Interdiction d’atterrir


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Les compagnies aériennes de trois pays africains sont indésirables sur le sol britannique depuis trois ans. Une mesure sécuritaire médiatisée après deux récents accidents sur le continent, imputés à des défaillances techniques ou humaines. Le manque de moyens est la cause majeure des problèmes de maintenance en Afrique.

On ne badine pas avec la sécurité. Le ministère des Transports britannique interdit, depuis le 1er janvier 2000, aux compagnies aériennes de la Guinée Equatoriale, de Gambie et du Liberia d’opérer en Grande-Bretagne. Les autorités estiment que ces trois pays ne remplissent pas les critères internationaux de sécurité établis par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). En 2003, deux transporteurs sierra-léonais et un congolais ont été épinglés pour des manquements similaires.

Guerre sécuritaire

Les nations africaines ne sont pas les seules à être indexées par les autorités anglaises. Sept pays d’Europe de l’Est sont également sanctionnés. La médiatisation de ces interdictions intervient dans un contexte d’efforts de sécurisation accrue concernant la navigation aérienne. Notamment suite aux deux derniers crashs aériens, survenus à neuf jours d’intervalle sur le continent africain. Le 25 décembre dernier, plus de 110 personnes, en majorité libanaises, ont trouvé la mort dans l’accident du Boeing 727 d’UTA à l’aéroport de Cotonou (Bénin). Une autre tragédie se produisait à Charm el-Cheikh le 3 janvier, au large des côtes égyptiennes, faisant 148 victimes.

Pour revenir dans les bonnes grâces de Londres, les pays et compagnies sanctionnés n’ont qu’une option : prendre note des suggestions des autorités et opérer des changements radicaux. Ce qui leur permettrait de reprendre les vols vers une destination prisée par leur population – surtout en ce qui concerne les nations anglophones – et de diversifier les sources de revenus. Toutefois, pour certains pays, l’objectif sera plus difficilement réalisable. A l’image du Liberia, de la République Démocratique du Congo ou de la Sierra Leone, qui sont ou viennent juste de sortir d’une guerre. Ils n’ont pas la stabilité économique nécessaire pour entretenir leurs compagnies et donc respecter les règles de sécurité imposées par l’OACI. Un engagement pris par les pays africains à l’acquisition de leur indépendance.

La pauvreté frein du progrès

« La mauvaise situation économique du continent se ressent sur le secteur aérien. Les Etats ne peuvent pas se permettre d’investir dans du matériel neuf. Souvent, ils possèdent de vieux appareils provenant de l’ex-URSS ou louent leurs appareils à l’étranger. Ils manquent de moyens et d’organisation pour se mettre aux normes internationales. La mondialisation et la mort d’Air Afrique exacerbent ces difficultés », explique-t-on à la Commission africaine de l’aviation civile, basée au Sénégal. Pauvreté, donc, mais aussi souci d’économie des Etats. « Les avions ont une date de péremption, comme les médicaments. Au bout d’un certain temps, ils ne sont plus bons et il faut les jeter. Ce qui n’est pas toujours respecté », poursuit-on à l’institution panafricaine.

Sur la liste noire des autorités anglaises figure aussi Cameroon Airlines depuis janvier 2001. Pas pour des problèmes de sécurité, mais financiers. Un point que la compagnie a tenu à préciser pour qu’il n’y ait pas d’amalgame et que l’image de la Camair ne soit pas ternie. Le grief retenu par Londres est « le non-paiement des amendes concernant les entorses à la législation sur l’immigration », explique le ministère des Transports britannique. Certains passagers, contrôlés à leur arrivée par les autorités londoniennes, n’avaient pas de papiers en règle.

Pour chaque contrevenant arrêté, « la Grande-Bretagne nous frappait d’une pénalité de 2 000 livres sterling (2 900 euros). Au fil du temps, le montant total a atteint 322 000 livres sterling (466 400 euros) », a expliqué à Cameroon Tribune l’administrateur directeur général de la Camair, Yves-Michel Fotso. Une fois sa dette acquittée, elle pourra reprendre ses vols en direction de Londres. Une reprise qui fait depuis plusieurs jours l’objet de tractations avec la Grande-Bretagne.

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