Ghana : Kufuor réélu Président


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John Agyekum Kufuor a été réélu ce jeudi et pour 4 ans, à la présidence du Ghana. Une victoire au premier tour, mitigée toutefois par une opposition véhémente et bien placée dans les suffrages.

Par Koceila Bouhanik

Le « géant débonnaire » mérite bien son surnom : 66 ans, le port altier, John Kufuor reste pour la plupart des Ghanéens un exemple de stabilité économique et politique. Ses réalisations dans le domaine économique et sa réélection à la tête du pays sont là pour le démontrer. Mais ce succès électoral est à relativiser par des suffrages plus que serrés et la forte contestation de l’opposition. Son principal adversaire, John Atta-Mills, est en effet crédité de 44,32%. Rien n’est donc acquis pour le gouvernement Kufuor qui va devoir se montrer digne de la confiance renouvelée de ses électeurs.

Des élections largement plébiscitées

John Kufuor a été reconduit pour quatre ans à la présidence du Ghana, pour son deuxième et dernier mandat, après avoir obtenu plus de la moitié des suffrages dès le premier tour du scrutin (52,75%). Participation record lors des élections générales de mardi (présidentielles et parlementaires), dans les 230 circonscriptions électorales du pays. Au total, 10 288 000 Ghanéens (sur une population totale de 18,9 millions d`habitants) se sont inscrits pour voter dans les 21 000 bureaux de vote du pays, afin d’élire, en plus de leur Président, 230 députés.

Quatre candidats étaient en lice pour la présidentielle et 950 pour les législatives (dont 110 indépendants). John Agyekum Kufuor, candidat du Nouveau Parti Patriotique (NPP), était essentiellement opposé à John Evans Atta Mills, candidat du principal parti d’opposition, le National Democratic Congress (NDC, le Parti National Démocratique). George Aguddey et le Dr. Mahama, quant à eux, représentaient la Grande Coalition, qui regroupe le PNC (People’s National Convention), EGLE (Every Ghanaian Living Everywhere) et le GCPP (Great Consolidated People’s Party).

Le gouvernement Kufuor à l’épreuve

Pour les spécialistes, John Kufuor – avocat diplômé de l’université d’Oxford – a profité de quatre ans de stabilité économique, même si la plupart de ses 19 millions de compatriotes vivent toujours dans la pauvreté. L’ancienne « Gold Coast » britannique fut le premier pays d’Afrique subsaharienne à accéder à l’indépendance, en mars 1957, connaissant par la suite une série de gouvernements désastreux. En 2000, John Kufuor l’emporte au second tour sur John Atta Mills, alors candidat du vice-président de l’époque, Jerry Rawlings, et instaure ainsi le premier pouvoir pacifique et démocratique au Ghana. Sous la présidence de Kufuor, l’inflation a été ramenée de 40,5 % à 12,5 % et la chute de la devise nationale, le cedi, a été contenue. Le Ghana est aujourd’hui le deuxième pays producteur mondial de cacao. Il est, par ailleurs, le deuxième producteur d’or en Afrique.

Mais tout ceci n’a pas pleinement profité à Kufuor jeudi dernier. Si ses partisans sont descendus dans les rues d’Accra à l’annonce des résultats en brandissant les drapeaux bleu, blanc et rouge du NPP, Kwabena Agyepong, responsable de la communication du Président, a tôt fait d’affirmer que le NPP avait espéré l’emporter avec une marge plus confortable et ajouté que les résultats montraient que beaucoup de travail restait à faire lors du second mandat : « La priorité du Président sera d’approfondir sa politique économique pour s’assurer que tous les Ghanéens en ressentent les effets. »

« Le Prof » part en guerre contre le « Géant »

John Atta Mills, surnommé « le Prof », a de son côté saisi la commission électorale indépendante, affirmant que le nombre de bulletins nuls était anormalement élevé et qu’un nouveau dépouillement devait avoir lieu avant que les résultats ne soient annoncés. Voyant sa plainte rejetée par la commission, Mills et le NDC ont déclaré, mercredi, qu’ils n’avaliseraient pas les résultats de l’élection présidentielle de mardi, tant qu’ils n’auraient pas reçu des explications satisfaisantes sur les « irrégularités » notées durant le scrutin. Bede Ziedeng, Secrétaire général-adjoint du NDC, a donné à l’occasion d’une conférence de presse des indications provenant de ses propres observateurs, selon lesquelles l’élection se jouerait au second tour.

Il a précisé que les chiffres recueillis, jusqu’ici, par le NDC, donnaient à John Evans Atta Mills, 45% des suffrages contre 54% pour John Agyekum Kufuor. « Dans ces circonstances, le NDC ne se prononcera par rapport à cette élection présidentielle qu’après le décompte du dernier bulletin », a indiqué M. Ziedeng. Le président de la Commission électorale indépendante, Kwadwo Afari-Djan, a contre-attaqué en affirmant que « le nombre de bulletins restant à dépouiller dans les cinq dernières circonscriptions, qui est de 220 000, n’était plus suffisant pour que l’avance de Kufuor soit rattrapée ». Kufuor a donc bien été réélu.

Organisation et incidents déplorables

Un premier scrutin avait été organisé samedi 4 décembre à l’intention des citoyens qui n’auraient pas été en mesure de voter mardi 7, jour des élections. La commission électorale a par conséquent organisé un scrutin spécial pour les forces armées ghanéennes, la police, les agents des prisons et des douanes, le service des taxes, les journalistes, les membres de la commission elle-même et le personnel des services indispensables, afin qu’ils puissent exprimer leurs suffrages.

Mais le premier et unique tour de l’élection présidentielle au Ghana a connu des incidents malheureux, notamment la mort de trois personnes à Bawku et à Tamalé. Lors de la campagne électorale, déjà, 47 militants du NDC avaient été empoisonnés et l’un d’eux en est même mort. Une lourde tâche attend donc le « géant débonnaire », qui va devoir combiner avec les contre-pouvoirs, maintenir cet équilibre économique et faire bénéficier de la prospérité à tous ses concitoyens.

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