Guinée-Bissau : l’incertitude demeure après le premier tour de la présidentielle


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L’ancien Premier ministre Carlos Gomes Junior, le candidat du parti au pouvoir, s’est imposé au premier tour de la présidentielle, selon les résultats publiés ce mercredi. L’ancien Président Kumba Yala sera son adversaire lors du second tour prévu le 22 avril. Les deux camps s’affrontent déjà et exacerbent les tensions dans un pays menacé par l’instabilité politique.

Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle en Guinée-Bissau ont été proclamés ce mercredi 21 mars. L’ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior, candidat du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau (PAIGC, au pouvoir) arrive en tête avec 48,97%, suivi de l’ex-Président Kumba Yala, leader du Parti pour la rénovation sociale (PRS), qui a récolté 23,36% des suffrages. Le second tour est prévu le 22 avril prochain mais le duel a déjà commencé.

Les partisans de M. Yala fustigent le déroulement du scrutin, ciblant principalement la Commission nationale des élections (CNE), qu’ils accusent d’être responsable « de la publication de résultats électoraux frauduleux » et de ce qui « risquerait alors d’arriver dans le pays ». Le camp Yala met en avant, les listes électorales occultes, la circulation de fausses cartes d’électeurs et ls lieux de vote fictifs.
Les fidèles de Carlos Gomes Junior, eux, se félicitent de la tenue du scrutin tout en l’instrumentalisant. « Nous sommes ravis du résultat. Le PAIGC est imbattable. Cependant, nous nous plaignons du taux élevé d’abstention. Le deuxième tour n’était pas désirable mais en démocratie il faut accepter la volonté populaire », a déclaré M. Gomes après l’annonce officielle des résultats. Et d’ajouter : « J’appelle la justice à faire son travail et que toute personne qui perturberait l’ordre et la vie de la population soit traitée comme le veut la loi ».

Cinq candidats, dont l’ancien Kumba Yala, ont estimé que le scrutin du 18 mars était entaché d’irrégularités. Ils ont par conséquent exigé l’annulation d’un vote au soir duquel le colonel Samba Djalo, ex-responsable des services de renseignement militaires, a été assassiné en pleine rue par un groupe d’hommes arborant des tenues militaires. L’inquiétude des populations s’est ajoutée aux tensions politiques.

Soupçons de fraudes et d’irrégularités

Plusieurs politologues, dont Fafali Koudawo, estiment que « quand sur neuf candidats, cinq se prononcent pour une annulation, c’est qu’il y a crise. Dans ce genre de cas, les voies de recours sont des voies légales », a-t-il confié à France 24. Il a ajouté que « la Guinée-Bissau a déjà un passé de réclamations non-abouties ». Il est donc clairement compréhensible que les gens « aient peur ».

Les émissaires [de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), de l’Union africaine (UA)] et de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) ont pourtant jugé le scrutin « libre, équitable et transparent ». L’UA a néanmoins souligné que l’élection avait été organisée « sur la base du fichier électoral de 2008, ce qui n’a pas permis un toilettage nécessaire » des listes « et la prise en compte d’une frange de la population, notamment les jeunes ayant atteint l’âge de voter ».

Ce petit pays d’environ 1,6 million d’habitants a connu de nombreux coups d’Etat depuis son indépendance en 1974. La Guinée-Bissau est également devenue ces dernières années une plaque tournante du trafic de drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe, ce qui lui vaut d’être qualifié de « narco-Etat ».

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