Didier Bléou : La (nouvelle) star de l’audiovisuel ivoirien


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Didier Bléou. Vous ne pouvez pas le manquer si vous vivez en Côte d’Ivoire. Il est en effet devenu, en quelques années, l’enfant chéri de l’audiovisuel ivoirien. Avec son émission radiophonique « Bonjour le jour ! » et les programmes télévisés qu’il animent pour la première chaîne de la télévision publique ivoirienne, il est devenu le chouchou du public. Mais celui qui a été sacré Meilleur animateur radio 2003 est en réalité un homme réservé.

De prime abord Didier Bléou est un homme réservé. Et cette première impression ne fera que se confirmer. L’homme se livre difficilement. Le seul lieu où il se laisse vraiment aller, comme il le dit lui-même, c’est face à un micro. Car faire carrière dans l’audiovisuel a toujours été un rêve. Tout en étant « un choix conscient ». « J’ai toujours rêvé de faire de l’animation à la télévision ou à la radio », confie Didier Bléou. Un rêve aujourd’hui réalité pour celui qui fut sacré, en 2004, meilleur animateur de radio commerciale 2003. Un prix décerné par la Fédération des producteurs et animateurs radio et télé, mais surtout par le public.

Un rêve devenu réalité

L’étoile Didier Bléou est née dans le ciel de l’audiovisuel ivoirien lorsque le jeune homme était en classe de terminale. Il est alors au lycée Garçons de Bingerville et c’est lui qui anime le bal de fin d’année. Il se fait remarquer par un certain M. Ouegnin qui le recommande à Yves Zogbo Junior (homme de média ivoirien) qui est alors une star incontestée du petit écran. Mais Yves n’a pas une minute à lui accorder. Didier ne se décourage pour autant. Il est, pendant plusieurs semaines dans les années 92/93, un visiteur assidu du siège de la Radio Télévision Ivoirienne (RTI) situé à Cocody (quartier de la ville d’Abidjan). A tel point que Jeff Aka, chef de plateau de Junior, son réalisateur aujourd’hui, l’apostrophe. « Petit, tu fais quoi ? Tu viens ici tous les jours. Va à l’école ! Tu reviendras après tes études et nous serons toujours là. La télé sera toujours là », lui dit-il familièrement, à l’image d’un grand frère.

Ce conseil, il le prendra un peu au mot. Didier Bléou s’inscrit à la faculté de droit. Cependant en 1995, l’université ivoirienne à quelques problèmes. Et là, il se fait rattraper par ses premières amours. Didier s’inscrit à l’Ecole française des attachés de presse. Il y suivra une formation en journalisme. Et sa première expérience audiovisuelle se fera à Africa n°1. Nous sommes en décembre 1998. La radio africaine vient d’ouvrir son antenne abidjanaise et elle le recrute. Mais l’aventure « africaine » sera de très courte durée. Elle s’achève en 1999. Après, « j’ai trimé pendant un an », raconte-t-il. La chance finit néanmoins par lui sourire. Paul Dokui, sous-directeur des programmes à la radio nationale l’a remarqué et apprécie son travail. Contre l’avis de beaucoup, il lui confie, le 7 juin 2000, « Bonjour le jour », une matinale. Le test sera convaincant puisqu’il continue de présenter cette émission.

L’ami des téléspectateurs et des auditeurs

Un an plus tard, la chance va être encore au rendez-vous. On lui propose d’animer « Panache », une émission de variété sur TV2, la deuxième chaîne publique nationale. A cette émission, il donnera un cachet, fruit de sa prestance, de son charme et d’un soupçon de légèreté, qui en feront un véritable succès en termes d’audimat. Et qui surtout le rendront incontournable dans le paysage médiatique ivoirien. L’animateur se souvient : « j’étais tranquillement chez moi, un mardi après-midi, quand j’ai reçu un coup de fil de Keita Aboubakar Sidiki, le réalisateur de l’émission ». Il lui demande de venir animer, au pied levé, le programme. Il accepte de relever le défi.

Puis, Soom Saint-Felix, l’animateur habituel de « Panache » revient et la vie continue comme si de rien n’était jusqu’en septembre 2001 où la présentation du programme lui sera définitivement confiée. Début 2004, il doit pourtant faire ses adieux à « Panache », l’émission qui l’a en quelque sorte révélé aux Ivoiriens. Georges Aboké, alors directeur général de la RTI, mais surtout le père de « Tempo », lui propose d’animer ce programme de variété, émission phare de la première chaîne de la télévision ivoirienne, qui est diffusée tous les quinze jours le samedi midi. Et si Didier se lâche moins, il reste toujours aussi bon présentateur. L’homme se fait toujours un point d’honneur de ne pas décevoir son public. « Il n’y a pas de plus grand bonheur que lorsque le public reconnaît votre travail », dixit Sieur Bléou. C’est même un honneur pour celui qui veut seulement « être l’ami de ceux qui le regardent ». Et il s’évertue tous les jours à gagner la confiance des auditeurs et des téléspectateurs.

« Les gens sont méchants »

Cependant, le succès à un prix. « Les gens sont méchants, constate Didier Bléou révolté. Ils racontent n’importe quoi sur vous dans le but de vous briser, de vous salir, de vous détruire…au lieu de vous faire des remarques constructives. Je suis quelqu’un de très réservé. En réalité, je ne me retrouve vraiment que sur un plateau ». On le croit sur parole. A l’antenne, sa prestance et son charme naturels font de lui un régal audiovisuel. Et les Ivoiriennes ne se lassent de le savourer. Il est le chéri de ces dames mais pas seulement. Il a su se faire aimer du public ivoirien. Une proximité qui explique en partie son amour pour la radio. « Avec elle, on a la chance de pouvoir s’adresser à quelqu’un qui se trouve au fin fond de la campagne et qui n’a pas accès à l’électricité. Vous devenez forcément un ami. Je dois tout à la radio ! C’est là que j’ai fait mes débuts.» Et la radio le lui rend bien, la télévision aussi d’ailleurs.

C’est pourquoi, en dehors d’être reconnu au-delà des frontières de son pays, il ne souhaite qu’une chose : disposer de moyens financiers et techniques qui leur permettent, à ses collègues et à lui, de toujours mieux faire. Bien que son pays traverse une crise sans précédent, « c’est dommage, dit-il, je pense que c’est leur ventre qui les (les politiciens, ndlr) intéresse », il reste confiant. Sa foi en l’avenir, il la puise dans sa foi en Dieu et dans l’affection de son enfant et des siens. Même si sa famille à lui n’est pas encore tout à fait établie, puisque M. Bléou est encore célibataire. Mais hors du cocon de ceux qui l’ont toujours aimé, l’homme se préserve. Il est donc très secret – ses lunettes lui sont alors fort utiles – un trait de caractère qui excuse un peu sa coquetterie. Il ne veut pas avouer son âge. Sensible, c’est un autre adjectif qui qualifie bien l’animateur. Malheureusement, Didier Bléou a choisi de faire carrière dans un univers impitoyable et où, heureusement, les blessures qui lui sont infligées sont supportables grâce au public. Car on l’aime. Son gros lot en définitive, c’est de nous avoir conquis. Et celui qui anime également « Jackpot », l’une des émissions de la Loterie nationale de Côte d’Ivoire, sait de quoi il en retourne !

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