Guinée : la junte et les Forces vives dans une guerre de positions


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La participation éventuelle de Dadis Camara à la présidentielle qui suivra la période de transition continue de diviser la junte et les Forces vives. Le médiateur Blaise Compaoré a proposé de laisser le chef de la junte se présenter en 2010, ce que refusent catégoriquement les Forces vives, dans la réponse qu’elles lui ont remise lundi. Le chef d’Etat burkinabè a lancé mardi de nouvelles consultations pour trouver un terrain d’entente.

Les Forces vives guinéennes ont rendu lundi un document de 15 pages exprimant leur avis sur la synthèse des points de vue discordants proposée quatre jours plus tôt par le médiateur Blaise Compaoré. Leurs représentants ont critiqué la proposition d’accord du président burkinabè, qu’ils ont jugé inacceptables en l’état.

Les Forces vives réaffirment leur position

Le principal point d’achoppement est la possibilité pour le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte, de se présenter à l’élection présidentielle de 2010. Le document des Forces vives exige la disqualification du président guinéen pour les prochaines échéances électorales ainsi que la dissolution du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), c’est-à-dire le départ de la junte militaire du pouvoir.

Les représentants des Forces vives restent donc sur leurs positions de départ. A l’opposé, dans sa synthèse, Blaise Compaoré a proposé que Dadis Camara puisse se présenter comme candidat. Ce faisant, le médiateur a fait fi des positions de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui l’avait désigné. La Cedeao avait en effet rejeté l’éventualité d’une candidature de Dadis Camara à la présidentielle de l’année prochaine. Une posture partagée par le Conseil de sécurité des Nations unies et l’Union européenne.

La junte fait planer le doute

Au sein même du CNDD, le flou persiste. Dimanche, un responsable de la junte a déclaré à l’AFP que la candidature de leur chef était un « point non discutable » dans les négociations. Interrogé la veille, Dadis Camara avait pourtant déclaré qu’il acceptait l’idée de ne pas se présenter, du fait de la pression internationale. Ce n’est en tout cas pas la première fois que le chef de la junte prétend remettre en question son avenir à la tête de la Guinée.

Médiation impossible ?

La tâche du médiateur s’avère donc difficile. En proposant que Dadis Camara puisse se présenter en 2010, Blaise Compaoré risque déjà d’être accusé de parti pris en faveur du CNDD. « C’est comme si on donnait [à Dadis] une prime après les événements du 28 septembre », a réagi l’ancien Premier ministre François Lonsény Fall, cité par l’Agence de presse africaine (APA). Il faisait allusion au massacre de plus de 157 personnes par l’armée, lors d’un meeting politique à Conakry. Les discussions se poursuivent ce mardi à Ouagadougou (Burkina Faso), où Blaise Compaoré doit, une fois de plus, recevoir tour à tour, les représentants des Forces vives et de la junte.

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