Egypte : le régime de Sissi plus répressif que celui de Moubarak ?


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Quatre ans après la chute de Hosni Moubarak, la répression est toujours de mise en Egypte. Les organisations de défense des droits de l’Homme estiment même que le régime du Président Abdel Fattah al-Sissi est plus répressif que celui de Hosni Moubarak. Au moins 20 personnes ont été tuées dimanche lors des manifestations célébrant l’anniversaire de la révolte de 2011, prouvant que la police égyptienne tue toujours.

« La Révolution en Egypte n’est pas terminée. Elle ne fait que commencer », a l’habitude de dire cette blogueuse égyptienne qui a aussi contribué à la chute de Hosni Moubarak. Quatre ans après le départ de ce dernier, en février 2011, suite à la révolte populaire contre son régime, l’Egypte n’est pas plus apaisée. La répression est toujours de mise. Selon les organisations de défense des droits de l’Homme, le régime actuel d’Abdal Fattah al-Sissi est même plus répressif que celui de Hosni Moubarak.

Les manifestations célébrant le quatrième anniversaire de la révolution, dimanche 25 janvier 2015, le prouvent une nouvelle fois. La répression policière, en effet, a été là aussi implacable. Au moins 20 personnes, dont deux policiers, ont péri dans des affrontements avec les forces de sécurité, a annoncé le ministre de l’Intérieur Mohamed Ibrahim. Selon lui, la plupart des victimes ont trouvé la mort dans un quartier du nord du Caire, Matareya, où les heurts ont duré plus de douze heures. Il a aussi précisé que 516 personnes, partisans de la confrérie des Frères musulmans, interdite, ont été arrêtées. Ces personnes interpellées « sont soupçonnées d’avoir tiré des munitions, posé des bombes et fait exploser certains locaux », selon le ministre.

Des organisations de défense des droits de l’Homme, telle que Human Rights Watch, dénoncent régulièrement « l’usage excessif de la force par la police en Egypte contre des manifestations pacifiques ». Les autorités égyptiennes répriment, en effet, toujours les Frères musulmans, interdits également de manifestations. C’est la confrérie d’où est issu l’ancien chef de l’Etat Mohamed Morsi, destitué le 3 juillet 2013, sur les ordres d’Abdel Fattah al-Sissi, qui dirigeait alors l’armée avant d’être élu à la tête du pays, après la période de transition.

« La police tue toujours »

L’arrivée de Sissi au pouvoir n’a pas permis pour l’heure à l’Egypte de se débarrasser de ses vieux démons. La violente répression policière, qui a en partie provoqué la chute de Hosni Moubarak, demeure, selon Human Rights Watch. « Quatre ans après la révolution, la police tue toujours régulièrement des manifestants », rappelle l’ONG. Pour symboliser cette situation qui se poursuit en Egypte, les internautes ont fait circuler sur les réseaux sociaux la photo de Shaïmaa al-Sabbagh tuée lors des manifestations. Sa mort a ému les Egyptiens mais aussi du monde entier. Agée de 34 ans, la jeune femme marchait dans les rues du Caire en compagnie d’autres manifestants lorsque la police a ouvert le feu sur la foule. Touchée par un tir de chevrotine, Shaïmaa al-Sabbagh a agonisé dans les bras d’un inconnu venu à son secours. La scène a été immortalisée par un photographe de l’agence Reuters et a vite fait le tour du monde, symbolisant la violente répression des forces de l’ordre en Égypte.

Il n’est pas exclu qu’il y ait d’autres Shaïmaa al-Sabbagh dans une Egypte où les manifestations sont toujours violemment réprimées. Comme si le soulèvement contre Hosni Mouabarak, il y a quatre ans, n’y avait rien changé…

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