Élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun : quels enjeux ?


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Vote (illustration)
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Avec seulement 13 candidats retenus sur 83 dossiers déposés, l’élection présidentielle camerounaise s’annonce comme un scrutin aux multiples défis. Entre participation électorale, stabilité sécuritaire et attentes économiques, les enjeux sont considérables pour ce pays d’Afrique centrale.

Scrutin majeur du calendrier politique d’un pays, l’élection présidentielle au Cameroun se déroulera le 12 octobre prochain. Depuis la publication des 13 candidats retenus sur 83 dossiers déposés pour participer à ce scrutin, les acteurs politiques de ce pays se trouvent actuellement dans une phase de construction stratégique face aux différents enjeux qui se profilent à l’horizon.

Le défi de la participation électorale

L’un des enjeux majeurs de cette élection est clairement le taux de participation électorale. En effet, jusqu’à la veille de la convocation du corps électoral par décret présidentiel, l’inscription sur les listes et la sensibilisation des citoyens sur les conditions de vote avaient pris une ampleur palpable. Le taux de participation électoral constitue l’un des défis que le parti au pouvoir et l’opposition veulent remporter afin de garantir un scrutin disputé pour chacun de leurs camps.

L’enjeu sécuritaire, un test pour la stabilité

Depuis quelques années, malgré une apparente accalmie, le Cameroun a connu des tensions particulièrement violentes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. S’ajoutent à cela la menace de la secte Boko Haram dans l’Extrême-Nord, sans oublier les défis liés à la criminalité transfrontalière.

Ces questions font partie des priorités de l’enjeu sécuritaire et de stabilité du pays lors de cette élection, qui sera aussi un test de la capacité du pays à organiser un scrutin apaisé et transparent après le début de reconstruction des régions sujettes à la violence.

Paysage politique : vers une élection compétitive ?

Sur le plan politique, l’élection soulève également des questions sur l’évolution du paysage au niveau des acteurs politiques. Si le RDPC, parti au pouvoir, reste une force dominante et presque inébranlable, les partis d’opposition aimeraient bien afficher un rapport de force convaincant. Mais avec l’éviction de la candidature de l’un des opposants majeurs de ce scrutin, la question se pose de savoir si le parti au pouvoir trouvera un challenger capable de l’ébranler.

S’il est vrai qu’on retrouve actuellement de nouvelles figures dans le camp des partis d’opposition, il faut noter que l’inertie dont font preuve ces partis et leur refus de faire bloc laissent un champ libre au RDPC qui, depuis des décennies, ne cesse de montrer sa puissance sur le territoire national. L’enjeu est donc double : assurer une élection compétitive et inclusive, mais surtout écouter et répondre aux aspirations d’une partie de la population qui réclame une alternance politique au sommet de l’État.

Les défis économiques et sociaux

L’enjeu économique n’est pas en reste pour ce scrutin d’octobre 2025. En effet, les défis de la lutte contre le chômage des jeunes, la fuite des cerveaux, l’implication des jeunes dans le secteur privé, et l’accès aux services sociaux dont l’éducation et la santé devront être traités et discutés par les prétendants au siège présidentiel, tant ces sujets sont importants pour les citoyens camerounais.

Les candidats verront donc leurs programmes scrutés de fond en comble car, selon les « murmures du peuple », la population attend des programmes axés sur les questions de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption et de réformes structurelles visant à renforcer l’attractivité économique du Cameroun.

Continuité ou alternance : l’avenir en question

Si, à cet instant, à deux mois du scrutin présidentiel, le résultat final reste incertain, deux dynamiques se dessinent pour le lendemain du 12 octobre : soit une continuité politique avec une consolidation des acquis, soit une ouverture vers l’alternance ou le changement qui pourrait ouvrir la voie à des réformes institutionnelles et économiques.

Entre changement, aspirations démocratiques et continuité, une chose est certaine : les électeurs du 12 octobre auront la responsabilité de trancher sur la direction à prendre pour les sept années à venir. Cette année électorale sera des plus déterminantes pour ce pays qu’est le Cameroun, souvent surnommé « l’Afrique en miniature » par sa diversité.

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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