Harmony Ilunga, mannequin congolaise, veut bousculer les codes de la mode à Hong-Kong


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Harmony Ilunga
Harmony Ilunga

Donner une part plus importante aux mannequins de couleur dans un univers très stéréotypé, c’est l’ambition que nourrit la jeune mannequin congolaise, Harmony Ilunga. Dans une interview accordée au South China Morning Post, elle a déclaré vouloir lancer sa propre agence de mannequinat.

Harmony Anne-Marie Ilunga a débarqué à Hong-Kong en 2011 avec sa mère et son jeune frère alors qu’elle était seulement âgée de 12 ans. Ayant quitté son pays d’origine, la République Démocratique du Congo, la petite famille fait une demande d’asile afin de rejoindre le père de famille. 

De la réfugiée à la militante, un parcours très inspirant

Aujourd’hui âgée de 21 ans, Harmony est étudiante en psychologie tout en étant à la fois militante des droits de l’Homme, entrepreneure et mannequin. Ayant elle-même le statut de personne réfugiée, elle a vécu les discriminations liées à la perception que les Hongkongais avaient des personnes dans sa situation. 

À ce sujet, elle déclare : « À Hong-Kong, les réfugiés sont toujours criminalisés. Vous entendez, toujours : oh! un Indien et un Pakistanais se sont disputés. C’est toujours une opinion négative, rarement quelque chose de positif. Toute la société nous voit d’une manière particulière et vous commencez à vous voir à travers les yeux des autres. C’est le problème, surtout en tant qu’enfant, cela vous affecte ».

Voilà pourquoi la jeune femme a décidé de militer pour changer l’image que la société se fait des réfugiés, étant donné que cela représente l’un des handicaps pour sa carrière de mannequin.

Une militante pour la diversité dans la mode à Hong-Kong

Dans l’interview qu’elle a accordée au South China Morning Post, Harmony Ilunga raconte comment elle a essuyé de nombreux refus d’agences de mannequinat simplement parce que la mode de Hong-Kong est fortement stéréotypée. La plupart des agences préfèrent les mannequins à la peau blanche, ce qui ne laisse aucune chance aux mannequins de « couleur » comme elle.

Au lieu d’attendre que les choses changent, la jeune mannequin a tout simplement décidé de prendre son destin en main, ainsi que celui de milliers d’autres jeunes femmes qui ne rentrent pas dans les cases de la mode hongkongaise. C’est ainsi qu’est née son agence, qu’elle veut représentative des mannequins de couleur. 

Son entreprise est un succès. Très vite, elle rassemble des mannequins originaires d’Afrique, d’Asie du Sud-Est et d’Asie du Sud. Elles viennent de Hong-Kong, du Zimbabwe, des Philippines et du Japon. La jeune entrepreneure explique : « Nous donnons une chance à tout le monde – nous avons des gens de partout : Népal, Pakistan, Inde. Je pense qu’à Hong-Kong et en Asie, je n’avais pas vu de modèle de hijabi musulman dans un défilé. Je pense qu’Harmony HK a été la première ».

La consécration du militantisme

L’extension de son agence est telle qu’en 2018, l’agence intègre la plateforme sociale « Harmony HK » qui apporte plus de visibilité aux minorités ethniques à travers les médias de sa ville, notamment dans l’univers de la mode. La boutique en ligne est consacrée à la vente de créations de designers issus des minorités de réfugiés.

Un défilé de mode est prévu à l’hôtel Eaton HK, en Jordanie, pour le 5 septembre. L’agence a décidé de reverser 20 % des ventes de billets à des ONG et à des organisations caritatives spécialistes de l’environnement, de la question des réfugiés et travaillant à réduire les inégalités de genres et militant pour le bien-être des orphelins.

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