Etats-Unis : ils échangent leurs enfants adoptés sur Internet


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Drapeau des Etats-Unis
Drapeau des Etats-Unis

«Quand une Libérienne devient trop encombrante pour ses parents, ils mettent une publicité d’elle sur Internet et l’abandonnent à un couple qu’ils n’ont jamais vu de leur vie. Quelques jours plus tard, la jeune adolescente est portée disparue». C’est sur ce cas consternant que débute l’enquête de Megan Twohey, journaliste d’investigation à l’agence Reuters qui a fini par découvrir que nombreux sont les Américains qui échangent leurs enfants adoptés sur Internet.

Les parents américains postent de plus en plus de publicités de leurs enfants, plus autant désirés qu’à leur arrivée dans le foyer d’adoption. A cause du manque de contrôle du gouvernement, ces enfants sont ensuite échangés depuis le web. De véritables trafics illégaux se sont ainsi tissés. De plus en plus, les enfants sont traités comme des biens, des possessions, par ces parents indignes.

Une journaliste de l’agence Reuters a enquêté sur les parents américains qui, las, échangeaient leurs enfants adoptés quelques années plus tôt. Son constat est effarant. Surtout le cas de Nicole Eason, originaire de l’Arizona, a adopté plus d’une demi-douzaine d’enfants étrangers durant ses dix dernières années. « Quand une Libérienne devient trop encombrante pour ses parents, ils mettent une publicité d’elle sur Internet et l’abandonnent à un couple qu’ils n’ont jamais vu de leur vie. Quelques jours plus tard, la jeune adolescente est portée disparue ». C’est sur ce cas consternant que débute l’enquête de Megan Twohey, journaliste d’investigation à l’agence Reuters. Pendant 18 mois, elle a cherché à éclairer les pratiques du « private re-homing », une solution d’adoption moins onéreuse que l’adoption classique, mais surtout illégale.

Un couple adopte une douzaine d’enfants en 10 ans

« Nous avons adopté une petite fille de 8 ans qui vient de Chine, publie un parent sur une annonce. Malheureusement, cela fait cinq jours maintenant et nous avons déjà beaucoup de mal avec elle ». Il demande alors de partager au maximum l’annonce, « avec ceux qui pourraient être intéressés ». Dans une autre annonce datant de juillet 2012, une femme du Nebraska offre son petit garçon de 11 ans qu’elle a adopté au Guatemala. «J’ai vraiment honte de dire ça, mais je déteste vraiment ce garçon!» Nicole Eason et son mari sont des habitués du « private re-homing », ayant adopté une demi-douzaine d’enfants en une décennie. « Le sens de « adoption illégale », c’est comme de dire « Hey, je peux prendre ton bébé? »» explique-t-elle avec légèreté. De l’illégalité, elle n’en a que faire: «Etre mère me fait sentir importante.» D’après un rapport de police, la famille Eason a déjà été accusée d’abus sexuels sur des enfants qu’ils ont eu à garder. Plus de 5 100 annonces publiées sur une période de cinq ans à partir de la plateforme Yahoo! ont été analysées par l’’agence de presse. En moyenne, un enfant est proposé une fois par semaine. La plupart d’entre eux ont entre 6 et 14 ans et ne sont pas nés aux Etats-Unis, mais en Russie, en Chine, en Ethiopie et en Ukraine. Le plus jeune enfant proposé en échange était un bébé. Il avait 10 mois.

Un garçon lui urine dessus après des rapports sexuels

Les investigations de Reuters ont dévoilé le calvaire quotidien que vivent certains enfants. Une petite Chinoise qui a changé de foyer a raconté qu’elle avait été forcée de creuser sa propre tombe. Inga Whatcott, une autre enfant replacée originaire de Russie, a confié comment un garçon, dans l’une des maisons qu’elle a habitées, lui avait uriné dessus après avoir eu des rapports sexuels avec lui. Elle avait 13 ans à l’époque, et a déménagé trois fois en six mois. Certains parents étaient pourtant bien connus des services d’adoption, à l’image de Nicole Eason. Alors qu’elle venait d’adopter la petite Quita, elle lui a proposé, pour sa première nuit dans sa nouvelle famille, de dormir avec elle et son compagnon, alors que Nicole dort nue. D’autres parents étaient sujets à des troubles psychiatriques avec des tendances violentes. Pourtant, cela ne les a pas empêché d’adopter légalement, et de procéder à ce troc d’enfants ensuite.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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