Guerre au trafic d’enfants


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La Côte d’Ivoire veut changer son image de pays esclavagiste. Si le travail des enfants est reconnu officiellement par les autorités, le phénomène de l’esclavagisme est vivement démenti à Abidjan. Entretien avec Henriette Lagou, ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant.

Du 8 au 10 janvier, à Yamoussoukro, aura lieu la première réunion des pays d’Afrique centrale et d’Afrique australe sur le trafic d’enfants. Ministre ivoirienne de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, Henriette Lagou paraît bien décidée à éradiquer ce phénomène.

Afrik : Qu’attendez-vous de cette réunion ?

Henriette Lagou : Nous attendons un ferme engagement des gouvernements. Les représentants des ministères de différents pays où sévit le trafic seront présents, ainsi qu’Interpol, avec qui nous souhaitons collaborer. Il s’agit de mettre en place des protocoles d’accord dans nos sous-régions. Cette réunion ne sera donc pas seulement un lieu de débat. Nous voulons que des décisions concrètes soient prises concernant la répression du trafic.

Afrik : Comment comptez-vous vous attaquer à l’esclavage des enfants ?

Henriette Lagou : Il ne faut pas parler d’esclavage, mais de trafic. Les enfants sont vendus ou simplement emmenés de pays comme le Bénin ou le Burkina Faso, jusqu’en Côte d’Ivoire. Cela peut être le fait de particuliers qui ne saisissent pas la différence qu’il peut y avoir à faire travailler quelqu’un de majeur ou quelqu’un de mineur. C’est très courant dans le secteur de la maçonnerie, par exemple. Les maçons béninois amènent en Côte d’Ivoire les enfants dont ils ont besoin lorsque la main-d’oeuvre leur manque. Mais cela peut également être le fait de réseaux organisés. C’est le cas pour le trafic des jeunes prostituées nigérianes. Il faut donc mener une campagne de sensibilisation et d’explication d’une part, et démanteler les réseaux organisés du trafic de mineurs d’autre part.

Afrik : Pensez-vous, comme votre confrère de l’Agriculture le soutenait l’an dernier, que le trafic d’enfants ne soit le fait que de populations étrangères à la Côte d’Ivoire ?

Henriette Lagou : Alphonse Douati (ministre de l’Agriculture, ndlr) avait tenu ces propos dans un contexte particulier. On montrait du doigt la Côte d’Ivoire en l’accusant d’utiliser des enfants pour la culture du cacao. Je ne nie pas que la Côte d’Ivoire ait une responsabilité dans le trafic d’enfants, mais il faut rétablir certaines choses.

Afrik : C’est à dire ?

Henriette Lagou : Notre pays est un pays qui accueille malgré lui, tout comme le Gabon, des enfants qui viennent souvent du Bénin, du Mali ou du Burkina. Il y a également du trafic au sein même de la Côte d’Ivoire, mais dans des secteurs spécifiques. Des jeunes filles employées comme femmes de maison sont effectivement  » trafiquées  » depuis le Nord vers le Sud du pays, par exemple. Je ne comprends pas pourquoi on s’est focalisé sur la culture du cacao. Le trafic d’enfants concerne tous les domaines économiques. Chaque pays développe un trafic lié à un ou deux secteurs en particulier. Il faut s’attaquer à ce phénomène dans tous les corps de métier.

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