Femen Tunisie : Amina critique ses consœurs françaises


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Drapeau de la Tunisie
Drapeau de la Tunisie

La première Femen tunisienne Amina Tyler a condamné le geste des Femen France qui ont brûlé un drapeau salafiste devant la Mosquée de Paris. La jeune femme qui n’est pas autorisée à sortir par ses proches est toujours menacée de mort.

La première Femen tunisienne Amina s’est insurgée contre les Femen de France qui ont brûlé un drapeau salafiste devant la Mosquée de Paris, lors d’un entretien filmé accordé à l’agence de presse Capa TV. Elle s’est dite « contre » ce geste. « En écrivant Amina sur leur corps, tout le monde va penser que je les ai encouragés à faire ça. Ce n’est pas acceptable de réagir d’une façon aussi radicale. Elles n’ont pas à insulter un certain type de musulmans ». Selon la jeune femme, « elles ont insulté tous les musulmans », ajoutant que cette réaction trop radicale est une nouvelle façon de lui « faire du mal ».

Autorisée par sa tante Asma, Amina, connue pour avoir posté des photos d’elle seins nus sur le web avec cette inscription sur la poitrine : « Mon corps m’appartient, il ne représente l’honneur de personne » s’exprimait ainsi pour la deuxième fois depuis que sa famille l’ait ramenée de force chez elle.

La féministe convaincue n’est toutefois plus en sécurité. Sa famille, elle, plaide la protection de la jeune femme face à toutes les menaces de mort, notamment des extrémistes, à son encontre. « Je dois quitter la Tunisie. J’ai reçu beaucoup de menaces de mort et j’ai peur pour ma vie et la vie de ma famille », assure-t-elle lors de cet entretien filmé.

« Je soutiendrai Femen jusqu’à 80 ans »

La jeune tunisienne revient aussi sur son action féministe auprès du mouvement international Femen. « J’encourage leur action. J’aimerai leur dire que tout va bien pour moi avec ma famille ». La vague internationale de soutien que son silence a suscité l’a beaucoup touchée. A toutes ces personnes qui l’encouragent, Amina « les remercie ». Elle précise que c’est ce soutien « qui l’encourage à être forte ». Elle souligne également qu’elle ne regrette rien. «Je soutiendrai Femen jusqu’à 80 ans. Ce sont des vraies féministes », dit-elle.

Son avenir lui paraît incertain. Les bancs de l’école lui étant interdits, cette jeune lycéenne de 19 ans espère quitter la Tunisie n’y trouvant plus sa place. « J’espère que je pourrais continuer mes études à l’étranger. Je veux devenir une journaliste ou quelque chose comme ça, et alors j’aiderai Femen d’une façon ou d’une autre ».

« On a peur pour Amina »

L’ambiance familiale semble adoucie. Amina rapporte avoir eu « beaucoup de chance. Certains auraient tué leurs filles après cet acte mais mon père est assez ouvert avec moi ». Le souci, déplore-t-elle, est « qu’il me voit toujours comme une petite fille. Mais il comprendra que j’ai grandi un jour ou l’autre ».

L’homme présent dans la pièce, identifié comme étant l’oncle d’Amina, s’est voulu responsable et rassurant. « On a peur pour elle. On a peur par les menaces qui circulent sur Facebook. On a peur pour ce qui s’est passé à la Mosquée de Paris. On est contre ! Nous sommes musulmans. Nous respectons nos habitudes et nos coutumes ».

Toutefois, cet homme qui tolère l’expression des droits et des libertés de la femme précise que cette expression a ses limites. « On peut s’exprimer pour le droit de la femme et de sa liberté mais une image qui peut choquer la société, c’est une image qui nous fait, à nous aussi, mal » a-t-il ajouté.

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