Ces dysfonctionnements à la mairie de Thiès qui fâchent la population


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La mairie de Thiès
La mairie de Thiès

La mairie de Thiès, ville située à 70 kilomètres de Dakar, polarise toutes les colères des populations désireuses de se procurer un document administratif. C’est la croix et la bannière pour obtenir une signature. Pour quelles raisons?

L’hôtel de ville de Thiès, qui abrite les bureaux du maire de la ville, est un haut lieu d’activités administratives. Entre les actes de naissance, de décès, de mariage… l’institution est censée délivrer des sésames aux citoyens de la ville, moyennant des sommes modiques allant de 200 à 300 FCFA, pour des droits de timbre. Seulement, les procédures administratives sont de nature à décourager les populations. Pour ne pas dire les irriter.

« Il est difficile d’avoir un acte administratif dans la journée. A chaque fois, il faut revenir deux ou trois jours après le dépôt. Juste pour obtenir une copie d’un extrait de naissance. C’est inadmissible ! On se rend compte qu’il est impossible de faire face à une urgence. C’est comme ça depuis des années. On pensait qu’avec le nouveau maire Babacar Diop, les choses allaient changer. Mais rien. C’est toujours la routine. C’est écœurant », déplore cet homme, la cinquantaine.

La patience est de mise à la mairie

L’homme aura bouclé son intervention par un tchipe qui en dit long sur son amertume face à l’attente qui a certainement tiré en longueur. « Ici, c’est comme ça. Il faut vraiment être patient avant d’entrer en possession de son document. Il faut tout le temps attendre la signature. Chaque fois, c’est la même chanson. On n’a pas le choix, on attend le rendez-vous donné par l’agent de comptoir. Heureusement que celui qui m’a reçu a été sympa », déclare une femme, foulard bien noué.

« J’ai déposé mon document mardi, au lendemain de Noël. On m’a demandé de repasser ce jeudi 28 décembre. Je viens, on me demande de patienter encore. C’est terrible ce qui se passe ici », poursuit la dame, habillée d’un tissu wax cousu en mode pagne et taille basse. A côté d’elle, d’autres patientent. Certains ont la chance d’avoir pu soumettre leur cas au chef de service, qui diligente leur dossier. Ils n’auront pas besoin de patienter deux ou trois jours.

« Il se trouve que tous ceux qui doivent signer les documents administratifs ont un travail ailleurs… Ils ne viennent ici que lorsqu’ils ont un temps libre »

Ceux-là, en effet, pourront repasser récupérer leur document dans l’après-midi, après la signature. « Il faudra revenir mercredi, monsieur. Lundi c’est férié », lance un agent à un sexagénaire. « Excusez-moi monsieur, le problème est que j’en ai besoin en toute urgence », rétorque le vieux, bonnet blanc bien en place. Son visage cachait mal sa désolation. Mais l’agent insiste qu’il ne pouvait pas se permettre de fausser un rendez-vous. « Je préfère que vous reveniez jeudi récupérer votre extrait », conclut l’agent sur un ton ferme.

Le sexagénaire n’avait rien d’autre à faire que de s’exécuter. « Monsieur, notre travail se limite à authentifier les informations sur les documents, à remplir les différentes cases sur l’extrait et soumettre le tout à la signature ». Telle est la réponse que venait de servir un autre agent à un quinquagénaire, chemise blanche, pantalon noir. Ce dernier se dirige vers le chef d’agence qui tente de trouver une solution. Sans lui garantir que son document sera prêt dans la journée de ce jeudi.

La venue d’un nouveau maire n’aura rien changé

Tous ont le même problème qui retarde la délivrance de leur document : la signature. Pour quelles raisons cette signature pose-t-elle tant problème? « Il se trouve que tous ceux qui doivent signer les documents administratifs ont un travail ailleurs. Certains sont des médecins, d’autres exercent une autre profession. Ils ne viennent ici que lorsqu’ils ont un temps libre. C’est ce qui fait les signatures posent problème », nous souffle un agent sous le couvert d’anonymat.

Une situation qui fait perdre beaucoup de temps, mais aussi d’énergie aux populations de la Capitale du Rail. La venue d’un nouveau maire n’aura , en effet, rien changé. Du moins côté administratif. En effet, si Babacar Diop a offert une belle décoration de Noël aux populations thiessoise, ce n’est pas assez. C’est l’avis de Fama Niang, ambulante. « C’est bien beau de décorer la ville pendant ces périodes de fête, mais l’urgence st ailleurs. Le maire devrait s’atteler à s’entourer de personnels capables de répondre aux exigences des populations en matière administrative. C’est cela la priorité », confie la trentenaire.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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