Frappes sur la Libye : La communauté internationale divisée


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Après avoir affirmé son soutien à la communauté internationale, le Ligue arabe fait volte-face et a critiqué les frappes aériennes du week-end contre l’armée du colonel Kadhafi. L’Onu appelle à l’unité contre le régime libyen. De nouvelles frappes aériennes ont eu lieu lundi matin.

Les frappes aériennes de la coalition ont repris lundi matin. A l’aube, des véhicules des forces pro-Kadhafi ont été pris pour cibles, à l’ouest de Benghazi. A midi, Le Figaro a fait état du recule des forces gouvernementales à Ajdabya, à 160 km de Benghazi, où les insurgés prévoiraient de mener un assaut au sol pour libérer la ville.

Un nouveau « bourbier » ?

L’opération « Aube de l’odyssée », lancée samedi, est déjà considérée comme la plus grosse intervention militaire dans le monde arabe depuis l’invasion de l’Irak en 2003 par une coalition menée par les États-unis. Un sentiment de domination a marqué les premiers jours de l’intervention de la coalition en Libye. Sur les 22 cibles qu’elle visait, 20 ont déjà été touchées par les bombardements du week-end. Cela comprend le bâtiment qui abrite le domicile de Mouammar Kadhafi ainsi que son centre de commandement, mais également de nombreux dépôts d’armes et plusieurs chars d’assaut sur la route de Benghazi. La télévision officielle libyenne fait état de 64 morts. Une information impossible à vérifier. De son coté, Mouammar Kadhafi a réagi aux bombardements dans un message sonore enregistré où il promet une « longue guerre » à la coalition.

Contestation

Trois jours seulement après le début de l’opération, les premières critiques se sont fait entendre. Le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, a indiqué dimanche que « ce qui se passe en Libye diffère de l’objectif d’imposition d’une zone d’exclusion aérienne » et que la Ligue arabe voulait « la protection des civils et non le bombardement de davantage de civils ». Le ministre indien des Affaires étrangères, SM Krishna, a pris position dans le même sens en demandant l’arrêt des frappes aériennes, pour éviter « que cette guerre ne touche plus de civils innocents ». De son côté, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini se refuse à utiliser le terme de « guerre ». « Cela ne devrait pas être une guerre contre la Libye » a-t-il déclaré lundi matin, lors d’une conférence de presse. Il a ensuite expliqué que l’Italie « a accepté de prendre part à la mise en œuvre de la résolution de l’Onu afin d’obtenir un cessez-le-feu et d’arrêter les violences ».

Ces multiples réserves viennent conforter la position des États qui s’étaient abstenus lors du vote de la résolution au conseil de sécurité de l’Onu, tels que la Chine, la Russie ou l’Allemagne. « Lorsque nous entendons ce que la Ligue arabe a dit hier, malheureusement nous constatons que nous avions des raisons d’être préoccupés », a déclaré le ministre des Affaires étrangères allemands, Guido Westerwelle.

Réponse française

Face aux critiques, la France – leader de l’implication militaire avec le Royaume-Uni – se défend. François Barroin, le porte-parole du gouvernement, a estimé lundi matin que « la coalition internationale est pleinement dans l’application de la résolution 1973 », et que « les frappes aériennes des dernières 48 heures ont stoppé Kadhafi dans le développement du massacre des civils ». Des responsables de la rébellion libyenne du Conseil National Libyen (CNL) ont été reçu lundi au Quai d’Orsay. Le gouvernement français est, jusqu’à maintenant, le seul à avoir reconnu le CNL comme représentant légitime du pays. Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’Onu essaye, autant que possible, de maintenir l’unité contre Kadhafi. En déplacement au Caire, il a déclaré que « la ligue arabe et la communauté internationale doivent parler d’une seule voix au sujet de la Libye ». Amr Moussa a donc clarifié sa position en réaffirmant son soutien à la décision de l’Onu.

La coalition internationale se prépare désormais à attaquer des lignes de ravitaillement des forces de Kadhafi.

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