Deux attentats terroristes antiaméricains à Casablanca


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Après deux attentats terroristes samedi 14 avril au matin à Casablanca contre des intérêts américains, la police marocaine a marqué des points décisifs.

La journée de samedi s’est ouverte par deux explosions spectaculaires, à Casablanca, capitale économique du Maroc. Deux membres du groupe terroriste qui comprenait initialement l’homme qui s’était fait exploser dans un cybercafé du centre de Casablanca, ont en effet trouvé la mort en kamikazes, tout près de deux bâtiments représentant les intérêts américains au Maroc : le Centre culturel américain et le Consulat des Etats-Unis.

Pour mémoire trois autres kamikazes de cette même cellule terroriste se sont également donné la mort en actionnant leur ceinture d’explosifs mardi dernier, pour échapper à la police du Royaume, qui en a abattu également un quatrième.

Aucune victime innocente

Les deux bâtiments, protégés en permanence, n’étaient pas ouverts, et aucune victime innocente n’est à déplorer, dans ce quartier paisible et peu fréquenté de Casablanca. Pour autant, les cibles comme la méthode employée (l’attentat suicide) prouvent que la revendication de ces actes (Al Qaïda Maghreb) est justifiée.

« Il était vêtu d’un jeans et d’un pull noir et de vieilles espadrilles, et il avait l’air pauvre, misérable. Il s’est fait exploser à trois mètres de l’une des fourgonnettes de la police », a raconté Mohammad, 45 ans, un agent de sécurité d’une banque qui se trouve en face du consulat. « Une partie des viscères ont atterri sur une terrasse de la banque. Les Américains ont certainement filmé toute la scène avec les caméras placées à l’entrée du consulat », a-t-il ajouté. Il s’agit de Mohamed Maha, né en 1975 à Casablanca, a indiqué une source policière.

Son frère Omar Maha a continué sur le boulevard Moulay Youssef, dans un quartier chic de la métropole, et en entendant la déflagration, il a couru et s’est fait exploser devant une école privée de langue, l’American Language Center, à 150 mètres du lieu du premier attentat, a raconté un serveur de café qui a suivi la scène depuis sa terrasse. « La première fois, j’ai cru qu’il s’agissait d’une bonbonne de gaz, mais la seconde fois, j’ai compris que c’était un attentat », a-t-il ajouté. Le journaliste de l’AFP a vu des bris de verre, du sang et des morceaux de chair éparpillés aux alentours. Il s’agit de Omar Maha, frère du premier kamikaze, a indiqué l’agence Map citant une source policière.

Des arrestations décisives

Mais les faits les plus importants et peut-être les plus décisifs, dans la partie extrêmement serrée qui se joue actuellement entre Casablanca et Alger, dans l’identification et la mise hors d’état de nuire des cellules terroristes islamistes, c’est l’arrestation, survenue un peu plus tard samedi, dans le bidonville de Sidi Moumen, à Casablanca toujours, de deux hommes que la Police Marocaine présente comme les numéros 1 et 2 du Groupe de terroristes coupable de cette série d’attentats, ainsi que d’un troisième kamikaze qui avait tenté de prendre la fuite lors de leur arrestation en se débarrassant, sans l’actionner, de sa ceinture d’explosifs.

Immédiatement interrogés, les deux prisonniers ont révélé l’identité des membres de leur cellule et ils auraient annoncé la nature et la localisation de leurs futures cibles. Et leurs révélations iraient dans le sens d’une étroite collaboration entre la cellule marocaine et la cellule algérienne salafiste de l’ex-GSPC, né en 1992, et toujours actif sous le nouveau nom de baptême de « Al Qaïda au Maghreb Islamique ».

Ces révélations viennent apporter une confirmation aux intuitions exprimées vendredi par Sa Majesté le Roi du Maroc Mohammed VI, qui avait appelé à un renforcement de la coopération antiterroriste des polices du Maghreb. Un appel qui trouverait dès aujourd’hui sa réponse…

Prudence redoublée à Alger

Comme par hasard, des mesures de sécurité viennent d’être prises à Alger pour dissuader toute tentative d’attentat contre deux lieux symboliques de la capitale : la Grand Poste et le siège de l’ENTV, Radio Télévision Algérienne publique, que dirige pour son deuxième mandat le grand journaliste et homme politique Habib Chawki Hamraoui. L’image de l’ENTV, qu’il a tournée vers la modernité, ne peut que déplaire aux activistes islamistes.

A nos confrères algériens, à nos confrères marocains, nous voulons dire immédiatement notre entière solidarité de journalistes et notre détermination à mener avec eux l’indispensable lutte pour la liberté de l’information, au Maghreb comme partout où on tenterait de nous menacer ou de nous intimider.

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