Impitoyable modernité


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Le béninois Florent Couao-Zotti livre dans son recueil de nouvelles,  » L’homme dit fou ou la mauvaise foi des hommes « , quelques-uns des secrets d’une ville mangeuse d’hommes et dévoreuse de vies. A lire aux Editions du Serpent à Plume.

Professeur de littérature à Cotonou, Florent Couao-Zotti signe ici son quatrième ouvrage :  » L’homme dit fou et la mauvaise foi des hommes « … un titre à la fois poétique et douloureux. A l’image du livre dans son ensemble. L’auteur revient sur ce choix :  » Ce titre rend compte de l’atmosphère générale des différents textes. Autant les personnages des nouvelles sont des marginaux, autant face à eux, il y a la foule, l’institution de l’Etat qui catégorise les gens en fonction de leur apparence et c’est cela que j’appelle la mauvaise foi des hommes .  »

Au travers des vies saccadées, détruites et trouées de ses personnages, Florent Couao-Zotti cherche à saisir ce qu’il appelle lui-même  » la jungle dans laquelle nous avons fini par nous retrouver.  » Puisant son inspiration dans la ville mouvementée de Cotonou, il se demande comment est apparue cette énorme fissure à l’intérieur d’une société où les valeurs de solidarité étaient appliquées.  » Et j’ai trouvé la réponse  » dit-il,  » c’est parce qu’il y a eu un certain développement de la cité urbaine et de l’économie moderne qui n’intègrent plus ces valeurs de fraternité et d’entraide. La dynamique sociale a écrasé ces valeurs auxquelles nous tenions.  »

L’enfer au coin de la rue

Ses personnages sont littéralement broyés par cette modernité impitoyable. De l’homme qui fait l’amour au cadavre de sa femme, morte par ses mains, à la jeune fille devenue sidéenne à cause de son oncle, en passant par l’enfant des rues responsable avant l’âge, nous passons du désespoir au tragique, avec une folie sous-jacente qui hante marchés et bidonvilles. Souvent, les larmes se mélangent à l’eau de pluie qui se déverse à torrents sur la ville sale. Au détour d’une phrase pourtant, l’écriture se fait poétique et éclaire, illumine. Pour mieux faire ressortir la monstruosité du quotidien. L’enfer est bien sur terre semble nous dire l’auteur. Là, juste au coin de la rue.

Commander le livre : Editions du Serpent à Plumes

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