Immigration : « des ponts, pas des murs ! »


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A l’occasion de l’adoption du « pacte européen sur l’immigration et l’asile », 300 organisations de la société civile de plus de 30 pays se sont réunis au sommet citoyen sur les migrations, vendredi, à Paris. Elles dénoncent les conséquences dramatiques de la politique européenne d’immigration et proposent des alternatives à une Europe qui dresse des murs, qui interdit l’accès à son territoire et expulse les sans-papiers. Une Europe à l’origine des déséquilibres entre le Nord et le Sud.

Le combat continue. Vendredi à Paris, 300 organisations non gouvernementales du Nord et du Sud se sont mobilisées autour de la politique d’immigration européenne lors d’un sommet citoyen sur les migrations. Cette conférence a pour objectif de sensibiliser le public sur les droits des migrants, de favoriser le développement d’un réel partenariat et enfin de proposer des alternatives aux politiques migratoires restrictives.

A l’occasion de ce sommet, plusieurs figures de la société civile ont été conviées. Parmi elles, Aminata Traoré, l’ancienne ministre malienne de la Culture et Hicham Rachidi, membre du groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM) au Maroc. Lors de la séance plénière d’ouverture, la politicienne a rappelé les conséquences de l’immigration sur les pays de départ et a accusé les politiques. « Nous perdons des bras, des cerveaux et des êtres chers. Les migrants n’auraient jamais tourné le dos à leur pays s’ils avaient pu aller à l’école ou trouver un emploi ! », déclare-t-elle. Tous les invités du sommet se sont dits préoccupés du caractère essentiellement sécuritaire du traitement des flux migratoires et par les choix économiques mis en œuvre sur le continent africain.

Le Maroc, sous traitant de la France

Interrogé par Afrik.com, M. Rachidi explique son engagement auprès des immigrants clandestins. « Je viens du centre du Maroc, j’ai vu des choses horribles. Des cadavres joncher le sol, des camps formels où l’on enferme les clandestins… Le royaume chérifien, pays de transit, se montre très répressif envers les immigrés ».

« Au Maroc, la politique d’immigration va encore empirer », affirme-t-il. Depuis lundi 16 octobre, l’Union européenne (UE) a accordé au royaume chérifien un « statut avancé ». « Cet accord préconise une approche pragmatique de l’immigration, c’est-à-dire que l’UE va fermer les yeux sur les pratiques répressives du Maroc. Des pratiques qui ont été mises en œuvre pour contenter l’Europe et accéder plus rapidement au statut avancé qui accorde au pays des avantages économiques indéniables », précise M. Rachidi. S’il participe au sommet, « c’est pour rendre compte de ces réalités » et « trouver des alternatives aux politiques migratoires européennes ».

Ecouter : l’interview d’Hicham Rachidi, membre du groupe antiraciste d’accompagnement et de défenses des étrangers et des migrants

Les femmes migrantes oubliées

Le problème de l’immigration touche aussi les femmes. Avec les départs des hommes, elles assument le rôle de chef de famille dans les pays d’origine et contribuent à la mutation des schémas familiaux traditionnels. Un atelier, parmi les six organisé pour le sommet, aborde la question du rôle croissant dans la migration. Animée notamment par Madjiguène Cissé, membre du réseau des femmes pour le développement durable en Afrique (REFDAF), il tente de recenser, à travers des exemples concrets, les mécanismes qui précarisent particulièrement les femmes. Dans les pays d’arrivée, on les trouve dans les secteurs les plus précaires (secteurs des services et des soins à la personne, de plus en plus privatisés).

Ecouter : l’interview de Madjiguène Cissé, membre du réseau des femmes pour le développement durable en Afrique (REFDAF)

En novembre, Paris doit accueillir la deuxième conférence interministérielle euro-africaine en matière de migration et développement, dans la continuité de celle de Rabat en 2006. Ce sommet, à l’initiative de la France et de l’Espagne et dont les associations civile avaient été exclues, a été un lieu où des pays « développés » ont parlé à des pays « en développement » des questions migratoires. Mais un dialogue équitable, où les intérêts des pays du Sud et les droits des migrants étaient respectés, n’a pas eu lieu.

A noter:

Samedi 18 octobre, à partir de 13 heures, sera organisée une marche suivie d’un grand concert gratuit, place de la République à Paris.

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