Hollande au Mali : « Les Maliens contents que le Nord-Mali soit libéré »


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Le président français, François Hollande, est arrivé au Mali. L’avion de l’occupant actuel de l’Elysée a atterri ce samedi matin à Sévaré. Il a été accueilli par le président malien de la transition Dioncounda Traoré. Il a même eu droit à un bain de foule lors de son bref passage à Tombouctou. François Hollande est attendu Place de l’indépendance, à Bamako, pour prononcer un discours au peuple malien qui l’a accueilli les bras ouverts. Michel Galy, spécialiste du Mali, analyse pour Afrik.com les enjeux de ce voyage officiel. Interview.

Afrik.com : Ce voyage de François Hollande au Mali tombe à point nommé, au moment où l’armée française a presque libéré tout le Nord-Mali. Comment peut-on décrypter ce déplacement surprise du président français ?

Michel Galy :
Il s’agit d’un voyage médiatique. Comme tous les présidents français, Nicolas Sarkozy en Libye en 2011 ou François Mitterrand à Sarajevo, François Hollande se rend au Mali après l’intervention militaire de l’armée française. C’est une opération médiatique. L’occupant de l’Elysée rencontre des problèmes sur sa politique interne, il cherche donc à récolter des points sur sa politique étrangère. Comme pour la Côte d’Ivoire, cette intervention militaire au Mali s’inscrit dans la politique française d’intervenir militairement (chaque année, en moyenne) depuis la fin de la colonisation pour prêter main-forte à ses anciennes colonies. Ce qui a été le cas récemment en Centrafrique et avant le Mali, en Côte d’Ivoire où les forces Licorne s’y trouvent toujours.

Afrik.com : Pourquoi la France intervient systématiquement lorsqu’il s’agit de ses anciennes colonies ?

Michel Galy :
La présence permanente des bases militaires françaises dans les pays de l’Afrique subsaharienne, faisant partie son pré-carré, explique la volonté de la France de soutenir les pouvoirs en place. Et, ce contrôle politique et militaire est lié à l’exploitation des riches ressources de ces pays. Même si au Mali, l’intérêt est plutôt géostratégique, l’uranium d’Areva aurait pu être menacé par les islamistes.

Afrik.com : François Hollande avait pourtant promis d’en finir avec la Françafrique. Mais, il vient en libérateur au Mali et va prononcer un discours au peuple malien sur la Place de l’indépendance. Peut-on craindre un néocolonialisme ?

Michel Galy :
Son discours sur la Place de l’indépendance représente une partie de l’opinion dominante des Maliens qui sont contents que le Nord-Mali soit libéré de la joute islamiste. Hollande a deux choix politiques. Soit, il choisit d’en finir avec la Françafrique en tournant le dos aux symboles de domination et à l’exploitation. Soit, il opte pour le néocolonialisme. Quand le président français parle en de termes comme « lutte contre le terrorisme », qui provient des pires néocolonialistes comme George W. Bush, on peut craindre un néocolonialisme.

Afrik.com : Qu’est-ce que l’Algérie, ancienne colonie française, a à perdre dans cette nouvelle donne française au Mali ?

Michel Galy :
La présence des forces françaises à Kidal et près de Tessalit, rappelle des mauvais souvenirs aux autorités algériennes. L’Algérie se demande si après l’intervention française en Libye et au Mali, les forces internationales entre autres la France ne vont pas vouloir contrôler son environnement proche.

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