Internet et l’Afrique, la raison aux rêveurs


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Révéler une réalité cruelle est un plaisir auquel peu de rédacteurs résistent en ce bas monde. Plaisir pas cher, nous direz-vous tant est grande la tentation de suppléer au sentiment d’impuissance par un éditorial indigné où masochisme et bonne conscience au rabais, se mêlent en un vain exercice dont la presse est prolixe.

Ecrire, par exemple, que le réseau des réseaux risque de creuser plus encore le fossé des inégalités technologiques entre l’Occident et un continent comme l’Afrique qui ne compte qu’un téléphone pour cent habitants, n’est pas faux en soi, bien entendu. Souligner que la Toile est susceptible de consacrer toujours plus la mainmise des pays développés sur les élites du tiers monde, non plus.

Affirmer tout de go qu’Internet pue le fric, qu’Internet est inégalitaire, qu’Internet dément chaque jour la tartuferie libertaire d’un monde sans censure et sans frontières, ce n’est pas manquer de réalisme. Mieux : ça soulage. Mais c’est tout.

Je ne surprendrai personne en prétendant que participer à l’aventure d’un portail africain qui fait le pari inverse, procure des compensations autrement plus élevées que celles qui consistent à se laisser porter par la vague des fatalités cyniques. Qui peut rester insensible aux Universités virtuelles reliant Harvard à Ouagadougou ou ces nouveaux médias d’Afrique détournant avec insolence les ciseaux du censeur, pour donner au monde entier une vision pleine de charme des bonheurs et travers des sociétés locales ? Comment ne pas voir dans la cyberculture et la tradition orale, conviviale et instantanée, un couple plein d’avenir ?

Le pouvoir d’enchantement face à l’innovation et ses applications possibles, c’est cela qui fait la force des rêveurs et, depuis toujours, consacre leur triomphe sur les réalistes et les grincheux. En m’efforçant de conserver l’insistance d’Ugo, mon beau-fils de cinq ans, afin qu’un ami invité à déjeuner, acceptât un « Action Man », je voudrais ancrer en vous cette loi humaine que l’Histoire a depuis longtemps inscrite en toutes lettres.

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