DNA-Algérie ne veut pas faire de « l’info McDo »


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Faire la part belle à l’investigation : tel est le leitmotiv de DNA-Algérie, un magazine d’investigation en ligne lancé il y a un peu moins d’un mois par Farid Alilat. Après avoir été patron de presse à Alger, collaboré un temps à Jeune Afrique et Afrique Magazine, ce journaliste algérien a décidé de lancer son propre média. Entretien.

Dernières nouvelles d’Algérie (DNA), tel est le nom du tout dernier né de la presse algérienne sur le Web. Farid Alilat, ancien journaliste à Jeune Afrique et Afrique Magazine, ex-directeur du quotidien algérien Liberté, est à l’origine de ce magazine d’investigation. DNA-Algérie, visible depuis tout juste un mois, veut ramer à contre-courant de la presse Internet et son information rapide. Son credo : prendre le temps de fouiller, vérifier, recouper, avant de publier. Quitte à se faire « griller » par les confrères, indique Farid Alilat.

Afrik.com : Comment vous est venue l’idée de lancer Dernières nouvelles d’Algérie ?

Farid Alilat : L’idée de lancer un magazine remonte à quelques années. Elle trottait dans ma tête depuis que j’ai quitté l’Algérie. Lancer un magazine papier nécessite un investissement important. Il faut un local, du matériel, payer l’imprimerie… A défaut d’un journal papier, et faute de moyens, j’ai lancé ce site. Je voulais, en outre, mener une nouvelle expérience. Cela fait 19 ans que j’exerce ce métier. Je suis passé par toutes les étapes. J’ai été simple journaliste, chef de rubrique, directeur de rédaction, puis directeur de publication. Je lance maintenant mon propre journal.

Afrik.com : Quelle est la valeur ajoutée de ce média ? Comment comptez-vous vous faire une place parmi la centaine de publications qui compose le paysage médiatique algérien ?

Farid Alilat : Ce qu’on a envie de faire, c’est un magazine d’investigation. Bien sûr, l’information fraîche a toute sa place mais notre priorité, ce sont les reportages et les enquêtes. Souvent, la presse qui traite de l’Algérie pêche par excès de commentaires et d’analyses, au détriment de l’information. Fouiller, vérifier, recouper, cela se fait de moins en moins. Et notre ambition, c’est justement de ne pas faire du journalisme McDonald’s, des informations à la chaîne. S’il faut prendre deux ou trois jours pour vérifier une information, nous le ferons. Quitte à se faire griller par les confrères.

Afrik.com : Comment fonctionne la rédaction de Dernières nouvelles d’Algérie et comment comptez-vous rentabiliser votre activité ?

Farid Alilat :Nous sommes une petite équipe d’une dizaine de collaborateurs entre ici et l’Algérie. Nos collaborateurs interviennent en fonction de l’actualité et de leur disponibilité. Nous essayerons d’étoffer l’équipe, de façon progressive. Nous venons à peine de commencer, avec un tout petit budget. Nous n’avons pas de bailleur de fonds, ni de milliardaires, ni de généraux qui nous soutiennent. Et nous espérons que les annonceurs pourront nous faire confiance prochainement. Il y a un temps d’attente. Car les annonceurs, et c’est légitime, veulent s’assurer de la qualité du produit.

Afrik.com : Des médias algériens sur Internet se sont récemment plaints de censure. Pensez-vous que les autorités algériennes veulent exercer un contrôle sur le journaux Web ?

Farid Alilat :Nous ne sommes pas un journal d’opposition, nous n’avons pas de chapelle politique. C’est un journal d’information, un magazine d’enquêtes. Maintenant, on nous dit qu’il y a des velléités de la part des autorités algériennes de contrôler le flux Internet comme c’est le cas dans d’autres pays, par manque de démocratie. Une loi récente autorise à contrôler Internet sous la notion assez floue de lutte contre la criminalité et le terrorisme. S’il y a censure, on trouvera toujours moyen de la contourner. Il y a toujours des espaces de liberté à conquérir.

Afrik.com : Comptez-vous profiter des possibilités qu’offre de le Web 2.0 pour rendre le site interactif ?

Farid Alilat : Nous allons le faire progressivement. Nous avons commencé par ouvrir un espace dédié aux commentaires. Mais, il ne faut pas brûler les étapes. Nous sommes une petite équipe, et nous venons tout juste de commencer. Nous n’avons pas les moyens de rivaliser avec de grands sites. Essayons d’abord de faire une information fiable et agréable à lire.

Afrik.com : Vous êtes-vous fixés des objectifs en termes de visites ?

Farid Alilat : Nous ne nous sommes pas fixés de limites. Notre grande satisfaction a été d’abord de lancer ce produit. Les échos qui nous viennent d’ici et d’Alger sont très favorables. Les gens qui nous lisent nous disent que le site est riche, aéré et agréable à lire.

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