Djibouti : l’opposition n’ira pas aux élections régionales


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Maki Houmedgaba, le représentant en France l’Alliance républicaine pour le développement, a déclaré à la PANA que l’opposition djiboutienne, qui avait déjà boycotté la présidentielle d’avril, ne participera pas non plus aux élections régionales de novembre. Elle dénonce d’ores et déjà une « mascarade électorale ».

L’opposition djiboutienne, regroupée au sein de l’Union pour l’alternance démocratique (UAD), a décidé de ne pas participer aux élections régionales prévues en novembre prochain dans le pays, a annoncé samedi à Paris, Maki Houmedgaba, un de ses responsables. « Nous estimons que le pouvoir du Président Ismaïl Omar Guelleh n’a pas respecté les engagements qu’il a pris en 2000 lors de la signature des accords de paix, notamment le point sur la décentralisation. Nous ne pouvons pas dans ces conditions nous associer à une mascarade électorale », a-t-il déclaré à la PANA.

« Les élections sont un jeu normal dans une démocratie qui fonctionne. Ce n’est pas le cas à Djibouti où la presse est muselée, la justice sous pression et les opposants harcelés. Nous n’irons pas aux régionales pour éviter de donner du crédit à ce faux-semblant de démocratie », a expliqué M. Houmedgaba, par ailleurs représentant en France l’Alliance républicaine pour le
développement (ARD). L’opposant djiboutien a également accusé le pouvoir de son pays d’avoir créé une cinquième région administrative dans le seul but de « fausser l’équilibre ethnique et démographique » à Djibouti. « La création de cette cinquième région n’obéit qu’à la volonté du Président Guelleh et de sa majorité de renforcer l’influence de leur clan dans les affaires politiques. Nous considérons qu’il s’agit d’une démarche anti-démocratique qui conforte notre décision de ne pas aller aux élections », a insisté le porte-parole en France de l’UAD.

Vers une remise en cause de la stabilité ?

Selon lui, la crise de confiance entre le pouvoir djiboutien et son opposition pourrait remettre en cause la paix et la stabilité revenues dans le pays à la faveur de la signature en 2000 d’un accord de paix qui a été suivi par l’abandon de la lutte armée par le Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie (FRUD). « Nous savons que le pouvoir se prépare à gonfler, comme lors de la présidentielle d’avril dernier, le taux de participation aux régionales. Cela ne suffira pas, de toute façon, à masquer le réel malaise que connaît le pays. Rien ne garantit aujourd’hui que ce déni de démocratie à Djibouti ne réveillera pas les vieux démons de la lutte armée dont le pays a tant souffert. Il est de la responsabilité du pouvoir d’éviter qu’on en arrive là », a conclu Maki Houmedgaba.

L’UAD, qui entend boycotter les élections régionales, réunit le Mouvement pour le renouveau et la démocratie (MRD), l’Union pour la démocratie et la justice (UDJ) et l’ARD. Les trois partis avaient en avril dernier déjà boycotté la présidentielle, remportée avec près de 95 % des voix par le Président Ismaïl Omar Guelleh.

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