Il était une fois, l’année… 2020


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2020

En novembre 2019, personne ne pouvait imaginer la surprise que réservait la nouvelle année qui s’annonçait, 2020. Fin décembre pourtant, le nouveau Coronavirus commença à faire parler de lui, à partir de la Chine. C’était fini, 2020 était partie pour être une année spéciale, avec une pandémie comme le monde n’a en point connu, depuis au moins un siècle. Contaminations, décès en cascades ont engendré la distanciation physique, le confinement, et bien d’autres mesures barrières. Evénements mondiaux à caractère économique, culturel, sportif, tout est annulé. Et le mal s’est étendu sur toute l’année. AFRIK.COM vous propose un retour sur les faits marquants de cette terrible année, avec un regard particulier pour l’Afrique.

Un monde réglé par la pandémie du Covid-19

C’est le 17 novembre 2019 qu’apparut, à Wuhan, ville située dans la province du Hubei en Chine centrale, le nouveau Coronavirus, SARS-CoV-2, un virus responsable d’une maladie infectieuse extrêmement contagieuse, mais également mortelle, la maladie à Coronavirus ou Covid-19. Le premier patient diagnostiqué positif à la maladie a été identifié le 1er décembre 2019 à Wuhan. Très vite, le nombre de personnes contaminées s’accroît au point où les autorités chinoises décident, en janvier, de confiner la province du Hubei et ses 60 millions d’habitants. Mais entretemps, la maladie avait eu le temps de s’exporter, puisque le 13 janvier 2020, le premier patient hors de la Chine continentale est identifié.

A la vitesse de la lumière, la maladie s’étend sur les cinq continents, avec un taux de contamination et de décès record dans des pays européens comme l’Italie, l’Espagne, l’Asie, dans des pays comme l’Iran. Aucun continent ne fut épargné. L’Afrique connut ses premiers cas à partir de l’Egypte, dès le 14 février 2020. Progressivement, les autres pays du continent ont enregistré leurs premiers cas, tous importés d’Europe. Si l’Afrique a été relativement épargnée, tel n’était pas le cas d’autres régions du monde, notamment l’Europe, les Etats-Unis, le Brésil où les morts se comptaient chaque jour par centaines.

Les hôpitaux étaient débordés, les personnels soignants ne savaient plus où donner de la tête. L’ampleur de l’épidémie obligea l’OMS à la requalifier, parlant plutôt de pandémie, le 11 mars 2020.

Désormais, les gestes habituels (poignées de mains, embrassades, contacts physiques…) sont supprimés. A leur place, les gestes barrières (port de masque, lavage régulier des mains, distanciation physique, etc.) sont recommandés. Les pays se barricadent derrières leurs frontières, les voyages, les grandes manifestations sont interdits, les populations sont confinées dans leur domicile. Tout est au ralenti, l’économie mondiale est frappée de plein fouet. Dans ce climat difficile à vivre, s’imposent le télétravail, les visioconférences qui remplacent les rencontres physiques. Les habitudes traditionnelles sont alors bouleversées.
La course au vaccin est alors engagée et en ce mois de décembre, les premières séances de vaccination ont été lancées en Amérique et en Europe.
L’Afrique a été beaucoup moins touchée par la maladie, certes, mais elle compte aussi ses morts. Au-delà des citoyens lambda, beaucoup de personnalités africaines ont été emportées par le Covid-19.

Plusieurs personnalités africaines emportées au cours de l’année par le Covid-19

Au cours de l’année 2020, plusieurs personnalités africaines ont été précipitées dans la tombe par le Covid-19. Nous vous proposons ici une liste, certes non exhaustive, mais assez représentative.
 
