Jacques Bonjawo fait le point sur l’Université virtuelle


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Jacques Bonjawo, président du Conseil d’administration de l’Université Virtuelle Africaine (UVA), était ce mardi 25 juin au Centre d’Accueil de la Presse étrangère (CAPE) à Paris pour faire le point sur cette académie virtuelle pleine de dynanisme.

L’Université Virtuelle Africaine (UVA) est née en 1997 de la vision du Burundais Etienne Baranshemaje, fonctionnaire international à la Banque Mondiale en 1997. Privé du soutien de l’institution, il renoncera à un projet qu’il avait entamé de façon artisanale. Mais certaines personnes croient à la portée du projet comme Jacques Bonjawo et le président de la Banque Mondiale, l’Australien James Wolfenson. L’UVA voit finalement le jour et ses premiers cours sont diffusés, via Internet depuis les locaux de la Banque Mondiale à Washington. Plus tard, l’UVA s’installe à Nairobi. Et pour cause : le campus numérique du Kenya est alors l’un des plus dynamiques de l’UVA. Après près de six ans d’existence, l’UVA a démontré son dynamisme. Jacques Bonjawo, président du Conseil d’administration de l’UVA, revient sur les objectifs et le fonctionnement de cette académie virtuelle.

Quel est l’objectif de l’UVA ?

Jacques Bonjawo : L’UVA se veut un complément de la formation proposée par les universités traditionnelles pour ceux qui sont exclus du système. Ils le sont généralement pour deux raisons : par manque de moyens et par manque de place dans les universités. Elle ne se substitue en rien aux universités traditionnelles. Près de 50 000 étudiants ont été formés depuis la création de l’UVA dans 17 pays (9 anglophones, 7 francophones et un lusophone), dont 40% de femmes. Un chiffre dont nous sommes fiers.

En mai dernier, l’UVA a organisé une levée de fonds au Maroc. Quels sont les pays qui participent au financement de l’université ? Qu’en est-il de la France ?

Jacques Bonjawo : La levée de fonds que nous avons réalisée au Maroc a été un véritable succès ! Le Canada a donné 12 millions de dollars, l’Union Européenne, 2,5 millions, la Grande-Bretagne mais également l’Australie, du fait notamment du soutien personnel de James Wolfenson, ont également apporté leur contribution. Nous sommes aussi en pourparlers avec le Japon. La France est l’un des rares pays dont nous n’avons pas encore reçu le soutien financier. Cependant, le Président Chirac s’est personnellement engagé à soutenir l’université.

Quels enseignements sont dispensés à l’UVA ? Pensez-vous qu’ils soient en adéquation avec les besoins locaux ?

Jacques Bonjawo : L’UVA propose des programmes orientés sur la maîtrise des technologies d’information mais également dans le domaine du management et de la santé. Nous formons ainsi des infirmiers. Car il est indispensable pour l’Afrique de développer des compétences pour juguler des fléaux comme le sida. Les programmes sont élaborés par les institutions internationales en collaboration avec les universités occidentales, qui dispensent généralement les cours, et leurs homologues africains.

Qui peut être étudiant à l’UVA ?

Jacques Bonjawo : L’UVA, dans le cas des formations diplômantes, est ouverte à toute personne titulaire du baccalauréat. Une personne déjà engagée dans la vie professionnelle peut également se former à l’UVA. Les étudiants doivent s’acquitter d’une scolarité (environ 1 000 dollars américains par an pour les formations diplômantes et environ 200 dollars par semestre pour les formations non diplômantes. Ces dernières s’étendent sur un à trois semestres en général, ndlr). Nous travaillons à ce que la scolarité soit moins onéreuse à terme que celles des universités locales, mais il faut noter que nous offrons aux étudiants africains la possibilité de suivre tout de même à moindre coût des formations dispensées par des universités occidentales. Ces frais de scolarité représentent 50% des frais de fonctionnement de l’UVA.

L’UVA offre-t-elle des garanties particulières en matière d’insertion alors que les étudiants formés dans les universités traditionnelles ont déjà beaucoup de mal à trouver un emploi ?

Jacques Bonjawo : Nous ne garantissons bien évidemment l’emploi à aucun étudiant. Mais nous lui offrons des facilités grâce à une formation pratique. Plusieurs d’entre eux nous ont dit, qu’ils avaient trouvé un emploi grâce à leur formation à l’UVA. Nous formons également à des métiers utiles. Je pense notamment à cette femme formée à la maintenance informatique, une qualification qui manque souvent en Afrique.

Comment intégrer l’UVA ?

Jacques Bonjawo : Il suffit de mette en place un campus numérique. C’est tout simplement une salle qui dispose d’au moins 20 ordinateurs où les étudiants peuvent suivre des cours par vidéoconférence. A terme, outre les universités, nous souhaitons amener les entreprises vers l’UVA. Des entreprises qui devraient être également intéressées par la mise en place d’un fonds de solidarité pour aider les étudiants les plus démunis à s’acquitter de leurs frais de scolarité. Les examens sont préparés sur place grâce à un correspondant local qui les organise en suivant les instructions des universités qui dispensent les cours. Nous espérons, en collaboration avec la Banque Mondiale, donner aux pays qui souhaitent mettre en place des campus numériques les moyens d’y parvenir. Un prêt dédié pourrait leur être accordé pour réaliser leur projet. Le but de l’UVA est que l’on puisse se former de n’importe quel endroit, grâce à l’implantation d’un campus numérique.

Vous parliez récemment de problèmes de communication pour l’UVA ? Comment comptez-vous y remédier ?

Jacques Bonjawo : En allant à la rencontre des étudiants mais aussi des autorités locales. Nous étions récemment en Angola qui a tout de suite décidé d’intégrer l’UVA. Nous avons noté un vif intérêt de la part des étudiants rencontrés à l’Université Agostino Neto. Ils étaient surpris par l’existence des programmes de l’UVA. Nous sommes également en train de travailler sur une stratégie marketing afin de mieux faire connaître notre structure.

Comment les pays africains accueillent l’UVA ?

Jacques Bonjawo : La présence des ministres de l’Enseignement au Maroc ou de leurs représentants montrent l’intérêt que nous portent les pays africains même si certains d’entre eux sont encore réticents. Nous sommes associés au volet éducation du Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique (Nepad).

Quelle est la forme juridique de l’UVA ?

Jacques Bonjawo : C’est une bonne question. C’est un organisme inter-gouvernemental qui à terme devra fonctionner comme une entreprise et donc réaliser des profits. Nous avons un statut diplomatique. Nous souhaitons gagner une complète autonomie par rapport à la Banque Mondiale.

Voir le site de l’UVA ;

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