Du pas au trépas !


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Baobab
Eléphant à l'ombre d'un baobab

Les peuples vont et viennent comme le levé et le couché du soleil, les illusions et désillusions se dissipent, les faveurs et les défaveurs engendrent à tour de rôle les classes sociales qui se réveillent brutalement quand le temps impose la vérité et la justice.

Par Souleymane Bah

Refusant d’écrire notre histoire, nos ancêtres nous laissent l’habileté et l’intelligence de prendre nos responsabilités, aussi honteuses, douloureuses, onéreuses ou joyeuses qu’elles soient, devant les futures générations.

Cela exige une certaine relativisation de la pensée permettant, de regarder s’éloigner un passé récent douloureux fait de cinquante années de privations de toutes sortes, tout en étant assied sur un présent fait d’incertitude, scruter l’horizon dans l’attente d’un futur fait de bonheur pour nos enfants et pour tout un peuple longtemps meurtri.

L’arbre qui défit le temps (par sa résistance et sa longévité) fut choisi par les peuples Baga et Peulh pour symboliser l’éternité de leur union en nommant la ville Télimélé (Tely en Peulh et Mely en Baga).

Cette ville qui a connu le creux des vagues dans son histoire avec l’arrivée des Portugais (chez les Bagas) et Français (chez les Peulhs) est mal comprise par nos autorités qui l’ont ignoré pendant plus de cinquante ans.

L’abus de pouvoir a fini par avoir raison de cette paisible population qui vivait de l’agriculture, de l’élevage, de la chasse, de la pêche, du commerce…

L’exploitation du minerai de bauxite venant de Télimélé et des régions limitrophes, n’a favorisé que le vol organisé, souvent soutenu par les représentants locaux de l’État, pour alimenter différents marchés du pays en Viandes (bœuf, chèvres, mouton, singe, cochon sauvage…), Fruits (banane, orange…), Tubercules (igname, patate, taros…), céréales (riz, maïs, fonio, sorgho, arachide, haricot…), Huile de Palm, etc.

Pourtant un projet de développement économique, social et culturel est possible pour redonner la joie de vivre aux résidents de cette ville.

Mais, c’est sans compter aussi sur les divisions internes entre familles, clans… qui n’osent pas se regarder en face. Sachant bien que nous soyons dans l’obligation de vivre ensemble ou d’être toujours comme des crabes qui ne se réunissent que pour garnir une soupe ou une grillade.

Dans ces conditions, même avec un sol et sous-sol riche, il sera difficile et même impossible de réussir à bâtir une communauté forte qui, aujourd’hui, est composé de toutes les ethnies qui peuple la Guinée. On comprend que, la pire de toutes les crises est la crise de confiance.

Les pouvoirs publics doivent aussi montrer l’exemple de justice et de respect des lois pour imposer une vie paisible aux citoyens non seulement de Télimélé mais aussi de la Guinée tout entière.

Sinon comment pouvons-nous expliquer que Télimélé, pendant les cinquante ans de notre « indépendance » n’a eu qu’un seul ministre dans les gouvernements successifs?

Nous devons mettre fin à cette interminable guerre que se livrent nos frères et sœurs, famille, … qui déshonorent Télimélé et la Guinée.

Pour l’amour de nos enfants, faisons face à la vérité afin que cette injustice s’arrête à jamais.

Ayons la sagesse et acceptons-nous sans nous faire du mal avec mots que même le temps aura des difficultés à cicatriser.

Chaque groupe a des bons et mauvais membres cela ne fera jamais un bon ou mauvais groupe.

C’est pour toutes ces raisons que, moi-même (Souleymane Bah) étant descendant des Alphaya du Foutah, je demande solennellement au nom de mes ancêtres, mes parents, ma famille « UN SINCERE PARDON ET UN PROFOND REGRET » à toutes les personnes vivantes ou décédées et aux familles victimes, de près ou de loin, des dommages physiques, morales et psychiques occasionnés par le pouvoir des Alphaya et Sorya.

Je demande PARDON à tous mes frères et sœurs, cousins et cousines, oncles et tantes, pères et mères qui seront offensés par ma démarche.

Il faut noter qu’être « PEULH » c’est le respect d’une culture de la tolérance, de paix, la recherche du savoir et de la sagesse, la croyance en Dieu entre autres.

Etre descendant d’un parent Peulh n’autorise personne à se réclamer « PEULH » sans le strict respect des préceptes de la culture Peulh. Ceci dit, toute personne peut se réclamer « Peulh » sans avoir à justifier un lien de sang.

Je PARDONNE et demande à mes parents, familles et amis (es) de PARDONNER ceux qui ont persécuté, tourmentée ma famille et poussés ses membres dans les griffes de l’Exil qui a occasionné de la séparation, des décès, des emprisonnements, du mépris, de l’isolement et de douloureuses errances à travers le monde.

La langue Peulh attribut « MADJOUDO » (Perdu en Peulh et non-esclave) à toute personne qui n’est pas éclairée par le savoir qu’il soit descendant d’une mère et d’un père PEULH ou d’autre ethnie.

Ainsi, il y a lieu de reconnaître que la noblesse n’est pas un métier c’est tout simplement un honneur qu’il faut mériter. Donc, faisons le deuil de nos mésententes pour qu’à l’avenir chacun soit jugé individuellement selon ce qu’il ou elle apporte comme contribution au développement positif de sa communauté.

Ceci nécessite un pardon sans réserve. Travaillons, ensemble, pour que l’avenir de nos enfants soit garanti par l’éducation, la culture de paix et du travail. Donnons-nous la main pour que la joie de vivre revienne partout en Guinée et en particulier que les habitants de Télimélé comprennent qu’il n’est jamais trop tard.

Seul notre tolérance et notre sagesse faciliteront l’avenir des futures générations. Nous savons combien de fois la vie est difficile du premier pas au trépas.

Télimélé n’ayant jamais connue un vrai développement, manque d’infrastructures : sanitaire, scolaire, routière, … je demande : aux bonnes volontés, aux enfants ressortissants de Télimélé de mettre tout en œuvre pour le désenclavement afin de sortir la ville de son état de ville-antiquité.

Que Dieu, le Tout puissant, accorde la paix, la prospérité aux enfants de Télimélé, de la Guinée et de l’humanité tout entière.

Merci,

Souleymane Bah, USA

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