1. Rose Marie Compaoré, vice-présidente du Parlement burkinabè décédée le 18 mars 2020, à 61 ans; 
2. Aurlus Mabélé, musicien congolais décédé le 19 mars 2020, à 66 ans; 
3. Zororo Makamba, journaliste zimbabwéen décédé, le 23 mars 2020, à 30 ans;
4. Manu Dibango, saxophoniste camerounais décédé, le 24 mars 2020, à 86 ans; 
5. Joachim Yhombi-Opango, ancien Président congolais, décédé le 30 mars 2020, à 81 ans;
6. Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille, décédé, le 31 mars 2020, à 68 ans;
7. Gita Ramjee, chercheuse ougandaise, décédée le 31 mars 2020, à 63 ans;
8. Nour Hassan Hussein, ancien Premier ministre somalien, décédé le 1er avril 2020, à 82 ans;
9. Mahmoud Jibril, Président de l’ancien Conseil national de transition lbyen, décédé le 5 avril 2020, à 67 ans;
10. Gérard Mulumba Kalemba, évêque congolais, décédé le 15 avril 2020, à 82 ans;
11. Abba Kyari, chef du cabinet du Président nigérian, Muhammadu Buhari, décédé le 17 avril 2020, à 81 ans;
12. Belco Bah, député malien, décédé le 21 avril 2020, à 62 ans;
13. Silas Silvius Njiru, évêque émérite de Meru, décédé le 28 avril 2020, à 91 ans;
14. Mohamed Ben Omar, ministre nigérien de l’Emploi, du Travail et de la Protection Sociale, décédé le 3 mai 2020 à 55 ans;
15. Pierre Lumbi, ancien ministre congolais, décédé, le 14 juin 2020, à 70 ans;
16. Perrance Shiri, ancien ministre zimbabwéen, décédé le 29 juillet 2020, à 65 ans;
17. Pierre Buyoya, ancien Président burundais, décédé le 17 décembre 2020, à 71 ans
18. Soumaïla Cissé, ancien ministre malien, décédé le 25 décembre 2020, à 71 ans.

Sur cette liste figurent deux anciens Présidents dont la cause du décès ne souffre d’aucune ambiguïté. En revanche, dans des cas comme celui du Ghanéen Jerry Rawlings foudroyé par la mort, le 12 novembre 2020, un flou est maintenu sur la cause exacte de la mort. Même chose chez le Président burundais, Pierre Nkurunziza, mort le 8 juin 2020, vraisemblablement de Covid-19, alors que le gouvernement a parlé d’un arrêt cardiaque.

Au total, avec et sans le Covid-19, l’Afrique a perdu, en 2020, neuf anciens Présidents et un Président en exercice. Il s’agit du Kényan Daniel Arap Moi (4 février 2020) de l’Egyptien Hosni Moubarak (25 février 2020), du Tanzanien Benjamin Mkapa (23 juillet 2020), du Malien Moussa Traoré (15 septembre 2020), et dans le seul mois de novembre, d’un autre Malien, Amadou Toumani Touré, du Ghanéen Jerry Rawlings, du Mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi, du Nigérien Mamadou Tandja, et du Burundais Pierre Buyoya, décédé le 17 décembre 2020. Le seul Président mort en exercice est le Burundais Pierre Nkurunziza.
Avec ce nombre de dirigeants décédés, 2020 bat le record de l’année la plus meurtrière pour les anciens dirigeants africains passés de vie à trépas.

Et de la grisaille survint Jerusalema

Dans cette atmosphère morose, une chanson vint distiller la joie dans le monde entier pour faire oublier un peu la tristesse et la mélancolie ambiantes : le tube Jerusalema de Master KG Feat. Nomcebo qui a fait danser de Jérusalem à Berlin en passant par New York et Johannesburg. La chanson a battu tous les records au cours de cette année, et atteint la première place des classements en Belgique, aux Pays-Bas, en Roumanie et en Suisse. De même, elle figure dans le Top dix de plusieurs autres pays européens.

2020 a aussi été une année électorale en Afrique

Plusieurs pays du continent ont organisé leur élection présidentielle en 2020. Rien qu’au cours du second semestre de l’année, il y a eu cinq élections présidentielles organisées : en Côte d’Ivoire et en Guinée en octobre, au Burkina Faso en novembre, et au Ghana et au Niger en décembre. Les cas de la Côte d’Ivoire et de la Guinée ont suscité de vives contestations de la part des citoyens qui se sont soulevés contre le passage en force des Présidents Alassane Ouattara et Alpha Condé vers le troisième mandat. Mais les différentes manifestations organisées n’ont pas émoussé l’ardeur de ces chefs d’Etat qui se sont imposés, contre vents et marées, à la tête de leur pays respectifs.

Le Burkina Faso, par contre, a administré une leçon de démocratie à toute l’Afrique, à travers une élection présidentielle exemplaire dont les résultats ont été unanimement reconnus par l’opposition. L’autre pays qui fait parler positivement de lui ces derniers temps est le Niger dont le Président, Mahamadou Issoufou, a préféré ramer à contre-courant en respectant la Constitution de son pays qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels ; ceci dans un contexte sous-régional marqué par une forte volonté des dirigeants de s’ériger en monarque. Quant au Ghana, la contestation des résultats du scrutin par l’opposition égratigne l’image de havre de démocratie que le pays avait, jusque-là projeté de lui-même.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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