet s’y est opposé, craignant des interférences dans l’enquête.

Par ailleurs, l’Autorité indépendante de surveillance de la police (IPOA) a révélé que les images de vidéosurveillance avaient été altérées et effacées un jour après le décès. L’avocat de Talam, Cliff Ombeta, dénonce une chasse aux sorcières : « Ils sont entrés dans un exercice de relations publiques pour laver leur nom, pour chercher quelqu’un à blâmer. »

Appel à une réforme profonde de la police

Au-delà de l’émotion, plusieurs ONG demandent une réforme structurelle de la police kényane. Pour elles, cette affaire n’est que le symptôme d’un système qui permet l’impunité, malgré les promesses politiques répétées de changement.

Pour l’heure, le poste de chef adjoint de la police reste vacant, et les regards sont tournés vers les autorités, sommées de prouver que justice peut être rendue, même au plus haut niveau.

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