Fêtes chrétiennes et nouvelles cultures dominantes : enjeux et défis humains. Cas de Noël


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Le Christianisme depuis ses origines, a développé principalement le sens de la fête, puisqu’il a de tout temps une réalité majeure à célébrer ,à savoir la Bonne Nouvelle du Salut en Jésus Christ. Plusieurs fêtes chrétiennes tirent pour cette raison leur origine des fêtes juives qui ont été portées à leur signification plénière dans la foi au Christ. Ces fêtes religieuses chrétiennes font toutes parties du calendrier liturgique et sont classées en trois groupes comme des solennités, des fêtes, des mémoires. Parmi toutes Noël provoque habituellement un climat de sérénité puis entraine avec elle une particulière exubérance de joie

De fait Noël sent la nature ; elle emballe beaucoup plus de personnes. Plusieurs en disent avec raison que c’est une fête naturaliste ; c’est la fête de tous pour une raison toute simple. Le terme « Noël » est une déformation du latin « natalis », c’est-à-dire « nativité ». La naissance est une expérience humaine fondamentale chez tous les peuples. Pour les croyants, cette nativité est celle du Christ Jésus comme le début du salut, puisque Dieu se fait chair par l’incarnation de son Fils.
Et l’évangéliste Luc en dépeint les traits saillants partant de l’annonce faite par l’ange à Marie du plan de Dieu sur elle, jusqu’au recouvrement de Jésus au temple, lors de ses douze ans : « Or il advint, comme ils étaient là, que les jours furent accomplis où Marie devait enfanter. Elle enfanta son fils premier-né, l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu’ils manquaient de place dans la salle » (Luc 2, 6-7). Noël demeure depuis lors cette source d’émerveillement pour les chrétiens, non seulement à cause du côté touchant de la naissance d’un fragile enfant, mais surtout en raison de la signification de cette venue au monde incomparable. En effet, quoi de plus inouï que l’incarnation de Dieu dans notre chair, que l’irruption de l’infini dans notre finitude, de la toute-puissance dans la toute-faiblesse. Voilà le magnifique Évènement exposé tous les ans depuis des siècles à une diversité et variété culturelle se manifestant chaque année comme lieu de tension, de conflit et de rébellion de la culture contre la nature et vis versa tandis que le Christ en sa personne provoque et invite comme Lumière du monde puis Soleil invaincu à une vision unitaire et unificatrice de la personne, du monde et de l’histoire. Saint Paul osa ainsi affirmer que « en Lui tout subsiste au ciel et sur la terre… Il est notre Paix… Il a détruit le mur de la haine ».

Paradoxe et tension culturels de noël

Noël comme naissance du Christ porte en soi une tension pour tous les temps ; de fait ce fils Jésus est prédit pour être « consolation et signe de contradiction » pour beaucoup ( ) en Israël. Les Évangiles affirment également : « il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. À ceux qui l’ont reçu il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » ( ). Noël est voulu comme signe de réconciliation de l’humanité d’une part puis du ciel et de la terre d’autre part avec Jésus comme pont sous le signe de la naissance. Mais c’est d’abord l’hégémonie de la science et l’attitude scientiste qui à la faveur du nihilisme, balaie du revers de la main avec orgueilleuse volonté de puissance les grandes traditions de l’humanité en les assimilant à des légendes. Malheureusement chaque époque de l’ humanité se crée ses propres et nouvelles légendes qui lui ôtent tout sens et bon sens. On préfère donc aujourd’hui la propagande du personnage légendaire Papa Noel à Jésus personnage historique. On admire davantage l’horoscope comme science avec incidence sur la vie extérieure à Jésus et sa Parole de salut pour le monde.

On raffole du plaisirs et de sexe dans une société prompte à se structurer sans père et sans mère avec des modèles de mariage et de famille taillés sur mesure et dictés par le désir individuel qui combat la génération plutôt que de se laisser interpellée par la naissance surnaturelle de Jésus. Et c’est la pensée dominante occidentale qui passe en tout cela comme propagandiste avec la rébellion contre les signes religieux dans les lieux publics puis le renoncement aux racines chrétiennes. Et avec le concours de la nouvelle culture des média, beaucoup de personne rivalisent d’ardeur ces dernières années pour divulguer à tout vent tout genre d’ idéologie à coup d’argent et de manipulation. Et pourtant Jésus est né à Bethléem en Judée selon diverses sources. La fête de Noël fut instituée par la suite à Rome, sans doute autour du IVe siècle. La date est fixée au 25 décembre non seulement pour christianiser la fête païenne du « Solis invictus » soulignant le solstice d’hiver, mais aussi en raison du symbole puissant que représente le Christ dont la lumière a vaincu les ténèbres. L’évangélisation est la mission de l’Église dont on ne peut objectivement sous-estimer les admirables cheminements. Mais face au déclin du religieux, elle se heurte, à certains défis majeurs. Le premier, issu d’agnostiques et de chrétiens, tend à édulcorer l’héritage chrétien , pour le rendre plus acceptable à nos contemporains, de modifier l’essentiel de la Révélation christique.

La culture prévaut sur la Parole de Dieu, aussi toute adaptation semble permise au gré de l’humeur de chacun et de la propre civilisation. Jésus serait un homme exceptionnel mais seulement un homme, la Résurrection est un symbole. Toutes les fêtes chrétiennes même si elles gardent encore chacune leur nom sont manipulées et vidées pas à pas de leur suc originaire. Face à l’éveil d’un certain néo paganisme Il y a nécessité d’une nouvelle méthode et d’un nouvel ardeur afin que la mission évangélisatrice lorsque l’Église intervient et témoigne du Christ ne soit pas ressentie comme une ingérence, mal placée ni comme une voix qui crie dans un désert (Matthieu 3,1).
Le monde entier dans sa grande majorité est plutôt préoccupé ces dernières années par une crise économique dont les méfaits se prolongent toujours. Puisse l’amour au cœur de Noël montrer de nouveau cette année que la vie dépasse tout calcul mathématique et que jusqu’à preuve de contraire seul l’amour reste encore crédible au-delà de l’injustice, la haine et la guerre pour transformer le monde. Et de fait Dieu est Amour. Noël est la main de Dieu tendue à l’humanité.

Par Célestin Avocan

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