Elections togolaises sous tension


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Les Togolais s’apprêtent à élire leurs députés dimanche alors que les principaux partis d’opposition ont décidé de boycotter le scrutin. Le gouvernement a pris des mesures sécuritaires pour que ces législatives anticipées, et déjà repoussées deux fois, se déroulent dans le calme. Elles représentent un premier pas vers la présidentielle de 2003.

Les Togolais doivent se rendre aux urnes dimanche. Les élections législatives, définies par l’Accord-cadre de Lomé signé en 1999 entre la mouvance présidentielle et l’opposition, ont enfin lieu. Après avoir été repoussées deux fois (le 14 octobre 2001 puis le 10 mars 2002), elle vont permettre d’élire 81 députés sur les 126 candidats en lice. Le parti au pouvoir est le seul à présenter un candidat dans chaque circonsription et les principaux partis d’opposition ont appelé leurs militants à déserter les bureaux de vote dimanche. Ces élections s’annoncent sous tension. L’opposition conteste la modification du Code électoral par le Parlement en février dernier qui a mené au remplacement de la Commission électorale indépendante (Ceni) par un comité de sept magistrats nommés par la Cour constitutionnelle.

Le Premier ministre Koffi Sama a mis en garde le 19 octobre dernier  » tous ceux qui seraient tentés de provoquer des troubles  » pendant les élections. Dont acte : les militaires et les forces de l’ordre ont commencé à voter jeudi afin de mieux garantir la sécurité des électeurs et des opérations de vote dimanche. De plus, un arrêté du ministère de l’Intérieur fait état de la création d’une  » force mixte  » de sécurité police-gendarmerie baptisée  » force 2002  » chargée  » de mener toute opération de sécurité avant, pendant et après les élections « . Enfin,  » les débits de boissons, restaurants et autres lieux de réjouissance seront fermés au public dimanche de 6 à 18 heures sur toute l’étendue du territoire « , a précisé jeudi le ministère dans un communiqué.

35 ans de pouvoir

Le général Eyadéma est au pouvoir depuis 35 ans. Il détient le triste record d’Afrique de longévité à la tête d’un Etat. Alors chef d’état-major, il accède au pouvoir le 13 janvier 1967, après avoir renversé le président Nicolas Grunitzky, qu’il avait contribué à mettre en place en 1963 à l’issue d’un premier coup d’Etat. Il est réélu en 1993 lors d’une consultation boycottée par l’opposition, puis en 1998, à la suite d’une élection contestée par l’opposition. En mars 1999, lors de législatives boycottées par les partis d’opposition, son parti, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), remporte la quasi-totalité des sièges au Parlement.

Lors de la signature, en 1999, de l’Accord-cadre de Lomé, il s’engage à ne pas se représenter lors de l’élection présidentielle de 2003 (ce que la Constitution ne permet pas quoi qu’il en soit) et à convoquer de nouvelles législatives anticipées. Celles de dimanche.

Gnassingbé Eyadéma a dissous l’Assemblée nationale le 10 octobre dernier et a déploré le désistement des grands partis d’opposition : l’Union des Forces du Changement de Gilchrist Olympio, la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP, fusion de quatre partis) d’Edem Kodjo, le Front (coalition de quatre partis) de Yawovi Agboyibo et le Parti pour la Démocratie et le Renouveau (PDR) de Zarifou Ayéva.  » Chaque Togolais doit apporter sa contribution dans le bon sens. Cette stratégie de boycott vise à conduire le pays dans le vide politique propice à toutes sortes d’aventures dont on connaît les ravages dans d’autres pays « , a-t-il déclaré.

Situation économique difficile

Le Togo, petit pays de 4,7 millions d’habitants, coincé entre le Ghana (à l’ouest) et le Bénin (à l’est), connaît depuis les années 90 une situation économique difficile. Suite aux tensions politiques et sociales du début des années 90, l’Union européenne a suspendu sa coopération en 1993 et conditionne toute reprise de son aide financière à des  » élections démocratiques « . Le pays doit faire face à une accumulation des arriérés de paiement et à une dette extérieure, évaluée fin 2001 à 952,3 milliards de F CFA (1,45 milliard d’euros). La croissance est remontée en 2001 à 2,7% contre -1,9% en 2000, mais l’activité économique a peu évolué ces trois dernières années et l’inflation s’est aggravée, passant d’un taux annuel de 1% en 1998 à 2,9% en 2001.

Même si le résultat des élections de dimanche semble joué d’avance, ce scrutin devrait donner le coup d’envoi des grandes manoeuvres politiques en vue de la présidentielle de 2003.

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