Des paysans camerounais contre une société française


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Des agriculteurs camerounais attaquent en justice une société d’exploitation forestière de droit camerounais et sa maison-mère, une société française. La plainte a été déposée à Paris. Une première qui devrait faire des émules.

Sept paysans camerounais ont déposé plainte contre une entreprise française. Epaulés par l’association Les Amis de la terre, des agriculteurs de la région de Miatta (Province du Sud, à 300 km de Yaoundé) accusent la Société forestière et industrielle de la Doumé (SFID), société de droit camerounais, et sa maison-mère française, la société Rougier, de destruction de biens appartenant à autrui, faux et usage de faux, escroquerie, corruption de fonctionnaire et recel.

 » C’est en 2000, après une étude sur les initiatives locales en gestion forestière que nous avons constaté des activités illégales menées dans la région par la SFID « , explique Frédéric Castelle des Amis de la Terre.  » Cette société pratique ce qu’on appelle des  » coupes villageoises « . Les industriels font recenser les essences qui les intéressent par les paysans en faisant valoir des concessions souvent illégales. Ils paient 2 000 F cfa le m3 de bois, un prix dérisoire. Une fois le recensement fait, ils imposent l’exploitation forestière aux habitants qui n’ont pas le choix. C’est une pratique très courante dans la région qui touche bien plus d’agriculteurs que les sept qui ont porté plainte.  »

Pour éviter l’impunité

En abattant les arbres, les bûcherons ont également pénétré dans les plantations des paysans, les ont exploitées sans autorisation et ont dévasté des plans entiers de cacaoyers, principale source de revenu des habitants.  » Ceux-ci ont demandé des dédommagements pour le préjudice subit et un procès-verbal, effectué par le délégué de l’agriculture, a constaté les dégâts. Les paysans ont fait appel à la justice camerounaise qui a conduit bien évidemment à un non-lieu puisque les autorités locales sont de mèche avec les industriels « , souligne Frédéric Castell.

Mais les paysans n’en sont pas restés là et ont porté leur problème devant la justice française le 22 mars dernier, en attaquant la maison-mère. Chez Rougier, on se limite à l’envoi d’un communiqué laconique qui précise que le groupe est  » un acteur de la gestion durable de la forêt tropicale en Afrique  » qui prend en compte  » les attentes sociales, économiques et environnementales « . Le Tribunal de Grande Instance de Paris doit se prononcer sur la recevabilité de cette plainte qui constitue une première aussi bien en France qu’au Cameroun. L’association Sherpa a été créée, présidée par William Bourdon, l’avocat des paysans camerounais. Pour que l’extraterritorialité dans laquelle agissent certaines entreprises ne rime plus avec impunité.

Voir le site Les Amis de la terre.

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