Grève générale : journée morte à Conakry


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Le grand marché de Madina à Conakry (illustration)
Le grand marché de Madina à Conakry (illustration)

Répondant à l’appel des centrales syndicales guinéennes à la grève générale à compter de ce lundi, la capitale, Conakry, a pris les allures d’une ville fantôme. Preuve que le mot d’ordre des syndicats a été bien suivi.

Commerces, écoles, banques fermées ; routes désertes. Même le grand marché de Madina, habituellement très mouvementé, était vide, ce matin. Tel est l’aspect de la capitale guinéenne en ce premier jour de grève.

Coup d’essai, coup réussi

Les centrales syndicales ont appelé tous les Guinéens, qu’ils soient du secteur public ou du privé et même de l’informel à observer le mouvement de débrayage afin d’exiger du CNRD, entre autres, la baisse du prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure des médias et la libération du journaliste Sékou Jamal Pendessa. Pour un coup d’essai dans un pays dirigé par une junte militaire hostile à toutes formes de manifestation, ce mouvement de grève est un coup de maître. Puisque le mot d’ordre a été bien suivi dans la capitale.

Dans leur mouvement, les syndicats ont reçu le soutien tant des partis politiques que de la plupart des organisations de la société civile. «Cette grève est la bienvenue, elle va obliger les autorités à comprendre qu’ils ne sont pas des dieux sur terre», a déclaré sous anonymat un cadre d’un ministère. Avant de poursuivre : «Je suis en grève parce que le Guinéen est malade de la souffrance artificiellement créée et entretenue par nos gouvernants».

Un mort déploré

Dans la foulée du mouvement de grève, des échauffourées entre des manifestants et les forces de l’ordre ont entraîné la mort d’un jeune collégien de 18 ans. Le jeune homme du nom de Mamady Kéïta aurait été atteint au niveau du coup par une balle. Il a succombé à ses blessures et son corps a été déposé à l’hôpital de Donka. C’est le seul incident déplorable rapporté au cours de cette première journée de manifestation à Conakry.

Face à la tension, les leaders religieux ont entrepris d’assurer la médiation pour tenter de convaincre les syndicats de mettre un peu d’eau dans leur vin. De son côté, le ministère du Travail et de la Fonction publique, à travers son Secrétaire général, a insisté sur son ouverture au dialogue avec les responsables syndicaux pour une issue pacifique à la crise.

En seulement quelques mois de gouvernance, le CNRD a réussi à retourner contre lui tout un peuple qui l’avait accueilli en héros lorsqu’il éjectait le Président Alpha Condé, en septembre 2021.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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