Deux semaines après le putsch : le Mali dans l’impasse


Lecture 4 min.
Carte du Mali
Carte du Mali

La situation est toujours incertaine au Mali deux semaines après le putsch qui a renversé le président ATT. Le pays désormais coupé en deux doit faire face aux foudres de la communauté internationale et de la Cedeao qui a imposé un embargo diplomatique et financier sur le Mali. Alors que la situation humanitaire se dégrade, la situation politique est dans l’impasse avec le report de la convention nationale qui était prévue pour ce jeudi.

Quatre jours après l’entrée en vigueur de l’embargo décrété par les Etats membres de la Cédéao, la population de Bamako s’est ruée sur les stations-service et les banques pour faire des réserves de carburant et d’argent liquide. Pour les habitants de la capitale cette mesure aura des effets néfastes sur leur quotidien. Les Etats membres de la Cédéao ont convenu de fermer leurs frontières avec le Mali et de geler ses fonds à la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour contraindre les auteurs du putsch du 22 mars à rétablir l’ordre constitutionnel. Ils envisagent en outre d’activer la force militaire de l’organisation. On ignore cependant encore quand et avec quel mandat des troupes ouest-africaines pourraient intervenir. Leurs chefs d’état-major doivent se réunir jeudi pour donner leur feu vert à la levée d’une force de 3 000 hommes. La junte a pour sa part ignoré la demande des pays voisins du Mali pour qu’elle rentre immédiatement dans les casernes, se contentant de renouveler son offre d’un dialogue politique sur une transition vers un pouvoir civil.

Report de la convention nationale

Une convention nationale devait avoir lieu ce jeudi. Mais La junte a annoncé mercredi soir sur les antennes de la télévision nationale le report de cette rencontre à laquelle elle avait invité les forces vives de la nation. Les motifs mis en avant par les militaires pour justifier le report de la convention sont entre autres « une meilleure préparation et réflexion ». Cette décision intervient après l’annonce du boycott de la convention par le Front Uni pour la Sauvegarde de la démocratie (FDR) composée d’une cinquantaine de partis politiques.

En effet Le Front uni pour la sauvegarde de la Démocratie et de la République avait annoncé sa non-participation à la convention nationale. Selon Siaka Diakité, secrétaire général de l’UNTM (Union Nationale des travailleurs du Mali) les termes de référence de cette Convention, le nombre et la qualité des participants, son contenu, ses objectifs et ses modalités d’organisation ne sont pas définis. Pour le FDR la tenue de cette Convention est contraire et incompatible avec le retour à une vie constitutionnelle normale. Cette conférence est censée décider de la forme que prendra la transition vers un régime civil.

Le règne des islamistes

Au nord-Mali les principales villes sont désormais aux mains du MNLA et des combattants islamistes. A Tombouctou, des habitants rapportent que les islamistes de l’organisation Ançar Dine, qui se sont associés aux rebelles du MNLA, ont annoncé leur intention d’instaurer la « charia ». A Gao, des extrémistes ont mis à sac des bars et des hôtels servant de l’alcool, selon des témoins. A Kidal, un habitant a déclaré que la musique avait été interdite sur les ondes et que les vêtements à l’occidentale avaient été bannis.

Vivres, carburant et médicaments commencent à manquer à Gao. La région souffre déjà de pénuries en raison du déficit pluviométrique de l’an dernier et des combats qui ont repris à la mi-janvier. D’après un habitant, des rebelles pillent les entrepôts d’organisations humanitaires, dont ceux du Programme alimentaire mondial (Pam) et d’Oxfam.

Fin des combats

Le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé mercredi la fin des hostilités dans le nord du Mali alors que, sur le terrain, la situation se détériorait avec des viols, pillages et saccages signalés. Dans une déclaration proposée par la France, les quinze membres du Conseil de sécurité ont aussi réclamé le retour d’un gouvernement légitime à Bamako.

Pour le moment la junte menace ATT le président déchu de poursuites pour « malversations » et « haute trahison ». « Compte tenu des éléments dont nous disposons, M. Amadou Toumani Touré pourrait être l’objet de poursuites judiciaires pour haute trahison et malversation financière. Son dossier sera transmis aux autorités compétentes pour donner la suite appropriée », a affirmé le capitaine Sanogo sur les antennes de la télévision malienne.

Lire aussi :

Philippe Hugon : « L’intervention militaire au Mali n’est pas la solution »

Le Mali dans l’ombre des islamistes

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News